Chapitre II

1902 Words
Chapitre II Le retour jusque chez elle se déroule dans le calme et la marche à pied fait un bien fou à Melissa cela lui permet de réfléchir sur la journée qui vient de se dérouler. Elle ne pensait pas en se levant se matin qu’elle agirait différemment avec l’une de ses élèves, mais surtout qu’elle ressentirait une réelle affection pour elle. Depuis le début de l’année scolaire, elle a repéré la petite et son attitude, mais quelque chose la retenait jusque-là, quoi ? elle ne serait le dire. Elle avait une telle détresse dans le regard qu’aujourd’hui c’est cette vision qui a fait flancher sa décision. C’est sur cette pensée qu’elle entre enfin dans son appartement avant d’avoir déposé ses affaires dans le salon et de partir se préparer un petit truc à manger. Arrivée chez elle, Madame Peters demande à Nina de vite aller se laver les mains avant de venir prendre son goûter. La petite revient rapidement auprès d’elle et commence à dévorer les gâteaux posés sur la table près d’un grand verre de lait frais. – Tu as bien travaillé à l’école ? – Oui, on a corrigé nos devoirs ce matin avec Madame Anderson et j’ai même mangé avec elle. Sourit la petite. – Ah oui ? Mais d’habitude les maîtresses ne mangent pas avec vous, lui précise, Madame Peters. – Non, elles mangent dans une autre pièce, mais elle a oublié son repas donc elle a demandé à la dame de la cantine si elle pouvait manger avec nous et elle a dit oui. Explique Nina sérieusement. – Oh, d’accord et elle a mangé à ta table ? se renseigne la mamie. – Oui, il n’y avait plus de place et sinon elle aurait mangé debout et je lui ai répété que mon papi dit toujours que c’était pas bien de manger debout. Précise Nina avec fierté. – Et tu as eu raison, je suis fière de toi ma chérie. La petite lui sourit en retour et finit de manger son goûter rapidement pour aller faire ses devoirs. Mais avant elle, demande à sa mamie : — Mamie ? – Oui ma chérie ? – Papa va appeler ce soir ? Car on est lundi. – Je ne sais pas Nina, je n’ai pas eu de nouvelles donc je n’en suis pas sûre. Madame Peters s’attendait à cette question, comme tous les lundis depuis maintenant un an. Le regard de sa petite fille lui brise le cœur, car elle espère à chaque fois pouvoir lui parler, mais depuis trois mois maintenant il n’a pas appelé une seule fois et cela commence à les inquiéter. Le manque de nouvelles d’un militaire n’est souvent pas bon signe, mais elle et sa famille ne veulent pas penser à ça, espérant qu’il va bien et qu’il se trouve simplement dans un lieu où il lui est impossible de les joindre. Mais comment expliquer cela à une petite fille de sept ans sans lui faire peur ? - D’accord… il s’en fiche de moi… dit-elle d’une petite voix tremblotante avant de courir en direction de sa chambre. Une fois dans sa chambre Nina se jette sur son lit et laisse sa peine couler le long de ses joues. Elle ne comprend pas pourquoi son papa ne l’appelle plus, pourquoi il ne donne plus de nouvelle à personne ? Elle sait que le travail de son papa est très dangereux, il le lui a expliqué avant de partir, mais le téléphone, ça passe partout non ? se dit-elle. Elle n’arrive pas à calmer ses sanglots quand sa mamie vient la rejoindre et s’assoit sur son lit tout en lui caressant les cheveux. – Ma chérie, ne pleures pas… ton papa t’aime tu sais, il s’inquiète pour toi. – Non c’est faux !! – Je t’assure que c’est vrai… – Alors pourquoi il n’appelle pas ? La coupe Nina en pleurant toujours à chaudes larmes. – Tu sais parfois les gens n’ont pas le choix et ne peuvent pas faire autrement, je suis sûre que s’il le pouvait ton papa t’appellerait tous les jours, car tu lui manques. – Non… si je lui manquais vraiment alors il serait là avec moi… je suis toute seule… personne ne m’aime et ne s’intéresse à moi. Les propos tenus par sa petite fille lui font mal, car elle sait qu’inconsciemment elle les pense réellement. Elle aimerait tellement trouver un moyen d’aider Nina à aller mieux et se calmer, car