II Deux cavaliers ont attaqué un voyageur inconnu Au sortir de l’hiver de l’an 1558, sur la route de Fontainebleau à Paris, en avant de Melun, deux cavaliers s’avançaient péniblement. La nuit était noire ; la pluie faisait rage. Les chevaux étaient maigres et maigres étaient les cavaliers. Ils avaient faim. Ils avaient soif. Leurs justaucorps étaient déchirés, leurs bottes délabrées, leurs manteaux, troués et déteints. L’un de ces voyageurs pouvait avoir la soixantaine ; l’autre, vingt à vingt-deux ans. Le vieux se tenait à grand-peine sur sa selle, où le jeune était obligé de le soutenir. D’une main, cet homme comprimait sa poitrine où béait une déchirure par laquelle la vie s’en allait avec le sang. Il râlait par moments. Puis il se remettait à jurer. La mort, déjà, allongeait son o

