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2040 Words
Elena J'ouvre péniblement les yeux et cache mon visage avec la paume de ma main à cause des rayons solaires qui pénètrent dans ma chambre. Je me redresse avec difficulté, me rappelant que je n'ai pas tiré les traverses hier soir avant de dormir. J'étais tellement épuisée et la fatigue est toujours là. Tous mes muscles sont tendus, j'ai mal un peu partout comme si j'avais fait des pompes. Je porte une main sur mon cou, le masse en tournant plusieurs fois ma tête pour réduire le niveau de fatigue. Puis, je jette un coup d'œil sur l'horloge posée sur ma table de chevet. J'ai encore plus d'une heure pour me préparer et être au bureau. Je sors du lit et me rends dans la salle de bain. Je sors de ma chambre après avoir rincé mon visage et brossé mes dents. J'avise Anna qui se tient près de la grande fenêtre avec une tasse de café à la main. ___ « Bonjour, Anna. » lance je en me rendant à la cuisine. ___ « Bonjour, Elena. » Je vais me servir du café et reviens au salon. Je m'affale sur le canapé en soufflant de fatigue. Habillée aussi d'un pyjama, elle se retourne vers moi et s'adosse au mur. ___ « T'es rentrée tard, hier soir. » remarque t'elle. Je me redresse avec le peu de force qu'il me reste et me débarrasse de mes chaussures. ___ « En effet. Nous avons une publicité d'un produit à faire et je te raconte pas comment c'est pénible d'être celle qui fait tout. » reponds je entre deux gorgées de mon café. Je me renfrogne à nouveau dans le canapé et baille. Tout mon corps est alourdi par la fatigue et j'ai juste envie d'une chose : me reposer encore. Anna quitte près de la fenêtre et vient vers moi. ___ « T'es matinale, aujourd'hui. » rajouté je, en buvant mon café. ___ « Matinale ? Tu dis ça parce que t'es morte de fatigue. » rigole t'elle en prenant place à côté de moi. Je baille encore et elle remue juste sa tête, amusée. Elle dépose sa tasse de café sur la table, se rassoit confortablement et croise ses mains sur ses cuisses. ___ « Tu n'as rien à me dire ? » Je lève un sourcil en sa direction et avise mon amie qui me sonde comme si elle attendait des explications. Je fronce les sourcils d'incompréhension. ___ « De quoi tu parles ? » ___ « Je vous ai vu hier soir, Adrian et toi. » Je lâche juste un soupir. J'ai cru qu'elle me parlerait d'un sujet sérieux... Je pose aussi ma tasse de café et me retourne avec légèreté sur le canapé, ajustant ma position avec nonchalance. Mon coude vient se poser sur le dossier, tandis que j'appuie ma tête contre la paume de ma main, de façon désinvolte. ___ « Il est juste venu me déposer, rien de plus. » ___ « Et pourquoi j'ai l'impression que tu me caches quelque chose ? » reprend t'elle d'une toute petite voix. ___ « Je te cache rien et tu le sais. On a terminé tard au bureau, il n'y avait que nous deux. J'ai voulu rentrer et il a insisté pour me ramener. J'ai voulu m'y opposer mais il était catégorique. » lui raconte je en gesticulant. Elle me fait un regard en biais. ___ « Et vous n'avez pas discuté ? » Je souffle d'exaspération en me levant. Je ramasse ma tasse de café et me dirige vers la cuisine. ___ « Je ne sais pas ce que tu t'es mise dans la tête, mais vaux mieux que tu redescendes sur terre. » siffle je. ___ « Je parie que vous avez discuté pleinement et... » ___ « Et rien ? On a discuté, oui. Mais c'était juste une discussion entre... » ___ « Une discussion entre ? Patron et employée ou encore deux personnes qui se sont aimées et qui s'aiment encore mais qui jouent aux idiots ? » me nargue t'elle en riant. Elle apparaît derrière le comptoir de la cuisine et me fait face. Elle s'assoit sur l'une des chaises alors que