l’entendre sangloter la désole. – Tu nous as nous, ton papi, tes oncles et moi nous t’aimons très fort. – Oui, mais je ne suis pas comme les autres enfants, je n’ai pas de maman et papa auprès de moi pour me faire des câlins quand je suis triste. Madame Peters peut sentir la détresse de sa petite fille dans ses mots, mais un des mots qu’elle a prononcés lui donne une idée qui elle espère va aboutir sur une issue favorable, sinon elle craint de perdre Nina. Elle n’aurait jamais pensé un jour avoir à agir comme cela, mais pour le bien de sa petite fille elle est prête à tout et elle croise les doigts que son intuition concernant la jeune maîtresse est bonne. – Ton papa n’est pas auprès de toi, mais il pense à toi et je connais une autre personne que tu apprécies et à qui tu as fait un câlin. Dit-elle en souriant pour tenter de distraire Nina ? – Oui, madame Anderson est très gentille et je l’aime bien, elle s’occupe toujours de nous et aujourd’hui elle s’est inquiétée pour moi, car j’étais triste. Explique-t-elle en pleurant toujours ? – Je crois qu’elle aussi t’aime bien, tu sais. Elle était très contente quand tu lui as fait un câlin. – Elle m’a serré fort contre elle, mais sans me faire mal hein… on aurait dit qu’elle aussi en avait besoin. – Peut-être, oui. Parfois les gens ont besoin d’affection. Elle reste auprès de sa petite fille encore quelques minutes avant de sortir, la laissant ainsi se calmer tranquillement, car elle n’a pas réussi à stopper ses pleurs. C’est bien décidé qu’elle referme la porte de la chambre et se dirige vers le salon pour attraper son téléphone. Lorsqu’elle a celui-ci dans les mains, elle compose le numéro de l’école de Nina et espère qu’il y’aura encore quelqu’un de présent pour répondre à son appel. Par chance la directrice décroche et Madame Peters lui demande s’il serait possible d’avoir le numéro de Madame Anderson, elle prétexte que sa petite fille s’est trompée dans ses devoirs et que tellement contrariée elle est en larmes, du coup pour aider Nina elle voudrait la joindre et les lui demander. La directrice n’est pas trop d’accords au début, mais à force de persuasion elle finit par accepter et lui donne son numéro, non sans bien lui avoir dit que si Madame Anderson vient se plaindre elle agira en conséquence, ce à quoi acquiesce Madame Peters et l’a remercié avant de raccrocher. - Que fais-tu ? lui demande son mari qui vient d’arriver. C’est avec une main sur le cœur qu’elle lui répond : – tu es fou. Tu m’as fait peur Marc. – Désolé Anna, mais tu peux comprendre ma surprise quand je t’entends demander les coordonnées de la maîtresse de Nina. – Oui, mais c’est pour une bonne raison que je fais ça. Je t’ai expliqué ce qui s’est passé ce matin et bien tu aurais dû voir comment elles ont interagi toutes les deux à la sortie de l’école. – Comment ça ? demande-t-il intrigué. – Apparemment à ce que m’a expliqué Nina, sa maîtresse s’est intéressée à elle, plus que d’habitude du moins. Il semble qu’elle se soit prise d’affection pour notre petite fille, chose que j’ai déjà remarqué depuis un bon moment, mais jusque-là elle était plus discrète pour ne pas qu’on le remarque. – C’est sans compter sur ton sens de l’observation, bien sûr. La coupe-t-il en souriant ? – Que veux-tu c’est mon talent chéri. – Que s’est-il passé pour que tu veuilles la rencontrer ? – À la sortie de l’école, j’attendais Nina comme à mon habitude et avant qu’elle ne me rejoigne elle est partie vers sa maîtresse pour lui parler tout en finissant par lui faire un câlin. C’était très attendrissant à voir. Toutes les deux en avaient autant besoin. Mais en rentrant, elle m’a posé la question que l’on redoute tous les lundis. Elle va mal Marc, elle croit que son père ne l’aime pas… que personne ne s’intéresse à elle, finit-elle d’une voix étranglée ? Marc alors s’approche de sa femme et la serre dans ses bras pour la réconforter avant de la relâcher et lui demander : – Ce que je ne comprends pas c’est pourquoi tu tiens tant à