Elena
Dos collé à la porte de ma chambre d'hôtel, la main sur ma poitrine, j'essaie de calmer mes palpitations cardiaques. Tout mon corps continue de trembler, et mon cœur... il bat très vite. Je ferme les yeux et souffle à plusieurs reprises, espérant me calmer.
Je ressasse à ce b****r malgré moi. Je ne veux pas y repenser, mais je ne peux pas non plus contrôler mes pensées. Mon souffle se coupe encore une fois lorsque je revois ses lèvres posées sur les miennes. Ce nœud qui s'est formé dans mon estomac depuis tout à l'heure refuse de disparaître.
Je porte mes doigts frissonnants sur mes lèvres et une multitude de larmes se mettent à pleuvoir sur mes joues. J'ai tenté de les retenir, j'ai essayé de contenir mes émotions. Malheureusement, ce qui se passe en ce moment est au-dessus de mes forces.
Je vais m'asseoir au bord du lit, pleurant silencieusement. Pourquoi Adrian m'a embarrassé ? Pourquoi a-t-il fait ça ? Qu'est-ce qu'il me veut au juste ? Je n'arrive plus à le suivre. Une minute, il me blesse par ses propos et la minute suivante, il m'embrasse. Serait-il entrain se moquer de moi ? Croit il que je suis à sa merci ?
Toutes ces questions commencent à me tracasser l'esprit. J'expire encore une fois de plus et d'un geste décidé, je me relève du lit et fixe la porte de ma chambre d'hôtel avec colère. Il faut que je remette Adrian à sa place. Il doit savoir que le monde ne tourne pas autour de lui et qu'il ne peut pas agir comme bon lui semble envers moi. Je ne suis pas un jouet et encore moins son jouet à lui.
Je renifle une dernière fois, essuie mes larmes et sors de la chambre.
Sans toquer à sa porte, je fais tourner le poignet de sa chambre et celle-ci s'ouvre immédiatement. Je m'enfonce à l'intérieur avec le sang qui bouillonne.
___ « Je peux savoir ce qui t'a pris de m'embrasser ? » dis-je en criant, mettant pied dans sa chambre.
Il est juste assis au bord de son lit, sa veste qui traîne à côté de lui sur le lit. Il relève tout doucement sa tête, puis vient planter son regard impassible dans le mien. Je le défie du regard alors qu'une de mes jambes danse frénétiquement. Ma gorge se serre de peur de tout foutre en l'air après ce que je m'apprête à lui faire comprendre.
Je prends mon courage et avance jusqu’à lui, tout en maintenant son regard qui ne laisse rien paraître.
___ « Tu crois que je suis ton jouet ? Que tu peux m'embrasser quand ça te chante ? Hein ? » reprends je.
Il ne sourcille même pas. Il ne fait juste que me fixer avec une certaine impossibilité déconcertante et cela me met encore plus en rogne.
___ « Je sais que tu fais tout ça pour me tester, mais laisse moi te dire une chose. »
Je fais une petite pause et renfrogne ma mine pour le mettre en garde et pour qu'il me prend au sérieux.
___ « Je ne suis plus celle que tu as connu, Adrian. Et je veux plus que cela se répète, je veux que tu restes loin de moi. » termine je.
Il continue de me regarder, la mâchoire contractée, je l'entends émettre un léger soupir. Je lui assassine du regard une dernière fois et me tourne pour m'en aller.
___ « Nous rentrons demain matin. Sois prête ! » l'entends je répondre derrière moi, d'une voix calme.
Je fais claquer la porte de sa chambre en sortant.
***
Pendant tout le trajet du vol de retour à Monaco, Adrian ne m'a adressé aucun mot. Je dirais même qu'il était distant, froid et s'en fichait de moi. Je n'ai pas non plus forcé la communication, après tout j'avais réussi ce pourquoi j'étais là : Décrocher le contrat avec Louis Rey.
Nous atterrissons à l'aéroport le plus proche, étant donné que Monaco n'a pas d'aéroport international, je me dépêche de prendre mon téléphone. J'ai demandé à Anna de passer me chercher, parce que je ne supporterai pas une minute de plus aux côtés de ce type.
