II

2751 Words
IILes paupières alourdies de l’enfant se soulevèrent, le regard un peu vague encore se posa sur les rideaux de reps vert fané. Lentement la connaissance revenait à Magdalena. Et elle se demandait où elle était, car jamais encore elle n’avait vu ces rideaux. Elle risqua un coup d’œil autour d’elle... Non, ce n’était pas la chambre pauvre et encombrée d’objets hétéroclites où elle avait vécu avec son père. Elle se trouvait dans une grande pièce aux tentures sombres et fanées, aux meubles anciens. Un jour maussade entrait par les vitres des deux fenêtres étroites, garnies de bandeaux et de pentes en tapisserie mangée par les vers. Un miroir au cadre dédoré occupait l’un des panneaux, faisant pendant à un portrait d’homme. Ce portrait attira un instant l’attention de l’enfant. Il représentait un jeune officier de dragons. Blond, l’air sérieux et doux, il avait une physionomie sympathique qui frappa aussitôt Magdalena. Mais un mouvement dans le fond de la pièce lui fit retourner la tête. Il y avait quelqu’un là, debout devant une table où l’on voyait des fioles pharmaceutiques. – Cousine Eugénia ! Ce nom passa comme un souffle entre les lèvres de l’enfant, tandis que son regard stupéfait se posait sur la femme contrefaite, vêtue de noir, qui lui tournait le dos. Oui, c’était bien cousine Eugénia, avec sa petite taille, sa colonne vertébrale déviée, sa robe austère ornée d’un simple col blanc, ses cheveux grisonnants, mal coiffés... Et cependant Magdalena l’avait vue six mois auparavant étendue, rigide, sur son lit de mort ! La stupéfaction et l’effroi envahissaient le cerveau mal éveillé de l’enfant. Elle murmura encore, mais un peu plus haut cette fois : – Cousine Eugénia, est-ce vous ? Elle avait parlé en langue polonaise. La femme se détourna brusquement et Magdalena laissa échapper une exclamation. Non ce n’était pas le visage anguleux et pâle de la cousine Wenska. L’enfant avait sous les yeux un masque hideux, couturé, violacé, à la bouche tordue comme en un perpétuel rictus. Un premier mouvement d’horreur, impossible à réprimer, ferma les yeux de Magdalena. Dans le silence de la chambre, une voix s’éleva sèche et mordante : – Que dites-vous, petite ? Ne savez-vous point parler français ?... Je vous fais peur, il me semble ? Un ricanement ponctua cette dernière phrase. Magdalena ouvrit courageusement les paupières et se contraignit à regarder l’affreux visage. Elle rencontra des yeux d’un noir terne, ironiques et durs. – J’ai cru d’abord que c’était ma cousine Eugénia... Elle parlait d’une voix faible, un peu tremblante, lentement, en cherchant ses mots, car le français lui était peu familier. – ... Puis vous vous êtes retournée, et j’ai vu que... que je m’étais trompée. Elle détourna les yeux. – Allons, avouez que je vous fais horreur ! Séraphine de Grandy est habituée à cela, ma petite... Car je m’appelle Séraphine. N’est-ce pas charmant et bien choisi, avec une figure pareille ? Un rire nerveux la secoua. L’enfant la regardait avec des yeux un peu dilatés par l’effroi. Le rire s’éteignit dans un son rauque qui ressemblait à un sanglot et Mlle Séraphine se détourna brusquement pour prendre sur la table une petite fiole et une cuillère. – Il va falloir maintenant avaler la potion prescrite par le docteur, dit-elle d’un ton bref. – Le docteur ?... Quel docteur ? balbutia Magdalena. – Le médecin de Dreuzès, qui est déjà venu vous voir deux fois. Car vous avez été très malade, sans vous en douter. – Et... et papa ? Le voile qui couvrait encore son cerveau fatigué venait de s’écarter ; elle se rappelait tout : le voyage, la pénible route, le passage mystérieux, la courte scène avec