joindre Madame Anderson ? – Je ne sais pas pourquoi ni comment je ne le sais, mais je ne pense qu’elle est la seule personne qui saura rendre le sourire à notre petite fille, tu les aurais vues ensemble, c’était attendrissant. Elles semblent avoir besoin l’une de l’autre. – J’ai appris avec le temps à ne pas douter de tes jugements alors je te fais confiance, mais fais attention, car si tu te trompes cela peut être pire après et je ne voudrais avoir à expliquer à notre fils pourquoi sa fille va si mal. Lui précise-t-il avec sérieux ? – Rassure-toi, je le sais, mais quelque chose me dit que c’est ce qu’il faut faire. – D’accord, alors comment comptes-tu t’y prendre ? – Il n’est pas tard alors je vais essayer de l’appeler maintenant et lui demander si l’on peut se rencontrer hors de l’école. – En espérant qu’elle ne prenne pas peur, car ce n’est pas vraiment déontologique ce que tu fais là ma chérie ! – Je le sais bien, il ne me reste plus qu’à espérer… Dès qu’elle a fini de lui expliquer ce qu’elle souhaite faire, Madame Peters se dirige vers la baie vitrée et compose le numéro. Mélissa est sous sa douche lorsqu’elle entend son téléphone sonné, n’attendant aucun appel elle est surprise de l’entendre et se dépêche de l’attraper pour voir l’identifiant de la personne qui tente de la joindre. Elle est surprise, car ce numéro ne lui dit rien, mais, malgré tout, elle décide de décrocher. – Allo ? « Bonjour, je m’excuse de vous déranger je suis Madame Peters, la mamie de Nina. » – Bonjour, Madame, vous ne me dérangez pas, mais je dois dire que je suis assez surprise que vous ayez mon numéro. « Je comprends, je me suis permis de le demander à votre supérieure prétextant des devoirs non notés, car j’avais vraiment besoin de vous joindre à propos de ma petite fille. » – Oh. D’accord. Que se passe-t-il avec Nina ? demande-t-elle avec une réelle inquiétude. – J’aimerais vous voir pour en parler si cela ne vous gènes pas, ce sera plus simple, mais je vous rassure elle va bien, s’empresse d'ajouter Madame Peters pour ne pas affoler la jeune femme. – Cela ne me gêne pas non, au contraire si cela peut aider Nina. – Je l’espère en tout cas, que dites-vous de demain midi pendant votre pause déjeuner ? – Bien, il y’a un petit restaurant à côté de l’école on peut se rejoindre là-bas si vous voulez ? « C’est parfait pour moi, je vous remercie et vous dis à demain Madame Anderson. » – À demain Madame Peters, bonne soirée à vous. Lorsque Mélissa raccroche, elle reste un petit moment à fixer son regard sur l’appareil qu’elle tient dans ses mains, ne comprenant pas trop ce qui vient de se passer. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose qu’elle est demandée à la voir, c’est la question qu’elle se pose en ce moment même surtout après que Madame Peters est vue la scène à la sortie de l’école avec sa petite fille. Mais malgré tout, ce qui a intrigué Mélissa c’est l’inquiétude dans la voix de la femme pour Nina, c’est d’ailleurs ce qui l’a fait accepter si vite sans se poser de question. Elle finit par le poser et retourner dans la salle de bain pour s’habiller un peu plus, car dans la précipitation elle ne s’est vêtue que d’une serviette. Elle enfile donc un bas de jogging et un débardeur afin d’être à l’aise. La soirée se déroule calmement devant un bon film et une fois celui-ci finit elle part se coucher afin d’être en forme pour la journée qui l’attend le lendemain. Après avoir raccroché, Madame Peters répète la conversation qu’elle vient d’avoir à son mari pour le tenir au courant. Celui-ci est heureux que la jeune femme soit acceptée espérant que l’idée de son épouse soit la bonne et qu’ils réussissent à aider Nina. Nina, quant à elle, est restée dans sa chambre ne sortant pas pour manger plongée dans son chagrin. Le sommeil a fini par l’emporter après avoir épuisé tout son stock de larmes, mais celui-ci n’est pas sans cauchemar la faisant se tourner et retourner dans son lit.
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD