Explique-moi!

Chapitre 2

La musique m'empêche de les entendre rentrer dans la chambre. Et je ne sais pas depuis combien de temps, ils sont là. Mais je pense qu'ils ont dû m'entendre chanter la chanson de Keen'v, "Explique-moi". Dès que je l'entends, je ne peux pas m'empêcher de la fredonner et surtout, je ne peux pas m'empêcher de la comparer à notre histoire. À son histoire. Le chanteur décrit exactement ce qui est arrivé à Nathan et je l'adore autant que je la déteste... Quand je réalise que je ne suis pas seul dans la chambre. Je me détourne d'eux pour ressuyer les larmes qui ont coulé le long de mes joues... Cathy me regarde avec tristesse et l'autre. D'ailleurs, je ne sais même pas comment s'appelle ce c*n. Me regarde, sourcils froncés. Je me lève et range son portable dans ma table de nuit avec mes écouteurs, je ne les regarde pas et sors de la chambre... Puis part directement prendre une douche... Chaude. Au point de m'en cramer la peau. Sous le jet, je fixe ma grande copie qui brille. Me narguant en me disant, « va s'y... T'en meurt d'envie. » Je regarde cette lame, le cœur battant... Non, je l'ai promis à ma mère, plus de conneries... Et pourtant, ce n'est pas l'envie qui me manque. Un seul petit trait et je pourrais voir ma vie ce vidé lentement... Je rage intérieurement d'être aussi faible et finis par sortir de la douche une serviette autour de la taille et retourne dans la chambre. Et oh surprise. Les deux autres sont encore là. Oh joie... Je leur tourne le dos encore une fois et tire le paravent pour m'habiller. Ma parole, il passe sa vie ici le c*n ou quoi. Il n'a pas de chambre bien à lui. Il est SDF ! Génial, un squatteur. Tout ce qu'il me fallait, Pfff... Je finis par ranger le paravent et regarde Cathy...

_ Si on me cherche. Ben, je ne suis pas là.

Je prends mon sac et sors encore une fois. Je marche dans les rues et entre dans le premier bar que je trouve...

_ Bonsoir, qu'est-ce que je vous serre ?

_ ... Un whisky... Et laisser la bouteille.

_ Mauvaise journée ?

_ Mauvaise vie.

_ Mouais, c'est le cas de tout le monde.

Il me serre et je reste planté là à regarder mon verre... J'ai promis de ne pas boire... J'ai promis de ne pas boire... Mais j'en ai envie... J'aimerais oublier le plus possible ! Alors, désolé maman... J'attrape le verre et le vide d'une traite... Je m'en serre un autre, et le vide à nouveau. Plus je bois, plus je sens les effets de l'alcool agir en moi. Mais contrairement à ce que je croyais, les souvenirs m’asseyent et je m'en verse un autre et encore un autre... Quand la bouteille et presque vide, je la finis à même le gosier et sors du bar. Titubant dans la rue, essayant de ne pas me perdre... Quand j'arrive au campus, je retourne dans ma chambre en titubant tant bien que mal. J'ai craqué... J'ai encore but plus que raisonnable... J'ouvre la porte, du moins... J'essaye d'ouvrir la porte et y arrive à la troisième tentative. Je m'avance jusqu'à mon lit et m'y effondre... Malheureusement, tout l'alcool ingurgité n'empêche pas les cauchemars de me faire chier. Et pour la centième fois, je revis cette journée... Pour la centième fois, je revis sa mort... Hurlant dans mon sommeil.

_ m***e, ce n'est pas vrai... Hey... Ana... Oh, réveille-toi !

Je sens qu'on me secoue, mais je ne veux pas me réveiller. Car dès que j'aurais ouvert les yeux, il ne sera plus là.

_ Mmm... Non.

_ p****n, Ana !! Tu m'empêches de dormir !!

J'ouvre les yeux et ce n'est pas le visage de Nat, mais celui de Cathy. Je grogne et me tiens la tête, p****n de migraine !!!

_ Et ben, je connais quelqu'un qui a la gueule de bois.

_ Ouais... Parle moins fort, s'il te plaît.

_ Si tu voulais picoler, t'aurais pu nous accompagner. C'était cool.

_ Nan, je voulais être seul.

_ T'as pris une cuite toute seule !

_ Non... Je n'étais pas seul... Nathan était avec moi.

_ Oh et c'est qui Nathan ? Ton mec ?

_ ... Non... Non, ce n'est pas mon mec... C'est... Mon frère.