je nous fais le petit déjeuner. J'expire grandement, ne la supportant plus. ___ « C'était une discussion entre deux ex qui ont tourné la page. Ça te va ? » Elle hausse les épaules. ___ « Si tu insistes là-dessus. J'oubliais, j'ai une super bonne nouvelle pour toi. » Je nous sers le petit déjeuner en la sondant, me demandant ce qu'elle manigance encore. Je reste à l'intérieur de la cuisine et elle, à l'extérieur. ___ « Je t'écoute. » dis-je en mangeant. ___ « J'ai retrouvé le type, le fantôme. » Je me fige. Anna arbore un sourire fier en mangeant. ___ « C'était pas facile mais je sais où il séjourne et le numéro de sa chambre d'hôtel en plus. » poursuit elle, la bouche pleine. Ma gorge se noue, mon cœur commence à battre plus vite. Je ravale à peine ma salive, essayant de me reprendre. Nous avons pris des jours à le chercher et à chaque fois qu'on réussissait de le saisir, il nous échappait. ___ « T'es sûre que c'est la bonne piste ? » demandé-je d'un ton lent et refroidi. Mon amie relève la tête et me jauge du regard. Elle serre les sourcils, perplexe que je réagisse ainsi. Je devrais être entrain de sauter de joie car je pourrai enfin mettre la main sur la personne qui a détruit ma vie. Mais là, je ressens une grande peur. Celle de refaire face au passé. Pourtant il faut que je le confronte, il le faut si je veux laver mon honneur. ___ «J'ai dû demander l'aide d'un ami, il est policier. Bon, je ne lui ai pas raconté la vraie version, mais l'essentiel c'est qu'on le tient cette fois-ci. Et nous devons nous vite agir avant qu'il ne disparaisse encore des radars. » ___ « Oui, tu as raison. Alors, on doit se rendre à l'hôtel maintenant. » m’exclame je, d'un ton pressant. Sans même goûter à mon plat, je m'apprête à quitter la cuisine. Je ne sais pas comment je devrais réagir. Je suis nerveuse et le nœud dans mon estomac, n'est pas prêt à disparaitre. ___ « Hé, mais attends Elena. » Je me freine, en tenant mon plat. Elle m'indique mon plat encore plein avec sa fourchette. ___ « Pas si vite. Prends au moins ton petit déjeuner, on ira au travail et à la pause déjeuner, on se retrouve pour aller à cet hôtel. » Je sens tout mon corps se tendre davantage. Anna plante son doux regard dans le mien et me fait un sourire. ___ « Relaxe ! Je sais que tu es très tendue en ce moment et c'est normal. Mais tu dois te détendre, Elena. » rajoute t'elle sur un ton bienveillant. J'acquiesce,ferme les yeux et prends une profonde inspiration pour me calmer. Au bout de plusieurs grandes expirations, mes muscles se décontractent finalement et je repars m'asseoir avec mon assiette. Mais la nervosité est toujours là... *** Depuis que je suis arrivée au boulot, je me bats contre le sommeil. Je ne cesse de bailler, et surtout de vérifier l'heure. J'attends désespérément que la pause arrive pour retrouver Anna. Ensembles, nous allons démasquer cet homme. Alors que je suis toujours entrain de réfléchir à ce qui pourrait arriver lors de notre petite visite à cet homme, mes collègues restent concentrés sur le projet. Je grignote le bout de mon style, un coude posé sur la table et la paume de ma main qui soutient ma joue. Je réfléchis encore et encore à ce qui va se passer... Cet homme pourrait nous menacer s'il se sent en danger ou il pourrait prendre la fuite, juste avant qu'on arrive ou encore peut-être que tout cela est un piège. Peut-être que la personne se paie notre tête... Je soupire, le cerveau qui ne cesse tourner en réflexion. J'entrevois quelques uns de mes collègues qui se sont regroupés et qui discutent. J'entends faiblement ce qu'ils se disent, je fronce les sourcils et me tourne vers un autre collègue. Il est entrain de sélectionner des