l’étrangère sur le palier garni d’armures... Et surtout son père défaillant, un flot de sang à la bouche... L’interrogation jaillissait, éperdument angoissée. Une vague émotion passa dans le regard de Mlle Séraphine. – Votre papa ?... Ne vous inquiétez pas... Il est très tranquille, très heureux. – Où est-il ? Je veux le voir ? Et l’enfant se dressait brusquement sur le lit. – Ce n’est pas possible... Allons, recouchez-vous et restez bien tranquille. – Dites-moi où il est, murmura Magdalena en joignant les mains. Mlle Séraphine hésitait visiblement... Magdalena sursauta et dans son regard l’angoisse devint plus vive encore. – Il est mort ?... Dites, papa est mort ? – Allons, allons, ne vous agitez pas ! C’est le plus heureux pour lui, voyez-vous. Il est au moins tranquille maintenant, délivré de la vie. Il y en a qui souhaiteraient bien d’être à sa place ! Tout en parlant, Mlle Séraphine se rapprochait et prenait une des mains de l’enfant entre les siennes, longues et fines. Magdalena se laissa retomber sur le lit en étouffant un sanglot. Elle connaissait bien peu son père, elle n’avait trouvé chez lui aucune réelle affection ; mais son âme avide de tendresse et de dévouement s’était déjà attachée à lui. Cette âme timide, habituée à se comprimer près de la cousine Wenska, bonne au fond mais détestant toute sensibilité, n’avait jamais osé se révéler devant la froideur de Roland et elle avait souffert profondément de cette indifférence paternelle qui ne se dissimulait guère. Maintenant, c’était fini, il avait disparu pour toujours ce père silencieusement aimé. Magdalena avait l’impression de se trouver dans un terrifiant désert sans appui, sans protection. – Papa !... oh ! papa, je veux aller avec vous ! gémit-elle en se tordant les mains. Mlle Séraphine marmotta : – Je pense que ce serait en effet le meilleur pour vous. Pendant toute cette journée, l’enfant demeura plongée en une pénible somnolence, à travers laquelle passaient de douloureuses visions. Elle aperçut vaguement un visage encadré de cheveux sombres qui se penchait vers elle ; comme en un rêve, elle entendit un bruissement soyeux et une douce voix harmonieuse qui semblait donner des instructions à Mlle Séraphine. Mais quand une main souple et froide se posa sur son front, elle sursauta et se mit à gémir. La voix douce dit alors : – La fièvre semble revenir. Elle emportera cette enfant, qui paraît bien délicate. – La prédiction faite ainsi ne se réalisa pourtant pas. Magdalena se remit lentement, soignée par Mlle Séraphine qui ne négligeait aucune prescription du médecin. Mais l’enfant demeurait morne et tristement songeuse. Elle ne s’inquiétait pas de ce qui adviendrait d’elle, ni même ne s’informait du lieu où elle se trouvait. Mlle de Grandy, taciturne et revêche, n’essayait pas de changer le cours des idées de l’orpheline. Elle lui parlait pour ce qui avait trait à sa santé et, hors de là, la laissait à ses pensées douloureuses. Depuis que Magdalena allait mieux, elle prenait ses repas avec Mlle Séraphine. Une vieille servante coiffée d’un mouchoir violet venait deux fois par jour mettre le couvert sur une petite table, dans cette chambre qui constituait tout le logement de Mlle de Grandy, et apportait ensuite un repas simple mais substantiel. Elle ne parlait pas à l’enfant, mais celle-ci rencontrait parfois son regard curieux et quelque peu malveillant. Un soir, comme Mlle Séraphine se levait de table, Magdalena demanda, d’une voix assourdie par l’émotion : – Mademoiselle, où a-t-on mis papa ? – Au cimetière de Dreuzès. – Pourrai-je y aller un jour ? Le froid regard de la vieille demoiselle s’adoucit un peu devant la supplication