___ « Allô ! Anna, t'es déjà là ? »
___ « Ça fait une bonne dizaine de minutes que je suis là. »
Je ferme les yeux, respire grandement, soulagée de savoir que je n'aurai pas à supporter la présence d’Adrian. Je raccroche, traînant ma valise derrière moi, à la recherche d'Anna. Adrian est au téléphone, je ne prête pas attention à ce qu'il dit. De toutes façons, un hélicoptère doit l'attendre.
Je parviens à retrouver Anna. Elle vient m'aider avec ma valise qu'elle range sans plus attendre dans le coffre de sa bagnole. Puis, elle revient me prendre dans ses bras et nous nous serrons très fort l'une contre l'autre. Je me sens à nouveau légère comme une plume dans ses bras. C'est comme si je viens d'être débarrassée d'un lourd fardeau.
___ « Tu m'as manqué ma chérie. »
___ « Toi, aussi tu m'as manqué Anna. »
Nous nous désenlaçons et je ramène une mèche de cheveux derrière mon oreille. Mon amie me prend les mains et me scrute.
___ « Ça va ? Pas trop fatiguée, j'espère ? »
___ « Ne t'inquiète pas, je vais bien. On a réussi à décrocher ce contrat. » lui raconte je.
Elle me sourit gentiment. Je la vois regarder derrière moi, je me retourne par curiosité et tombe sur Adrian qui discute avec Louise. Cette dernière se jette dans ses bras, puis s'éloigne un peu de lui. Ses mains se baladent un peu partout sur lui, dans ses cheveux, sur son visage et sur ses épaules aussi. Elle parle avec un grand sourire.
Lorsqu'ils tournent leurs regards sur nous, elle me fait agiter sa main dans ma direction en guise de salutation. J'incline faiblement la tête et me force à lui sourire. Adrian détourne son regard de moi pour le ramener sur Louise. Je le vois lui sourire, il fait glisser sa main sur sa joue et la caresse. Je les observe encore quelques secondes puis roule des yeux et reporte mon attention sur Anna. Ma gorge se serre et je commence à avoir des nausées.
___ « Laisse-moi deviner. » dit Anna, en les observant encore.
Je soupire tout simplement.
___ « L'un est Adrian, ton ex fiancé et l'autre Louise. »
___ « C'est ça. Allez, on y va ! » dis-je, pressée de m'éloigner d'eux.
___ « Tu crois qu'ils sortent ensembles ? » insiste Anna.
Je lui adresse un regard blasé.
___ « J'en sais rien et si c'est le cas aussi, tant mieux ! »
Je m'enfonce dans le siège passager, mets ma ceinture et lutte contre mon envie de regarder Adrian et son amie. Je ferme les yeux et pose ma tête sur l'appuie tête, luttant de ne pas les regarder.
Anna tarde et j'ouvre mes yeux, et remarque qu'elle n'est pas dans la voiture. Je la cherche du regard à travers la vitre et l'aperçois qui revient de nulle part. Je fronce les sourcils d'incompréhension.
___ « Où étais-tu allée ? » lui interrogé je dès qu'elle entre dans le véhicule.
___ « J'étais allée leur proposer de les ramener, mais un helico est là pour les ramener. Je ne savais pas qu'en plus d'être si beau, il était plein aux as. »
Je reste muette, abasourdie par son idée de leur proposer son aide. Elle finit de mettre sa ceinture et démarre sa voiture.
___ « Qu'est-ce qui t'a pris d'aller leur parler ? Adrian va se mettre à penser des choses... Il va croire que je suis jalouse ou... » m'affole je.
___ « Parce que tu ne l'es pas ? » m'interrompt Anna.
Je reste immobile et perds ma voix. Elle fait vaciller son regard entre le trajet et moi. Je sens mes joues s'échauffer sous les regards moqueurs de mon amie.
Moi, jalouse ?
___ « Tu racontes du n'importe quoi. Pourquoi je serai jalouse ? J'ai tourné la page et lui aussi, il a le droit de refaire sa vie. » réplique je, avec un peu d'agressivité.
Anna rigole en fixant la route.
___ « Qu'est-ce qui te fait rire ? »
Elle tourne son regard sur moi, me sonde et ramène son regard devant elle tout en conduisant.
___ « Rien. Tu es juste drôle, Elena. »
Je la foudroie du regard et elle éclate de rire. Je roule des yeux et croise mes bras sur ma poitrine sans rien ajouter.