Chapitre 18 - Ma première aventure de sage-femme. S elon mon estime, au moment où j’obtins mon diplôme, j’étais dans ma vingtième année. Au lieu de réparer des ans l’irréparable outrage , j’avais été obligée de le hâter. Je pense que Dieu me pardonnera cette petite supercherie. C’était tout à fait à la fin de 1839. Le jour même où j’eus mon parchemin, vers dix heures du soir, on sonna à la porte de madame Mutel. Celle-ci était harassée de fatigue. Elle venait de se mettre au lit. J’allai ouvrir. Un homme entre deux âges se présenta : figure honnête et bourgeoise, œil débonnaire. – Est-ce vous qui êtes la sage-femme ? me demanda-t-il. – C’est moi, répondis-je sans hésiter. La chambre n’était éclairée que par une lampe chargée de son abat-jour. L’étranger jeta sur moi un regard et reprit

