CHAPITRE DEUX

2956 Words
CHAPITRE DEUX Quand Caleb eut fait sortir les policiers, il ferma la porte et revint dans le salon en regardant Caitlin d'un air renfrogné. Elle ne l'avait jamais vu la regarder avec une telle colère, et elle se sentit désemparée. Elle sentit que toute sa vie se décomposait devant ses yeux. “Tu ne peux pas parler comme ça en public !” dit-il d'un ton sec. “Tu as l'air d'une folle ! Ils vont penser que nous sommes tous fous. Ils ne vont pas nous prendre au sérieux.” “Je ne suis PAS folle !” répliqua Caitlin tout aussi sèchement. “Et c'est moi que tu devrais soutenir, pas eux, et tu devrais arrêter de faire comme si tout était normal. Tu étais dans cette chambre avec moi. Tu sais ce que tu as vu. Scarlet t'a jeté au travers de la chambre. Est-ce qu’une attaque provoquerait ce genre de choses ? Ou une maladie ?” “Alors, qu'est-ce que tu dis ?” répliqua Caleb, parlant de plus en plus fort. “Cela signifie qu'elle est un monstre ? Une vampire? C'est ridicule. On dirait que tu perds le sens des réalités.” Caitlin lui répondit en élevant la voix elle aussi. “Alors, comment l'expliques-tu ?” “Il y a beaucoup d'explications”, dit-il. “Comme ?” “Peut-être que ça a quelque chose à voir avec sa maladie. Ou peut-être, comme ils ont dit, prenait-elle une sorte de d****e. Peut-être que ce gosse, Blake —” “C'est ridicule,” cracha Caitlin. “Blake est un bon gamin. Il n'est pas du style à fournir de la d****e. Et de plus, tu as vu comment elle nous a semés. Nous n'avions pas la moindre chance. Ce n'était pas normal. Ne prétends pas que tu n'as pas vu ce que tu as vu.” “Je ne vais plus écouter ce genre de choses”, dit Caleb. Il se retourna et traversa le salon, arracha son manteau militaire de la patère, le mit et le ferma rapidement. “Où vas-tu ?” demanda Caitlin. “Je vais la trouver. Je ne peux pas rester assis ici, à rien faire. Ça me rend fou. Il faut que je cherche.” “Les policiers ont dit qu'il valait mieux rester ici. Et si elle rentre pendant que tu es sorti ?” demanda Caitlin. “Dans ce cas, tu peux rester ici et m'appeler”, dit Caleb d'un ton sec. “Je sors.” Sur ces mots, il traversa le vestibule, ouvrit la porte et la claqua derrière lui. Caitlin écouta le son de ses bottes sur les marches du porche, qu'il descendit rapidement, le son du gravier qu'il traversa, puis l'entendit monter dans leur voiture et partir. Caitlin avait envie de pleurer. Elle ne voulait pas se disputer avec Caleb, surtout maintenant, mais elle ne pouvait pas lui permettre de la convaincre qu'elle perdait contact avec la réalité. Elle savait ce qu'elle avait vu, et elle savait que c'était vrai. Elle n'allait pas laisser les autres la convaincre qu'elle perdait la tête. Caitlin se retourna vers Sam et Polly, qui se tenaient là, très calmes, les yeux écarquillés de surprise. Ils n'avaient jamais vu Caitlin et Caleb se disputer. Caitlin elle-même ne s'était jamais disputée avec Caleb : jusqu'à maintenant, leur relation avait seulement été harmonieuse. Sam et Polly avaient tous deux l'air sidéré. Ils craignaient d'intervenir. Ils la regardaient aussi comme si elle était un peu folle, pas dans son état normal. Elle se demanda s'ils étaient du côté de Caleb. “J'ai l'impression que je devrais peut-être sortir et la rechercher, moi aussi”, dit Sam avec circonspection. “Deux voitures qui patrouillent dans les rues, c'est mieux qu'une seule. De plus, je ne sers à rien ici. Est-ce que ça te va ?” demanda-t-il à Caitlin. Caitlin approuva d'un hochement de tête, craignant de pleurer si elle ouvrait la bouche. Sam avait raison; il ne servirait pas à grand chose dans la maison. Et elle avait Polly. Sam se rapprocha, la serra rapidement dans ses bras puis se retourna et partit. “Je serai joignable sur mon téléphone portable”, dit-il en partant. “Appelle-moi si tu as des nouvelles.” Sam ferma la porte derrière lui. Polly alla vers