Un environnement peu commode

2590 Words
Réginald : « monsieur Dionysos. Après la parution d’un article comme celui-ci, vous arrive-t-il de recevoir des réactions de lecteurs ? » Dionysos : « oui, bien sûr. Mais venez-en au fait s’il vous plaît » Réginald : « d’accord… avez-vous reçu une réaction de la part de dame Héra ? » Dionysos : « quelle question ! C’était toujours la première à écrire après la publication d’un article. Elle a fini morte avec le crâne en bien mauvais état » A ce moment, des souvenirs de la femme de Réginald remontent à la surface. Il repense à sa femme et au jour de sa mort. Dionysos : « quand j’y repense, elle correspondait à l’une des deux photos. Elle voulait que je la renseigne sur l’autre photo. Elle était même prête à m’offrir de l’argent pour cela » Réginald : « c’est vraiment intéressant, elle a reconnu l’une des photographies… s’il vous plaît, une dernière question ; cet article que vous avez écrit, les informations sur ces deux femmes sont-elles correctes à 100% ? » Dionysos : « qu’est-ce que j’en sais, moi ? L’objectif n’est pas d’informer, mais de divertir le public » Réginald : « donc il est possible que la vie des deux femmes que vous décrivez ici ne soit peut-être pas celle qui se rapproche le plus de la réalité » Dionysos : « réalité ? Il s’agit d’un roman-fiction pour ceux qui aiment lire les lundis. Il est possible que Phibie ait été loin d’être un ange. Quant à Lolita, vu le meurtre dont elle fut responsable, je ne la voudrais même pas comme cuisinière » Réginald : « Phibie a quitté la Suisse dans l’espoir d’améliorer ses conditions de vie et de retourner à une vie plus tranquille. Mais quand j’y pense, rien n’interdit qu’elle soit arrivée ici à l’Olympe » Dionysos : « oui, vous avez pleinement raison » Réginald pense : (cela signifie donc qu’il existe un lien probable entre le meurtre d’Héra et les deux photos. Un lien très étroit. Peut-être que le meurtrier est une femme finalement, sauf que c’est peut-être la mauvaise femme qui est en prison). La nuit fut longue, mais le jour se leva encore plus vite. Réginald se réveille et constate avec surprise que Walter est toujours endormi. Le même Walter qui fermait à peine l’œil à leur arrivée à l’Olympe, le voilà qui dort aussi profondément qu’un chat à proximité d’un four à charbon. Réginald se prépare, il est sur le pas de la porte d’entrée lorsqu’il croise Athéna. Athéna : « mais… où allez-vous de si bonne heure ? » Réginald : « ah ! Madame Athéna, bonjour. J’ai encore besoin d’interroger tous ceux chez qui Héra a pu travailler lorsqu’elle était encore en vie » Athéna : « d’accord, mais vous pouviez me demander, je vous aurais dit ce que je sais » Réginald : « oui, mais, vous étiez avec votre mari. Il serait quelque peu maladroit de ma part… » Athéna : « ne dites pas n’importe quoi. Si vous voulez savoir où trouver des personnes qui peuvent vous répondre, je peux vous dire où en trouver. Il y a un docteur dans le village, Héra travaillait également chez lui. Il habite à quelques rues d’ici » Réginald : « je crois que je vais aller chez ce docteur. Merci beaucoup madame Athéna » Athéna : « j’espère que vous trouverez ce que vous cherchez » Réginald sort donc de la maison, il se met en route, demandant ça et là où se trouve le domicile du docteur. Dans un village comme l’Olympe, il est assez facile d’obtenir des informations sur un individu, la plupart des habitants se connaissent. Il finit par arriver chez le docteur. La maison paraît vide de l’extérieur. Réginald frappe à la porte mais aucune réponse n’est émise. Quelqu’un s’avance vers lui, Réginald entend des bruits de pas derrière lui et se retourne pour faire face à son vis-à-vis. Quelle surprise ! C’est justement le docteur à qui il est venu rendre visite. Docteur (serre la main de Réginald) : « je vous reconnais, vous êtes celui que j’ai vu chez Artémis. Que me vaut l’honneur de votre visite ? » Réginald : « j’ai besoin de vous poser quelques questions concernant la mort d’Héra » Docteur : « une tragédie, je peux vous le dire. mais entrez donc, ne restons pas au pas de la porte » Le docteur ouvre la porte et les deux hommes pénètrent dans la maison. Ils prennent place au salon et entament leur discussion. Docteur : « y a-t-il de nouveaux éléments ? » Réginald : « c’est justement ce que je cherche » Docteur : « oh ! D’accord » Réginald : « j’ai cru comprendre que dame Héra travaillait chez vous. que diriez-vous d’elle ? » Docteur : « que dire d’une dame de ménage ? » Réginald : « était-ce une femme de bonne moralité ? » Docteur : « de bonne moralité ? Qu’entendez-vous par là ? » Réginald : « le sens que je donne à cette expression est exactement le même que celui que