_ Oh, il t'a rendu visite. C'est cool. Ben la prochaine fois, emmène le avec toi... C'est le type sur la photo ?

_ ... Ouais...

_ Il est mignon.

_ ... Je sais... Il a toujours eu un succès fou avec les filles.

Parler de lui me fait du bien... Même si elle ignore que je parle de lui au passé... Une nouvelle semaine passe et je fais tout pour ignorer mes "amis". J'entre dans mon prochain cour et suis surprise de voir le c*n s'asseoir à côté de moi.

_ La place est libre ? Dit-il en s'y installent d'office...

_ Non...

_ Les absents ont toujours tort...

_ Pfff... Tu vas me coller encore longtemps ?

_ A mais là, je ne te colle pas... Pourquoi, tu en as envie ?

_ Non, surtout pas !

Le professeur se racle la gorge et commence son cour... Après nous avoir lancées, un regarde. Quel c*n !!

« Avoue... Tu le trouves mignon. »

La voix de mon frère fait écho dans ma tête et je ferme un instant les yeux pour le chasser cette fois.

« Aller, il est plutôt beau gosse. »....

Le cours fini à peine, que je bondis hors de ma chaise pour quitter la salle. J'entends des pas me suivre. Mais je n'y prête pas attention... Je fonce hors du bâtiment et marche vers les dortoirs... À mi-chemin, je sens une main m'attrapait par l'épaule et me tourné...

_ C'est quoi ton problème au juste !

_ Mon problème, c'est que je dois avoir du miel au c*l pour que l'on me colle comme ça ! Quand vas-tu comprendre, que je veux qu'on me foute la paix !!

_ La solitude, c'est pas bon. On n'est pas fait pour vivre seul.

_ Oh, es-tu en train de me proposer de vivre avec toi ?

_ Ce n'est pas ce que j'ai dit... Mais je pense que parler peut te faire du bien.

_ J'ai déjà vu un psy... Et tu sais quoi, ça n'a servi à rien. Maintenant, si tu allais voir Cathy ou l'autre type et la gonzesse.

_ Ce n'est pas avec eux que je veux parler pour le moment, mais avec toi.

_ Écoute... Eu.

_ Tu plaisantes là... Dit-il en se retenant de rire... Ne me dis pas que tu ne connais pas mon prénom.

_ ... Bien sûr que je le connais... C'est, eu... Et puis je m'en fous de ton prénom, fou moi la paix!!

_ Le prof m'a interpellé au moins trois fois et tu ne l'as pas retenu.

Alors là, c'est la honte... Ce n'est pas que je ne l'ai pas retenu. C'est que j'en ai tellement rien à fou que j'ai zappé qui le prof appeler...

_ Peu importe, fou moi la paix...

Je lui tourne le dos et marche vers les dortoirs. Il m'énerve à me suivre...

« On peut dire qu'il est coriace. Quand il a quelque chose en tête. »

La voix de mon frère fait écho dans ma tête et je me sens encore plus énervé... Je râle en ouvrant la porte de ma chambre et en m'y engouffrant...

_ J't'ai pas demandé ton avis, donc pour une fois boucle là !

Je crie pour faire taire la voix de mon frère. Mais ce n'est pas lui qui me répond évidemment...

_ Mais je n'ai rien dit.

_ Ce n'est pas à toi que je parlais !

_ On est que tous les deux.

Je le regarde et ouvre la bouche pour répliquer. Mais je n'ai aucune réplique à lui lancer. Car il a raison. Nathan n'est pas là...

_ Oui... On est que tous les deux... Je sais.

Un voile de tristesse me traverse, réalisant à quel point je suis affreusement seul... Les larmes montent et je fais tout pour ne pas les laisser tomber face à... À lui. Nathan me manque encore plus dans ses moments-là. S'il avait été là, il l'aurait envoyé chier. Lui disant,

« Tu vois pas qu'elle en a rien à foutre de ta gueule. Alors laisse ma sœur et casse-toi... »

Je lui aurais demandé de quoi il se mêle, une fois que l'on aurait été seul. Ce qui l'aurait fait rire. Car il aurait compris qu'en fait, il me plaît et il m'aurait ensuite ému en me disant...

« Je serais toujours là pour toi. »

Mais, il ne dira rien de tout ça. L'autre c*n s'approche, puis plonge son regard dans le mien. Je n'ai pas envie qu'il s'approche davantage... Je ne sais pas ce qui est en train de se passer... Pourquoi se rapproche-t-il ?... Il ne va pas m'embrasser, tout de même...