Caitlin et la prit longuement dans ses bras. Caitlin la serra à son tour. C'était si bon d'avoir sa meilleure amie sur place, à ses côtés. Elle ne savait pas ce qu'elle ferait sans elle. Elles s'assirent toutes les deux l'une à côté de l'autre sur le sofa et Caitlin essuya une larme qui se formait au coin de ses yeux. Après toutes ces heures passées à pleurer, elle avait déjà les yeux rouges et à vif. Maintenant, elle se sentait seulement vidée. “Je suis vraiment, vraiment désolée”, dit Polly. “C'est un cauchemar. C'est affreux. Il n'y a pas de mots pour décrire ça. Je ne comprends pas ce qui s'est passé. Ça n'a aucun sens. Je sais que Scarlet ne s'est pas droguée. Elle ne ferait jamais ça. Et tu as raison : Blake a l'air d'être un bon gamin.” Assise là, Caitlin regardait par la fenêtre la nuit qui tombait. Elle hocha la tête d'un air absent. Elle voulait parler mais se sentait si chancelante qu'elle avait peur de fondre encore en larmes si elle essayait. “Que penses-tu de ce que la police a dit ?” demanda Polly. “Sur l'idée de contacter ses amis ? Penses-tu que c'est une bonne idée ?” Au moment où Polly le dit, Caitlin s'en souvint soudain et comprit que c'était une excellente chose à faire. Elle se creusa la cervelle, se demandant comment entrer en contact avec les amis de Scarlet. Puis ça la frappa : le téléphone de Scarlet. Elle s'était enfuie sans même s'arrêter pour l'emporter. Son téléphone devait être quelque part dans la maison. Peut-être dans son sac. Probablement dans sa chambre. Caitlin se leva du sofa d'un bond. “Tu as raison”, dit-elle. “Son téléphone. Il doit être dans sa chambre.” Caitlin traversa le salon au pas de course puis monta l'escalier quatre à quatre, suivie par Polly et Ruth. Elle se rua dans la chambre de Scarlet, vit les draps et les coussins retournés, vit la brèche dans le plâtre où Caleb avait été jeté, le point d'impact de sa propre tête, et se souvint. Ça lui rappela tous les événements et elle se sentit mal à l'aise en les revivant. On aurait dit une scène de catastrophe. Caitlin sentit une poussée de détermination en passant la chambre au peigne fin. Elle fouilla le désordre sur son bureau, sur son dressoir, puis trouva son sac suspendu à une chaise. Elle fouilla dedans, se sentant un peu coupable, et chercha son téléphone. Elle le sortit, victorieuse. “Tu l'as trouvé !” cria Polly en se précipitant vers elle. Caitlin vit que le téléphone avait encore un peu de batterie. Elle l'ouvrit. Espionner les messages de sa fille la mettait mal à l'aise mais elle savait qu'elle en avait besoin. Elle ne connaissait pas les numéros des amis de Scarlet et elle n'avait aucun autre moyen d'entrer en contact avec eux. Elle tapota sur les contacts de Scarlet, puis alla dans ses Favoris. Elle les parcourut et vit des dizaines de noms. Elle en reconnut certains et d'autres pas. “Nous devrions les appeler tous”, dit Polly. “Un par un. Peut-être l'un d'entre eux sait-il quelque chose.” Caitlin resta là, dans un état second, se sentant soudain bouleversée. Quand elle composa le premier numéro, elle remarqua que ses mains tremblaient. Polly le remarqua elle aussi; elle tendit le bras, plaça une main rassurante sur le poing de Caitlin et Caitlin leva les yeux. “Caitlin, ma chérie, tu es encore sous le choc. Laisse-moi appeler tous ces gens pour toi. S'il te plaît. Ça me donnerait quelque chose à faire. Va t'asseoir et te reposer. Tu as vécu l'enfer et tu as déjà fait tout ce que tu pouvais.” Quand Polly le dit, Caitlin sut qu'elle avait raison. Elle n'était vraiment pas dans son état normal. Elle regarda le téléphone et, un instant, oublia presque ce qu'elle faisait. Elle tendit le bras et donna le téléphone à Polly. Caitlin se retourna, sortit de la chambre et, quelques moments plus tard, elle entendit la voix de Polly, qui avait déjà quelqu'un en ligne. “C'est Heather ?” cria Polly. “C'est Polly Paine. Je suis la tante de Scarlet Paine. Je suis désolée de vous embêter mais nous cherchons Scarlet. L'avez-vous vue ?” La voix de Polly disparut lentement alors que Caitlin redescendait l'escalier. En descendant, elle se tint à la rampe. Saisie par le vertige, elle avait l'impression que le monde pourrait disparaître de dessous ses pieds. Elle entra finalement dans le salon, alla vers une grande chaise rembourrée et s'y plongea. Assise là, elle regardait par la fenêtre et son esprit s'emballait. Malgré ses meilleurs efforts, des images lui traversaient l'esprit à toute vitesse : Scarlet au lit, hurlant; son grognement; le moment où elle avait repoussé Caleb, celui où elle s'était enfuie de la maison …. Tout cela était-il réel ? Alors qu'elle s'éternisait sur ces souvenirs, elle ne put s'empêcher de penser à sa rencontre avec Aiden. A ses paroles, à son journal intime. Était-ce son journal intime qui avait provoqué tout ça ? Pourquoi avait-il fallu qu'elle aille dans ce maudit grenier ? Pourquoi avait-il fallu qu'elle aille lui rendre visite ? Si elle ne l'avait pas fait, si elle avait tout laissé en l'état, est-ce que tout ça se serait produit ? Elle pensa à l'avertissement d'Aiden, qui avait dit que Scarlet répandrait la contagion du vampirisme dans le monde entier. Tu dois l'arrêter. Caitlin resta assise là à se poser des questions. Qu'est-ce que Scarlet faisait maintenant, là où elle était ? Est-ce qu'elle se nourrissait sur les gens ? Est-ce qu'elle les transformait en vampires ? Est-ce qu'elle répandait la contagion, à l'instant même ? Est-ce que le monde redeviendrait jamais comme avant ? Est-ce que Caitlin était responsable ? Caitlin eut envie de prendre son téléphone et d'appeler Aiden. De le cuisiner. D'exiger qu'il lui dise tout, jusqu'au moindre détail. Cependant, elle ne pouvait s'y résoudre. Elle tendit le bras, tint son téléphone et quelque chose s'arrêta en elle. Elle se souvint des dernières paroles d'Aiden et elles lui infligèrent une nouvelle crise de nausée. Elle aimait Scarlet plus que sa propre vie et ne pourrait jamais envisager de lui faire du mal. Caitlin resta assise là, serrant le téléphone dans sa main, regardant par la fenêtre, entendant descendre la voix assourdie de Polly, et son esprit s'emballa. Ses paupières s’alourdirent. Elle s'endormit profondément sans s'en rendre compte. * Caitlin se réveilla et se retrouva assise seule dans sa grande maison vide. Tout était silencieux. Assise là, elle se demanda où tout le monde était parti, se leva et traversa le salon. Curieusement, tous les rideaux et toutes les tentures avaient été tirés jusqu'au bout. Elle alla vers une des fenêtres et laissa rentrer la lumière. Quand elle regarda à l'extérieur, elle vit un soleil rouge sang, mais cette fois, il avait l'air différent. On n'aurait pas dit que c'était le coucher du soleil, mais plutôt son lever. Perplexe, elle se demanda si elle avait dormi toute la nuit. Scarlet était-elle rentrée à la maison ? Et où étaient passés tous les autres ? Caitlin se dirigea vers la porte d'entrée. Pour une raison indéterminée, elle sentit que Scarlet était peut-être là en train de l'attendre. Elle ouvrit lentement la lourde porte et regarda à l'extérieur, mais tout était entièrement calme. Il n'y avait pas la moindre personne dans les rues, pas même une seule voiture en vue. Tout ce qu'elle entendait, c'était le son d'un oiseau matinal solitaire qui pépiait. Elle leva les yeux et vit que c'était un corbeau. Caitlin entendit un bruit soudain, se retourna et traversa la maison. Elle rentra dans le cuisine et chercha des traces de présence. Elle entendit un autre bruit métallique et se dirigea vers la fenêtre qui se trouvait dans le mur de derrière. Là aussi, les tentures étaient tirées jusqu'au bout, ce qui était bizarre, car Caitlin les gardait toujours ouvertes. Elle tendit le bras vers les tentures