L'arrestation

670 Words
19 février 2021 - Madame Wright vous êtes en état d'arrestation pour le meurtre de M. Patrick Wright et de... Vous devez sans doute vous demander comment j'en suis arrivée là. Tout semblait pourtant se dérouler comme sur des roulettes dans ma vie, dans notre vie, et me voilà aujourd'hui, avec ma robe en dentelle noire, mes escarpins bleus marines et mes boucles châtains un peu emmêlées sous les flashs des caméras de la petite dizaine de journalistes qui piétinent et détruisent ma pelouse à laquelle je tiens énormément ; avec des menottes. En vrai je n'ai rien contre les menottes mais ce n'est pas dans ce genre de situation que j'aimerais en porter; aussi, j'ai toujours adoré me faire escorter mais certainement pas dans une vieille Toyota de la police. J'écoutais le policier qui me mettait les menottes me citer mes droits exactement comme dans les films et aussi étrange et masochiste que ça paraisse je trouvais la situation palpitante et l'envie même de faire une salutation royale me passais par la tête. Mais tous ces grands airs que je viens de décrire c'était dans ma tête, en réalité j'avais l'air apeurée et au bord des larmes. -Vous n'avez pas le droit de m'arrêter, protestais-je en me débattant des griffes du policier, ce qui ne faisait que donner encore de beaux posters à la presse people. Je suis innocente, lâchez moi! criai-je tout ça en faisant couler quelques larmes. J'entrai dans la voiture de la police sous le regard de mes voisins qui sans doute ne tarderaient pas à jacasser et à me critiquer, certains inventeraient même des histoires qui prétendraient avoir remarqué. Staten Island est un quartier magnifique mais vous pouvez aussi compter sur ces habitants pour avoir les meilleurs potins de la ville. C'est donc sous la pluie de questions des journalistes que je m'en allais. "Avez-vous réellement assassiné votre mari?'' ''Depuis combien de temps est ce que votre mari avait une liaison ?'' ''Y'a t'il d'autres suspects dans cet affaire ?" ''Avait-il des ennemis?" J'aurai bien aimé prendre le temps de répondre à chacune de ces interrogations mais je ne pense pas que c'était le même avis qu'avaient les policiers qui m'embarquaient. Après 15 minutes de route, on se gara devant un bâtiment et aussitôt sortit je fis de nouveau éblouie par les lumières blanches des caméras des journalistes et cela pour mon plus grand bien, car leurs lumières m'aveuglaient tellement que je n'avais aucun mal à continuer de faire couler mes larmes. J'entrai dans ce bâtiment sous le regard des agents de police, tout en continuant de garder mon air de veuve epleurée. Certains me regardaient se posant sûrement les mêmes questions débiles que me posaient les journalistes, les autres avec pitié, me croyant sans doute innocente, et se disant peut-être que c'était malheureux de trimballer ainsi une femme dont le mari venait d'être assassiné et d'autres avec haine et mépris pensant sûrement que je méritais la mort. Le même policier qui m'avait arrêtée me fit entrer dans une salle, qui, par sa neutralité, sa froideur et aussi les quatres chaises métalliques séparées deux à deux par une table me signifiaient que c'était une salle d'interrogatoire. Il me fit asseoir sur une chaise et tourna le dos, me laissant seule dans cette pièce ayant pour seul éclairage une lampe blanche accroché au centre. En face de moi il y avait un grand miroir, et si je me fiais aux nombreux films que j'avais vu je devais sans doute être observée par deux ou trois flics alors je ne devais pas baisser ma garde et devais continuer de jouer les veuves tristes. Je regardais autour de moi comme un enfant abandonné en plein Central Park, l'air perdu, les larmes au bord des yeux et le regard remplis de peur. Je savais que quoi qu'il arrive cet enfer venait de commencer et que ce ne serait pas aussi facile de gagner cette bataille et il me fallait m'armer des meilleurs pour ne pas y laisser des plumes.
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