vous lui auriez donné si vous aviez utilisé la même expression » Docteur : « je ne saurai vous répondre. Je préfèrerai vous renvoyer chez ma gouvernante » Réginald : « vous en avez une à votre service ? » Docteur : « oui, je suis souvent de sortie et donc absent. Ma gouvernante, Jill, vous renseignera mieux. Héra venait s’occuper du nettoyage deux fois par semaine car Jill n’a plus de bons genoux et chevilles. Ses articulations lui créent souvent des misères. Héra travaillait très bien » Alors qu’ils sont assis et discutent, une femme les observe depuis une autre pièce. Docteur : « je pense que Sarah est coupable, ce n’est que mon avis » Réginald : « vous la connaissiez ? » Docteur : « disons qu’elle est venue me consulter trois fois. Mais faute de moyens, je n’ai pas pu la soigner. Je ne sais pas comment, mais elle a trouvé du soulagement ailleurs. Elle n’était pas du genre à sourire avec tout le monde » Réginald : « vous aviez votre avis sur cette femme » Docteur : « comme je vous l’ai dit, ce n’est que mon avis. Peut-être était-ce le genre de femme qui a été cajolée par une mère trop excessive durant son enfance. Il y a un spécimen de ce genre dans ce village ; madame Kingsley. Elle se comporte comme une véritable mère poule pour son fils, Arès. Je n’approuve pas cela, parce que cette attitude éloigne ce monsieur de la vraie vie» Réginald : « les Kingsley vivent-ils ici depuis longtemps ? » Docteur : « non, juste trois ou quatre ans » Réginald : « ah ! Et vous, docteur ? » Docteur : « je suis à l’Olympe depuis huit ans déjà » Réginald : « intéressant » La jeune femme se rend visible aux yeux des deux hommes en venant leur servir un peu de café dans des tasses en porcelaine. Docteur : « permettez-moi de vous présenter ma femme, Déméter. » Réginald : « madame… je suis enchanté de vous rencontrer » Docteur (à sa femme) : « chérie, je te présente monsieur Princeton. Un avocat chargé de trouver de nouveaux éléments sur le meurtre d’Héra » Mais la jeune dame reste muette, elle termine de servir le café et s’en va. Ce qui gâche légèrement l’ambiance conviviale qui s’était installée. Docteur : « pardonnez cet écart de comportement, elle doit être stressée par l’agriculture, son activité de prédilection » Réginald : « ne vous inquiétez pas pour cela. » Docteur : « j’aime beaucoup lire, je touche presque à tout ce qui peut faire l’objet d’une lecture. » Réginald : « poésie, littérature, chanson…histoires rocambolesques, contes et légendes » Docteur : « vous lisez dans mes pensées » Réginald : « lisez-vous également le Monday Review ? » Docteur : « oui, bien sûr. Que seraient mes lundis sans le Monday Review ! » Pendant ce temps, dans la résidence des Kingsley, Arès est en train d’écrire une scène pour un de ses films. Il se met dans la peau d’une multitude d’acteurs aussi bien masculins que féminins. De temps en temps, sa mère adoptive, Gaïa, vient le regarder lorsqu’il joue à ses différents rôles. C’est ainsi qu’il procède avant de faire passer des auditions à des acteurs étrangers désireux de jouer dans un de ses films. Gaïa se fait vieille, elle est assise la plupart du temps et ne se lève que de manière occasionnelle. Réginald prend congé du docteur et se rend chez la voisine de celui-ci. A peine arrivé chez cette dernière, Réginald est surpris de constater qu’il s’agit en fait de la jeune femme rousse qu’il avait rencontrée en sortant de la boutique de Miss Perséphone. Réginald : « bonjour madame » Voisine : « bonjour monsieur… j’ai la vague impression de vous avoir déjà vu quelque part » Réginald : « c’est également l’impression que j’ai. En réalité, nous nous sommes rencontrés à l’entrée de la boutique de Miss Perséphone, il y a quelques jours » Voisine : « oui, je me rappelle » Réginald (propose une poignée de main) : « excusez-moi, je me présente, Réginald Princeton » Cornélia (serre la main de Réginald) : « Cornélia. Je suis enchantée de vous connaitre. Que venez-vous faire dans un coin perdu comme celui-ci ? » Réginald : « je suis ici pour trouver de nouveaux éléments sur le meurtre de dame Héra » Cornélia (tente de s’éloigner) : « non, je ne la connais pas » Réginald : « ah ! Madame, ne faites pas cela. N’essayez pas de me faire croire que vous ne connaisiez pas cette femme qui a pourtant travaillé ici » Cornélia : « allez-vous-en s’il vous plaît » Alors que la discussion prend une tournure désagréable, un homme approche lentement de la véranda. Réginald : « vous faites semblant de ne pas vous souvenir du meurtre de cette pauvre femme ou alors vous êtes insensibles à ce point ? » Cornélia : « elle a peut-être travaillé ici, mais je n’étais pas encore là. Je ne suis mariée à Zeus que depuis trois mois » Réginald : « je ne crois pas… le commissaire Fabien est assez bien informé sur bon nombre d’entre vous. Elle a travaillé pour vous bien avant que vous ne soyez mariée. A ce moment, ce cher docteur n’était pas votre voisin car vous viviez à l’entrée de l’Olympe » Cornélia : « si vous avez donc réponse à tout, pourquoi prenez-vous la peine de poser des questions ? » Cornelia s’assied sur une chaise et croise les jambes. Cornélia : « cette idiote qui cachait son argent sous des pierres. Quelqu’un l’a tuée pour la voler. Un véritable fait divers dans les journaux de lundi » Réginald : « oui, bien sûr, les journaux de lundi comme le Monday Review. Lisez-vous le Monday Review ? » Cornélia : « mon attention est dirigée vers d’autres journaux » Réginald : « je vous recommande vivement le Monday Review. Ne serait-ce que pour les photographies » Cornélia (regarde derrière elle et appelle son mari) : « Zeus ! Zeus !! » L’homme, qui s’approchait de la véranda, sort de la maison et se tient devant eux. Il est habillé de manière assez élégante ; un costume deux pièces avec une cravate et des chaussures noires bien cirées. Il dévisage Réginald. Cornélia (à Zeus) : « c’est un étranger, un journaliste peut-être. Il enquête sur le meurtre d’Héra qui a eu lieu il y a quelques mois » Zeus (à Réginald) : « seriez-vous en train d’importuner ma femme ? » Réginald : « bien sûr que non, monsieur. Je cherche de nouveaux éléments sur le meurtre de dame Héra. Rien de plus, rien de moins » Cornélia : « oh non, j’ai horreur de… » Zeus : « tais-toi, Cornélia » Réginald : « monsieur, Héra venait chez vous les mercredis et d’après les journaux, elle est morte un mercredi dans la soirée. J’aimerais savoir, est-elle venue ce mercredi-là ? » Zeus : « je suis candidat aux élections du nouveau maire de la ville. Je suis quelqu’un de très pris, vous comprenez ? Je n’ai pas de temps à consacrer à des futilités de ce genre » Réginald : « si elle fut présente ce jour-là, avez-vous remarqué quelque chose d’inhabituel chez elle ou alors elle n’était pas bavarde ? » Zeus : « Héra était du genre loquace, un véritable perroquet. Je me contentais de l’écouter parfois. Quoiqu’il en soit, elle ne savait certainement pas qu’on allait la tuer, alors peu importe ce que vous pensez chercher, ce qui est fait est fait » Cornélia : « ce fut un crime d’une brutalité sans égale, frappée avec un couperet » Réginald : « la police n’a jamais retrouvé l’arme du crime, madame » Zeus : « tout le monde sait qu’il s’agissait bien d’un couperet. Sarah a dû cacher l’arme sous une pierre » Réginald : « tout comme elle aurait caché cette somme d’argent sour un caillou dans la cour de la maison d’Héra » Zeus : « je ne vois pas où vous voulez en venir. Ce n’était qu’une ménagère de toute façon » Cornélia : « une belle menteuse avec ça, elle se plaisait à raconter des idioties, des conneries, des choses qui divergent de la vérité » Zeus : « Cornélia !! Veux-tu te taire ? » Cornélia se tait. Zeus observe encore Réginald. Zeus : « vous n’êtes pas un journaliste, alors je vous prie de partir » Réginald : « monsieur… » Zeus : « allez-vous-en ! » Gardant son sang froid, Réginald s’en va. Le lendemain, une nouvelle tombe. La date de l’exécution de Sarah Anderson a été fixée au 21 Septembre, soit dans trois jours exactement. Elle a donc été avancée d’un jour. Sarah est en train de prier dans sa cellule, elle pleure à chaudes larmes. Pendant ce temps, Réginald est au poste de police, dans le bureau de Fabien Liverpool. Ce dernier a réussi à imprimer les photos que Réginald a trouvées dans le Monday Review. Il les remet à l’avocat. Fabien : « voici les photos dont vous parliez. Avez-vous trouvé quelque chose de nouveau dans cette enquête ? » Réginald (prend les photos) : « vous serez informé, mais pour le moment je ne peux rien vous dire » Fabien : « lorsque je regarde la photo A, je me souviens de cette affaire. Phibie et Cano, deux tourtereaux très amoureux l’un de l’autre. Hors, Cano était marié, il empoisonna sa femme afin de vivre une relation passionnée avec Phibie. Cependant, la police parvint à lui mettre la main dessus. Il fut jugé et exécuté quelques jours plus tard. Quant à Phibie… » Réginald : « elle a décidé de déménager et de quitter la Suisse. A ce moment, elle était enceinte de Cano. D’aucuns disent qu’elle se serait rendue en Australie où elle a par la suite changé de nom » Fabien : « c’est cela. Je peux même vous dire sous quel nom, Michelle Séville. Certains collègues pensent que c’est Phibie qui a commis le meurtre mais s’est arrangée pour que ce soit Cano qu’on exécute à sa place » Réginald : « si cette théorie est vraie… »
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