des beaux yeux qui se levaient sur elle. – Oui. Certainement, je vous y conduirai quand vous serez assez forte pour faire le trajet. En attendant, il va falloir commencer à sortir un peu. Demain, vous viendrez faire un petit tour dans le parc. Magdalena, sans mot dire, se leva pour suivre Mlle de Grandy dans la pièce où étaient disposés la table à ouvrage, le métier à broder et le siège favori de la vieille demoiselle. L’enfant demeura un long moment pensive, considérant les renoncules qui parsemaient le satin blanc tendu sur le métier. Puis elle se tourna vers Mlle Séraphine occupée à ranger des soies dans une corbeille. – Où sommes-nous ici ? – Au château de Cadeilles, ma petite. – Au château de Cadeilles ?... Chez l’oncle de papa ? – Oui, c’est cela... Votre père ne vous avait-il pas dit où il vous amenait ? – Oh ! si ! mais comme cet oncle si méchant refusait de le recevoir, je ne pensais pas qu’il m’aurait gardée chez lui... Pourtant, c’est lui qui est cause de la mort de papa ! Mlle Séraphine se pencha vers la fillette. – Comment cela ? Racontez-moi ce qui s’est passé. En s’interrompant parfois quand l’émotion la dominait trop fortement, Magdalena fit le récit de cette courte scène dont le souvenir devait lui demeurer ineffaçable. La vieille demoiselle écoutait avec un visible intérêt, et parfois, une singulière lueur éclairait ses yeux ternes. – Et papa était très fâché contre cette femme qui l’empêchait de passer. C’est ce qui lui a fait du mal, conclut l’enfant dans un sanglot. – Il faudrait donc accuser de sa mort votre cousine Vincente, en ce cas, dit sardoniquement Mlle Séraphine. – Elle, et puis l’oncle, car s’il ne lui avait pas dit d’avance qu’il ne recevrait jamais papa, elle n’aurait pas pu l’empêcher d’entrer. – Votre raisonnement est parfait, petite fille ! Un rire sourd accompagnait cette phrase. Puis Mlle Séraphine se mit à ranger ses soies. Mais elle s’interrompit tout à coup en prêtant l’oreille à un bruit de talons sur le sol dallé. D’un geste hâtif, elle saisit un voile gris toujours déposé à portée de sa main et le jeta sur son visage. – Voilà Mme de Movis ! chuchota-t-elle. Ce nom ne disait rien à Magdalena. Mais elle reconnut aussitôt celle qui apparaissait au seuil de la chambre, vêtue de soie noire, comme le jour où Roland de Norhac avait franchi pour la dernière fois le seuil de la demeure ancestrale. Instinctivement l’enfant se recula un peu. – On croirait que je vous fais peur, petite fille ? dit la douce voix déjà entendue. Tout en parlant, Vincente avançait dans un bruissement de soie. Magdalena se raidit pour ne pas reculer encore. – Vous voilà tout à fait bien, paraît-il ? continua la jeune femme, après avoir tendu la main à Mlle Séraphine, d’un geste à la fois gracieux et protecteur. Je ne pensais pas vous voir remise si vite, car vous êtes de constitution bien frêle, votre mère étant de santé délicate, je crois, et votre père... le pauvre ! Dans l’âme de Magdalena surgit une soudaine révolte. La voix de l’enfant s’éleva frémissante : – C’est vous... c’est vous... Deux yeux gris, doux et brillants, l’enveloppèrent d’un regard de pitié. – Ma pauvre petite, je voudrais pouvoir effacer de votre esprit le souvenir de cette scène provoquée par votre malheureux père ! Je ne pouvais agir autrement, hélas !... Mais nous ferons pour vous tout le possible. D’un mouvement souple, Vincente se tourna vers Mlle Séraphine, dont le visage demeurait complètement voilé. – Je vais lui chercher une pension convenable où elle recevra une instruction suffisante pour lui permettre de gagner sa vie, plus tard, puisqu’elle ne possède absolument rien. Jusque-là, ma cousine, je la