Chapitre 13

1460 Words
La table grinça sous leurs mouvements. Les stores n’étaient pas totalement fermés. Le risque était réel. Un employé. Un membre de la famille. Un bruit dans le couloir. N’importe quoi pouvait arriver. Et pourtant… elle n’avait jamais autant eu envie de lui. — Tu me rends folle… lâcha-t-elle entre deux souffles haletants. Il répondit en l’embrassant plus fort encore, la maintenant contre lui comme s’il voulait la briser et la réparer en même temps. Ce n’était pas juste un acte charnel. C’était une guerre entre deux êtres fiers, jaloux, brûlants. Il ne s’agissait pas de pardon. Il s’agissait de possession. De marquer l’autre. De rappeler à chacun sa place. Quand ils jouissent enfin, Zaynab resta allongée sur la table, la poitrine encore soulevée par l’effort. Mourad, debout, la regardait sans rien dire. Son regard était plus doux, moins dur. Comme s’il voyait enfin clair. Elle tourna la tête vers lui, les cheveux en désordre, le regard brillant. — On va finir par se détruire, toi et moi. Il répondit sans sourire. — Ou on va finir ensemble. Et personne ne pourra nous atteindre. Zaynab se redressa lentement sur la table, réajustant ses vêtements, encore bouleversée par ce qu’il venait de se passer. Mourad, silencieux, récupéra sa chemise posée au sol et la boutonna sans la quitter des yeux. Il n’y avait plus de cris, plus d’insultes, juste ce silence pesant qui en disait long. Elle ne voulait pas parler. Elle ne voulait pas être faible. Mais ses mains tremblaient légèrement, malgré elle. Il s’approcha, saisit son poignet avec douceur cette fois, l’obligeant à le regarder. — Tu m’as manqué, Zaynab. Ses yeux s’embuèrent aussitôt. Elle aurait voulu rire, l’envoyer balader, faire comme si ses mots ne la touchaient pas. Mais c’était trop tard. Elle avait baissé la garde. Encore. — Tu dis ça… après avoir couché avec une autre ?! souffla-t-elle, la voix brisée. Il hocha la tête lentement. — Je dis ça… parce que même en la touchant, c’est à toi que je pensais. Zaynab détourna le regard, mordant sa lèvre inférieure pour contenir l’émotion. — J’ai peur de toi, Mourad. De ce que tu me fais ressentir. J’ai peur de devenir folle pour un homme qui peut me blesser sans ciller. Il s’approcha encore, posa ses mains de chaque côté de ses hanches, sa voix grave glissant tout contre son oreille. — Et moi, j’ai peur que tu sois la seule capable de me faire plier. Elle frissonna. Il ne s’agissait plus d’un simple jeu. Plus d’un simple défi. Il y avait, là, quelque chose de plus profond… de plus dangereux aussi. Entre amour, fierté et domination, ils jouaient à un jeu où les règles changeaient à chaque regard. Et personne ne sortait vraiment indemne. Zaynab descendit de la table, en silence. Elle remit en place sa jupe froissée, ramassa quelques papiers tombés au sol, puis croisa les bras, dos à Mourad. — Tu veux que je fasse comment maintenant ? lança-t-elle froidement. Comme si rien ne s’était passé ? Comme si t’avais pas dit ces horreurs sur Khoudia devant moi ? — J’ai dit la vérité, répondit-il. C’est pas des horreurs. T’as voulu entendre, t’as assumé. Il s’approcha, mais elle fit un pas de côté. — Je t’ai jamais demandé de coucher avec elle. — Non, tu m’as rejeté, Zaynab. Fière. Détachée. Froide. Alors oui, j’ai cédé, une fois. Et je regrette pas. Parce que ça m’a montré à quel point j’en voulais qu’une seule. Elle se retourna brusquement. — Tu crois que ça me suffit, ça ? Que tu regrettes rien mais que tu penses quand même à moi ?! Tu m’as salie, Mourad. Rien que l’idée que tes mains ont touché une autre… ça me donne envie de vomir. Il la fixa longuement. Son regard était dur, mais une fissure apparut dans son expression. — Si je pouvais effacer cette nuit, je le ferais. Mais je suis pas un homme qui supplie. Tu voulais que je sois fort ? Je le suis. Tu voulais un homme entier ? C’est ce que je suis. — Non, souffla-t-elle. Je voulais juste être la seule. Un silence. Long. Pesant. Mourad s’approcha finalement, attrapa doucement son menton entre ses doigts et la força à le regarder. — Et tu l’es. Même quand je me perds. Tu restes la seule que je veux. Elle ne répondit pas. Mais dans ses yeux, la