photos de certains mannequins dans son ordinateur. ___ « Qu'est-ce qui se passe, Henri ? De quoi parlent-ils ? » lui demandé-je en indexant le groupe, de mon menton. Il cesse de manipuler les claviers de son appareil, lève ses yeux de l'écran de son ordinateur et avise le groupe. ___ « Ah, t'es pas au courant ? » ___ « Au courant de quoi ? » Il se penche vers moi et chuchote : ___ « Il y'a une rumeur qui circule depuis ce matin et devine quoi ? Le patron et sa fiancée vont bientôt se marier. » Mes yeux s'arrondissent et mon cœur se retourne dans ma poitrine. Un froid m'envahit et je reste figée. ___ « Se marier ? » répété-je faiblement. ___ « Ouais...enfin,c'est ce qui se dit. » me dit-il en se remettant au travail. Je me mords violemment la lèvre inférieure et me retourne lentement. Une vague d'émotion me submerge. Je ressens de la chaleur, de la fraîcheur, de la colère, de la tristesse... Tout me passe par la tête, les pincements de mon cœur commencent à me faire très mal. Je déglutis en essayant de chasser cette information de mon esprit. Il a bien le droit de se marier. Après tout, nous ne sommes plus fiancés. Le dos appuyé sur le dossier de mon fauteuil, les bras croisés, je ne quitte pas des yeux, l'écran allumé de mon téléphone portable. Il ne reste plus qu'une minute pour être midi, la pause café. La sirène retentit au même moment que 12h00 s'affiche sur mon écran. J'attends les exclamations de joie venant de la part de certaines personnes. Je me dépêche de saisir mon téléphone sur mon bureau, range mes affaires personnelles et sors de l'entreprise en souhaitant à quelques uns, une bonne pause. *** Comme prévu, nous nous retrouvons devant l'hôtel Saint Raphaël. Je sors de ma voiture, à peine revenu d'un garage car elle était tombée en panne. J'entrevois Anna, depuis l'autre bout de la rue. Elle se tient à l'entrée de l'hôtel, m'attendant sûrement. Je condamne mon véhicule et traverse la rue à pas pressés. ___ « Je suis là... » dis-je, un peu essoufflée par ma marche rapide. Elle se tourne vers moi et lâche un soupir de soulagement quand elle s'aperçoit de ma présence. ___ « Il est là ? » continue je, en jetant un coup d'œil au bâtiment de luxe qui se tient devant nous. ___ « Je l'espère. Allez, on y va. » Nous traversons le hall d'entrée et nous retrouvons à l'accueil. Mon cœur se met à palpiter et mon estomac se serre, sans oublier les battements cardiaques qui résonnent tel un tambour. Mes doigts resserrent la lanière de mon sac alors que mon amie entame une discussion avec la réceptionniste. Mon cœur se serre davantage et j'ai l'impression de ne plus respirer normalement, tant je suis anxieuse. La main d'Anna sur mon épaule, me fait revenir à la réalité. Je sursaute légèrement et reporte mon attention sur elle. ___ « Allez, suis moi. » s'exclame t'elle, avec un malicieux sourire. Elle me prend par la main et nous nous dirigeons vers l'ascenseur. ___ « Comment tu as pu convaincre cette jeune femme ? Je... enfin, on n'a aucune information sur lui et elle a dû trouver bizarre qu'on recherche une personne dont on ne connaît pas le nom. » Je suis un peu confuse. ___ « Il s'appelle Gaêl...Gaël Delacroix. » m'informe t'elle alors que nous entrons dans l'ascenseur ; « Et j'ai raconté tout un tas de truc cohérent à cette jeune femme. Donc, tu ne m'écoutais pas ? » Son regard surpris mêlé de reproche, me fait réprimer un souffle d'excuse. ___ « Bref ! Le type est encore dans sa chambre, puisqu'elle ne lui a pas vu sortir. » reprend t'elle. Je me pince les lèvres, la jambe qui danse frénétiquement. Je me mets à implorer le seigneur que tout se passe comme on l'a prévu.
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