laisserai à votre surveillance, n’est-ce pas ? – Oui, je continuerai de m’en occuper. Elle n’est pas bien gênante, maintenant qu’elle va mieux. Mme de Movis se tourna de nouveau vers Magdalena et sa main s’étendit pour attirer à elle la petite fille. Celle-ci frémit un peu, mais ne résista pas à cette petite main ferme, presque dure sous son apparence délicate. Les yeux gris se plongèrent dans les siens et l’enfant dut faire un effort pour ne pas fermer les paupières, tant ce regard lui causait de malaise. – Dites-moi, petite... Mais d’abord, apprenez-moi votre nom ? – Magdalena de Norhac. – Oui, oui, je sais... Un pli léger se formait sur le front blanc et uni de la jeune femme. – Je ne vous demande que votre prénom... Eh bien, dites-moi donc, Magdalena, comment vous avez pu entrer dans le château. La grille devait être fermée, aucun des domestiques ne vous a vus, votre père et vous... Magdalena n’avait pas oublié la recommandation de son père. Résolument, en soutenant le regard brillant de Vincente, elle répondit : – Je ne peux pas vous le dire, madame. La jeune femme eut un froncement de sourcils. – Allons donc, que signifie cette impertinente réponse ? Donnez-moi immédiatement l’explication que je vous demande. – Non, papa me l’a défendu. – Et moi, je vous l’ordonne. La voix douce devenait dure, la jolie main blanche serrait le frêle poignet de l’enfant. – Non, non ! dit encore Magdalena. – Vous ne voulez pas ? Prenez garde ! Quelques jours de cachot, au pain et à l’eau, vous auront vite fait réfléchir, enfant insoumise. – Vous ne songez pas, Vincente, que Roland a dû simplement passer par la petite porte du parc, dont il avait sans doute emporté la clef en partant d’ici pour la dernière fois ? Comme la serrure n’a pas été changée depuis lors, il a pu s’en servir comme autrefois. C’était Mlle Séraphine qui émettait cette idée. Vincente réfléchit un instant. – Oui, c’est plausible, déclara-t-elle enfin. Mais pourquoi cette petite sotte ne veut-elle pas le dire ? Et elle secoua durement le bras de l’enfant... – Papa m’a défendu... répéta Magdalena. Vincente haussa les épaules et lâcha le bras meurtri. – Vous êtes une ridicule petite créature. Pour cette fois, je veux bien vous pardonner votre entêtement ; mais je vous avertis que j’exigerai de vous une docilité absolue. Je me charge de votre éducation, de votre avenir, il est donc bien juste que je trouve chez vous l’obéissance la plus stricte... Bonsoir, ma cousine. Elle pivota sur les talons et sortit de la chambre, y laissant un pénétrant parfum d’œillet rouge. Mlle Séraphine enleva son voile et regarda Magdalena. L’enfant avait les yeux secs, mais sa poitrine semblait soulevée par des sanglots. – Allons, ne vous tourmentez pas ! dit la vieille demoiselle d’un ton plus doux qu’à l’ordinaire. J’ai réussi à arranger votre petite affaire, et j’espère qu’elle ne vous tracassera plus à ce sujet. Si vous avez un secret, gardez-le... Voyons, ne prenez pas cet air de martyre ! Vincente n’est pas précisément un ange, et il vous faudra marcher selon son idée... Mais enfin, vous pouvez encore vous estimer heureuse qu’elle se charge de vous. L’habituel rictus de Mlle Séraphine semblait s’accentuer en ce moment. Mais Magdalena ne s’en aperçut pas. Silencieusement, en renfonçant les larmes qui tout à coup venaient à ses yeux, elle s’assit sur une petite chaise basse près de Mlle de Grandy. Celle-ci lui tendit un écheveau de soie en lui disant de le débrouiller. Et pendant quelque temps le silence fut rompu seulement par le tic-tac de la pendule ancienne. Quand Magdalena eut fini sa besogne, elle tendit l’écheveau à la vieille demoiselle. Dans ce