jalousie, la colère, et ce feu brûlant qui l’avait toujours attirée vers lui n’avaient pas faibli. Dans le couloir, des talons claquèrent. Zaynab se recula aussitôt. Elle n’était pas prête à affronter Bella, ni même une Khoudia qui oserait croiser son chemin aujourd’hui. — On parlera plus tard, dit-elle, glaciale. Mourad croisa les bras. — C’est toi qui décideras si c’est la fin… ou le début de quelque chose de plus fort que ta fierté. Elle quitta la pièce sans répondre, laissant derrière elle un parfum de tension et d’orgueil brisé. Zaynab quitta le bureau sans un mot de plus. Elle ne voulait voir personne. Elle prit directement la route vers chez Maysa. Lorsqu’elle arriva, Maysa l’accueillit avec un sourire doux, surprise de la voir à une heure pareille. Elles s’installèrent dans le salon. Maysa lui servit un jus bien frais et l’observa attentivement, mais Zaynab allait droit au but. — Tu peux me proposer une pilule du lendemain efficace ? La question tomba comme un poids lourd dans la pièce. Maysa la fixa, interdite. — Tu couches avec Mourad ? demanda-t-elle, incrédule. Zaynab resta silencieuse, le regard fuyant, les doigts serrés sur le verre. Maysa eut un petit rire de choc, un sourire mêlé de surprise et d’incompréhension. — Attends-moi une seconde. Elle disparut dans le couloir et revint avec une boîte. Elle tendit la pilule à Zaynab. — Celle-là est fiable. Tu la prends dans les douze heures. Tu m’as comprise ? Zaynab attrapa la plaquette, hocha la tête. — Merci. Elle se leva. Maysa la retint d’un regard. — C’est juste pour ça que t’es venue ? — Oui. Elle quitta la villa sans ajouter un mot. De retour chez elle, elle monta à l’étage, retira ses talons, puis se dirigea directement dans la salle de bain. Elle avala la pilule sans réfléchir, s’enferma sous la douche, laissant l’eau chaude glisser sur sa peau. Son esprit tournait à toute vitesse. Aucun remords. Juste ce sentiment sourd d’injustice, de chaos, de solitude. Elle voulait être la seule. Elle l’avait été, au moins cette fois. Mais à quel prix ? ••• Dès qu’il quitta l’entreprise, Mourad prit directement la direction de la villa familiale. Il ne comptait pas attendre une minute de plus. À son arrivée, la gouvernante l’informa que Khoudia se trouvait dans le jardin, en compagnie de sa mère et de ses sœurs. Sans dire un mot, il traversa le couloir et sortit. Dans le jardin, l’ambiance était légère. Mara était assise à l’ombre, un verre de jus à la main. À ses côtés, Khoudia, Saran et Oulaya riaient doucement, installées autour d’une petite table. À peine le virent-elles qu’un silence feutré s’installa, vite brisé par Saran. — Tu rentres tôt, toi... Tu voulais voir ta femme ? lança-t-elle avec un sourire malicieux. Oulaya étouffa un rire. — C’est mignon... Mais Mourad n’avait pas envie de jouer. — Khoudia, est-ce toi qui as pris cette photo ? Celle de toi avec le préservatif. Et qui l’a envoyée à Zaynab ? Khoudia ouvrit grand les yeux, jouant la surprise. — Quoi ? Non... Non, je ne lui ai rien envoyé ! Mourad la fixa sans cligner. — Ne me mens pas. J’ai vu la photo dans son téléphone. Oulaya prit la parole, défensive. — Peut-être qu’elle t’a montré un fake. Tu connais Zaynab... — Ferme ta gueule, Oulaya. La réplique claqua, sèche et brutale. Un silence brutal s’abattit. Même Mara fronça les sourcils. Mourad tourna à nouveau ses yeux sombres vers Khoudia. — C’est la deuxième fois que tu me mens. Tu m’avais dit, au Qatar, que t’étais vierge. Tu te souviens ? Khoudia baissa la tête, incapable de soutenir son regard. — T’aurais pu juste me dire la vérité. J’en aurais rien eu à foutre, honnêtement. Mais là... tu viens de me prouver que t’es une menteuse. Et ça, je ne le pardonne pas. — Mourad..., tenta Mara, posant doucement une main sur son bras, calme-toi. — Je suis très calme, maman. Il se tourna vers Khoudia. — Prépare-toi. Je vais contacter les sages. Je vais rompre ce lien de mariage. Je veux plus être lié à toi. Un choc figea toutes les femmes. Saran se leva brusquement. — Tu peux pas faire ça, Mourad. Tu sais très bien que... — Je peux tout faire. Je suis Mourad Yacine Al Fayed. À suivre
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