_ Juste pour info, je m'appelle Gabin Stallen. Dit-il avant de se pencher et de frôler mes lèvres...

À si... Il m'embrasse... Je pose mes mains sur son torse, prête à le repoussé avec toute la force que j'ai... Qu'est-ce que tu attends pour le repousser...

« Tu n'en as pas envié. »

Imaginé mon frère me dire ça me fait l'effet d'une claque et je le repousse.

_ NON !... Pourquoi tu as fait ça ?

_ Parce que j'en ai envie depuis des jours. Et que j'en ai marre de te voir fuir.

_ Je ne te fuis pas ! Puisque je ne te connais pas. On n'est rien l'un pour l'autre !!

_ Outche, t'abuse. T'aurais pu dire que l'on ne se connaît que de vue.

_ Sort.

_ Non.

_ Gabin, sort de cette chambre !!

_ Ah ça, ça fait plaisir.

_ Quoi ?

_ Que tu m'appelles par mon prénom. Ça sonne bien dans ta bouche.

_ Mon poing dans ta figure ça sonnera bien aussi !!

_ Pourquoi tu me repousses. Il est clair que je te plais.

_ N'importe quoi !

_ Alors, tu vas me faire croire que quand je t'ai embrassé, à l'instant, tu n'as rien ressenti ?

_ Rien du tout. Sauf une envie de vomir.

Il me regarde et rigole, Enserrent ma taille de ses bras et se rapprochant un peu plus.

_ Rien du tout ?

_ Rien de rien.

_ Même pas des petits frissons quand je fais ça ? Demande-t-il en déposant des baisers dans mon cou.

Je ferme deux secondes les yeux. Me retenant de soupirer au contact de ses lèvres sur ma peau. Je me mords la langue pour ne pas gémir de plaisir... NON, HORS DE QUESTION !!!! Quand il redresse la tête, il me regarde un sourire satisfait sur les lèvres... Je me reprends immédiatement.

_ Tu as fini... Maintenant sort.

_ Tu te mens à toi-même depuis si longtemps, que tu es persuadé de ne rien ressentir. Mais c'est faux.

_ C'est peut-être parce que je N'AI rien ressenti. Tu ne m’intéresses pas. Il n'y aura rien entre nous. Il n'y aura jamais rien entre nous.

_ Qui de nous deux cherches-tu à convaincre ? Toi, ou moi.

_ Crois ce que tu veux, je m'en fous... Dis-je en ouvrant la porte.

_ Contrairement à toi, je sais ce que je veux. Et je finirais par te faire avouer que tu es dingue de moi.

_ Pas trop enflé les chevilles. La seule personne dingue ici, c'est toi.

_ Là-dessus, je te l'accord. Tu as raison. Je suis dingue... Dingue de toi. Dit-il avant de sortir de ma chambre.

Je râle et ferme la porte. Puis continue de râler en attrapant son téléphone, puis branchant les écouteurs. J'écoute sa musique et révise... ! Ce mec est impayable. Je me demande ce que Nathan penserait de lui... Est-ce qu'il l’appréciait ? Sûrement... Est-ce qu'il serait ami avec lui ? Très certainement... Est-ce qu'il l'empêcherait de s'approcher de moi ? Probablement... Et c'est certainement pour cette raison que je ferais exprès de me rapprocher de Gabin... Je m’assois par terre posant ma tête sur mon lit et du bout des doigts, je caresse la cicatrise qui entrave mon avant-bras... Si ma mère n'était pas revenue, elle m'aurait de nouveau lié à Nathan... Je serais avec lui depuis un an et sept mois... Mais elle est arrivée, elle a appelé les secours et c'est à l'hôpital que je me suis réveillé... Mais pendant quelques minutes, quelques heures, je ne saurais le dire. Durant ce laps de temps ou j'étais entre la vie et la mort. J'ai eu comme la sensation d'être à nouveau avec lui... Ce qui m'a valu une deuxième tentative, avec des médocs cette fois... Ou j'ai eu la même impression et où là encore maman m'a trouvé et sauvé... Après ça, elle m'a envoyé voir un psy... Dépenser une fortune pour aller voir un charlatan... Qui ne m'a pas aidé... Gabin croit pouvoir faire mieux. Mais je suis une cause perdue. Tout ce que j'attends de la vie. C'est de mourir pour retrouver mon frère... Gabin ne pourra pas m'aider. Il ne pourra rien faire pour moi. Car je suis mort le même jour que mon frère...