et tira sur la corde. Quand elle le fit, elle fit un bond en arrière, effrayée. Debout dehors, face à la fenêtre, était le visage pâle et blanc d'un vampire, complètement chauve, les crocs sortis et plaqués contre le verre. Il grogna et siffla quand il leva les mains et plaça les paumes contre le verre. Caitlin pouvait voir ses longs ongles jaunes. Il y eut un autre bruit soudain. Caitlin se retourna et vit le visage d'un autre vampire à la fenêtre latérale. Il y eut un son de bris de verre. Caitlin se retourna et, dans l'autre direction, elle vit encore un autre visage. Celui-ci se cogna la tête contre le verre en se moquant d'elle. Soudain, sa maison fut remplie du son du verre qui se brisait. Caitlin courut partout dans la maison et, partout où elle regarda, les murs étaient différents de ce dont elle se souvenait. Maintenant, ils étaient tous faits de fenêtres en verre et, partout où elle regardait, les tentures étaient ouvertes, les fenêtres brisées et une série illimitée de vampires y passaient la tête. Caitlin courut de pièce en pièce, vers la porte d'entrée, essayant de s'enfuir pendant que de plus en plus de fenêtres se brisaient. Elle atteint la porte d'entrée, l'ouvrit brutalement et s'arrêta net. Scarlet se tenait en face d'elle, une expression implacable dans les yeux. Elle lança un regard furieux à Caitlin, l'air plus morte que vive, complètement blanche et avec un regard féroce rempli du désir de tuer. Ce qu'il y avait d'encore plus choquant, c'est qu'une armée de milliers de vampires se tenait derrière elle et qu'ils attendaient tous de la suivre, de se ruer dans la maison de Caitlin. “Scarlet ?” demanda-t-elle, entendant la peur dans sa propre voix. Mais avant qu'elle puisse réagir, Scarlet grimaça, se pencha en arrière et se jeta sur Caitlin, ses crocs visant directement sa gorge. Caitlin se réveilla en criant et en se redressant dans sa chaise. Elle se mit la main à la gorge, la frotta d'une main pendant qu'avec son autre main elle essayait de repousser Scarlet. “Caitlin ? Ça va ?” Après plusieurs secondes, Caitlin se calma, leva les yeux et comprit que ce n'était pas Scarlet. C'était Sam. Elle fut d'abord désorientée, puis, à son grand soulagement, elle comprit qu'elle s'était endormie. Ce n'était qu'un cauchemar. Caitlin resta assise là, ayant peine à respirer. Sam et Polly se tenaient au dessus d'elle. Sam lui avait posé une main sur l'épaule et avait l'air préoccupé. Les lampes étaient allumées et Caitlin vit qu'il faisait noir dehors. Elle jeta un coup d’œil à l'horloge comtoise et vit qu'il était minuit passé. Elle avait dû s'endormir dans la chaise. “Ça va ?” redemanda Sam. Maintenant, Caitlin était gênée. Elle se redressa et s'essuya le front. “Désolé de te réveiller mais on aurait dit que tu faisais un cauchemar”, ajouta Polly. Caitlin se leva lentement et fit les cent pas, essayant de se débarrasser de l'affreuse vision de son rêve. Ça avait eu l'air tellement réel qu'elle sentait presque encore la douleur à l'endroit de sa gorge où elle avait été mordue par sa propre fille. Mais ce n'était qu'un rêve. Il fallait qu'elle se le répète. Rien qu'un rêve. “Où est Caleb ?” demanda-t-elle en se souvenant. “Avez-vous des nouvelles ? Qu'ont donné les appels ?” L'expression du visage de Sam et de Polly lui dit tout ce qu'elle avait besoin de savoir. “Caleb est encore à sa recherche”, dit Sam. “J'ai arrêté il y a environ une heure. Il est assez tard, mais nous voulions te tenir compagnie jusqu'à ce qu'il rentre à la maison.” “J'ai appelé tous ses amis”, intervint Polly. “Jusqu'au dernier. Je les ai presque tous eus au téléphone. Personne n'a vu ou entendu quoi que ce soit. Ils étaient tous aussi surpris que nous. J'ai même réussi à avoir Blake mais il dit qu'il n'a reçu aucune nouvelle d'elle. Je suis vraiment désolée.” Caitlin se frotta le visage en essayant de se débarrasser de ce qui