mouvement, elle fit tomber le voile gris jeté sur le bras du fauteuil. Elle se pencha pour le ramasser et le tendit à Mlle Séraphine qui venait de terminer le rangement de ses soies... – Mettez-le sur la table là-bas, ma petite. Je n’en aurai plus besoin ce soir, puisque Vincente est venue. Et, répondant au regard surpris, interrogateur de Magdalena, elle ajouta : – Vous vous demandez pourquoi je cache mon visage pour elle ? C’est qu’elle n’a jamais pu souffrir de le voir. Ses nerfs délicats ont toujours été incapables de supporter ce spectacle. Un rire ponctua ces derniers mots – un rire sarcastique et déchirant qui fit frissonner Magdalena. – ... D’ailleurs, ici, il n’y a que la vieille Maria et vous à qui je me laisse voir. Je ne me soucie pas d’exciter l’horreur. Comme vous êtes constamment avec moi, je ne pouvais cependant pas rester voilée toute la journée... Vous habituez-vous un peu à moi, Magdalena. – Oh ! oui, mademoiselle ! La réponse était sincère. L’enfant s’accoutumait réellement à l’horrible laideur en face de laquelle il lui fallait se trouver du matin au soir. Mais elle ne dit pas quelle lutte elle avait dû soutenir contre ses premières répulsions. Une expression de contentement parut, pendant quelques secondes, sur la physionomie de Mlle Séraphine. La vieille demoiselle se leva, en secouant son tablier de lainage noir auquel demeuraient attachés des brins de soie jaune. – Il faut vous coucher, maintenant... Que regardez-vous là ? Sans parler, Magdalena désigna le portrait de l’officier. – Mon père ! murmura Mlle de Grandy. (L’émotion faisait un peu trembler sa voix :)... Lui n’avait pas horreur de sa pauvre Séraphine, il l’aimait malgré tout. Je n’avais pas vingt ans quand il est mort ; j’étais pauvre, j’ai dû accepter la charité de mon cousin Henri. Celui-ci était bon pour moi, mais... Elle s’interrompit et ferma un instant les yeux. – Vous avez connu papa ? demanda timidement Magdalena. – Certainement... Un beau garçon, sérieux, intelligent, un peu trop orgueilleux. Il était poli pour moi, mais je sentais bien que ma vue lui était horriblement désagréable. Un ressentiment se devinait dans le ton de la vieille demoiselle. – Il ne vous a jamais parlé de moi ? demanda-t-elle. – Il ne me parlait jamais de personne. Il m’a dit, seulement deux jours avant notre départ : « Je vais te conduire au château de Cadeilles, chez mon oncle avec qui je veux me réconcilier. » – Ah ! oui !... Mais il ne se doutait pas que la place était gardée... Et bien gardée ! marmotta Mlle Séraphine avec le ricanement qui semblait lui être habituel. Elle rencontra le regard étonné de l’enfant et, levant les épaules, dit en montrant le petit lit de fer placé à la suite du sien : – Allons, couchez-vous vite !... Qu’avez-vous à pleurer encore ? L’enfant balbutia dans un sanglot : – Je pense... À papa. Mlle Séraphine dit entre ses dents : – Je voudrais bien être à sa place, en avoir fini comme lui avec les misères de l’existence... Un de ces jours, le courage me manquera ! Voilà assez longtemps que cela dure ! Elle se détourna brusquement et alla appuyer son front contre la vitre d’une fenêtre, tandis que Magdalena, étonnée et vaguement troublée, commençait de se déshabiller. Elle se glissa dans son petit lit et se mit à faire sa prière. Il n’y avait dans cette chambre aucun emblème religieux, et à certaines paroles de Mlle Séraphine, Magdalena comprenait qu’elle n’avait aucune croyance. Aux invocations pour ses parents, elle en joignit, ce soir-là, une toute particulière pour la pauvre femme dont son cœur délicat pressentait la profonde, l’amère détresse morale.
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