IX L’homme et la femme Guern en voyageCette même nuit, ou plutôt le soir précédent, vers huit heures, au moment où Antoine Legagneur et Bastien Lethil concluaient leur marché de cent arpents en face de l’étrange escalier des sept lacs, étageant leurs nappes d’eau au-dessus de la vallée d’Orval, Jean Guern et sa femme cheminaient côte à côte dans un des chemins de traverse qui mènent de Stenay à la frontière belge. Jean Guern et sa femme allaient, frappant le sol de leurs longs bâtons et affectant ce pas militaire qui était leur allure habituelle, mais ils étaient bien las, cela se voyait. La haute taille du bonhomme se courbait et Julienne disait parfois : – La Victoire, nous n’avons plus nos jambes de quinze ans ! Il y avait déjà longtemps de cela. Jean Guern répondait avec sa grave g