lui encombrait l'esprit. Elle avait espéré que, quand elle se réveillerait, elle constaterait que rien de tout ça n'avait été réel. Que Scarlet était de retour à la maison, en sécurité. Que la vie était redevenue normale. Mais voir Sam et Polly se tenir là, dans sa maison, après minuit et avec l'air tellement préoccupé lui rappela tout. Tout cela était réel. Trop réel. Scarlet avait disparu et pourrait ne jamais revenir. Cette prise de conscience frappa Caitlin comme un coup de couteau. Elle avait peine à respirer quand elle y pensait. Scarlet, sa fille unique. La personne qu'elle aimait le plus dans la vie. Elle ne pouvait imaginer vivre sans elle. Elle voulait se ruer à l'extérieur, dans chaque rue, crier, hurler que ce n'était pas juste. Cependant, elle savait que ça ne servirait à rien. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était rester assise là et attendre. Soudain, il y eut un bruit à la porte. Ils se levèrent tous les trois d'un bond et regardèrent en espérant. Caitlin courut à la porte en priant pour voir le visage familier de sa fille adolescente. Mais elle fut déçue de constater que ce n'était que Caleb qui rentrait à la maison, l'air sombre. Elle fut encore plus déçue quand elle le vit. Il était clair qu'il n'avait rien trouvé. Elle savait que c'était en pure perte mais elle le demanda de toute façon : “Alors ?” Caleb regarda par terre et secoua la tête. Il avait l'air d'un homme brisé. Sam et Polly échangèrent un regard puis se rapprochèrent de Caitlin et se serrèrent dans les bras les uns des autres. “Je reviendrai tôt dans la matinée”, dit Sam. “Appelle-moi si tu as des nouvelles. Même si c'est au milieu de la nuit. Promis ?” Caitlin approuva d'un hochement de tête, trop bouleversée pour parler. Elle sentit Polly la serrer dans ses bras et elle la serra à son tour puis serra son petit frère. “Je t'aime, sœurette”, dit-il par dessus son épaule. “Tiens le coup. Elle sera OK.” Caitlin s'essuya les larmes et regarda Sam et Polly sortir par la porte. Maintenant, il ne restait qu'elle et Caleb. D'habitude, elle était ravie d'être seule avec lui, mais après leur dispute, elle se sentait nerveuse. Elle voyait que Caleb était perdu dans son propre monde de misère et de regret; elle sentait aussi qu'il lui en voulait encore d'avoir fait part de ses théories à la police. C'était plus que Caitlin ne pouvait en supporter. Elle comprit qu'elle avait gardé quelque espoir pour le retour de Caleb, avait un peu espéré qu'il rentrerait le pas léger et annoncerait quelque chose, quelques bonnes nouvelles. Mais le voir rentrer avec cet air-là, avec rien, rien du tout, la ramenait durement sur terre. Scarlet avait été absente toute la journée. Personne ne savait où elle était. Il était plus de minuit et elle n'était pas rentrée. Elle savait que c'était mauvais signe. Elle ne voulait même pas envisager toutes les possibilités qui en découlaient mais elle savait que c'était très, très mauvais signe. “Je vais me coucher”, annonça Caleb, qui se retourna et monta fièrement l'escalier. Caleb disait toujours “bonne nuit”, lui demandait toujours de venir se coucher avec lui. En fait, Caitlin ne se souvenait d'aucune nuit où ils n'étaient pas allés se coucher ensemble. Maintenant, il ne demandait même pas. Caitlin revint s'asseoir dans sa chaise dans le salon et y resta, écouta le bruit de ses bottes résonner dans l'escalier et entendit la porte de leur chambre se refermer derrière lui. C'était le son le plus solitaire qu'elle ait jamais entendu. Elle fondit en larmes et pleura sans savoir combien de temps. Finalement, elle se roula en boule et pleura dans l'oreiller. Elle se souvint vaguement de Ruth venant essayer de lui l****r le visage, mais tout était flou parce que, bientôt, le corps secoué de sanglots, elle tomba dans un sommeil profond et agité.
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