Chapitre 1

1961 Words
1 HAILEY Je n’étais pas trop du genre à m’envoyer en l’air chez un inconnu. Pas du tout, en fait. Jusqu’à maintenant. De ce qu’on m’avait dit, Cy Seaborn était un dieu du sexe et bien membré, deux qualités qui m’étaient chères, comme toute femme, supposai-je. Et un cowboy ? Mon dieu, j’étais déjà excitée en lançant mon vieux Land Cruiser sur la route cahoteuse en direction de sa propriété. J’avais mis vingt minutes depuis la ville pour atteindre le ranch de Flying Z, et cinq autres—pour l’instant—pour en remonter l’allée. La maison familiale se dessinait dans le lointain alors que je passai une petite colline. Le décor était saisissant. L’herbe de la prairie était désormais sèche et ondulait au gré du vent qui caressait le doux relief de la lande en direction des montagnes saillantes à l’horizon avec leurs cimes enneigées. Les sommets de Cutthroat, la station de ski, étaient situés de l’autre côté. Il n’y avait pas âme qui vive à cette période, le plus grand silence. Après les pluies automnales, les pistes ouvriraient à nouveau et les gens du coin retourneraient dans leurs maisons de vacances huppées dans leurs 4x4 dernier cri. De riches vacanciers. Mon portable sonna sur le siège passager. Je connaissais cette sonnerie particulière et laissai sonner. Mark m’avait appelée en continu et je l’avais ignoré à chaque fois. Mon coach voulait que je retourne à la salle de sport pour m’entraîner, rencontrer des sponsors, faire des séances photos pour prouver à tout le monde que j’étais opérationnelle à cent pour cent après ma chute. Mon genou allait mieux, mais je n’avais pas la tête à la compétition. Plus depuis l’accident et je n’étais pas sûre que cela revienne. J’avais fait beaucoup d’efforts pour ne pas y penser. Ma rencontre avec Lucas et le temps passé avec lui avaient grandement aidé. Un homme séduisant et beaucoup de sexe avaient cet effet-là sur une femme. Et maintenant il y avait Cy. Mon portable se tut et avec lui toutes les pensées relatives à ma carrière. Je souris. Ça y est. Je ralentis et me garai tout en observant les lieux à travers le pare-brise. Un corps de ferme typique de deux étages, qui devait avoir trente ou quarante ans. Ses flancs étaient couverts de bardeaux blancs et accolés à un vaste porche. J’aperçu d’autres bâtiments que je devinai être les écuries, les dortoirs et quelques autres cabanes. Je n’étais pas venue rendre visite à l’ONG qui y avait élu domicile, mais à l’homme qui la faisait tourner. En parlant du loup… un homme sortit sur le porche, nul doute qu’il m’attendait. Je reluquai son mètre quatre-vingt-dix, ses cent kilos sans la moindre once de gras. Sa chemise bien coupée et son jean ne faisaient rien pour masquer son physique musclé. Si charrier des bottes de foin façonnait un homme de cette manière, il faudrait lancer un nouveau concept de salle de sport. Ou du moins un t-shirt disant Fort comme un cowboy. Des cheveux noirs trop longs bouclaient dans le col de sa chemise et il me démangeait de la lui arracher pour y passer mes mains, de préférence pendant que sa tête serait entre mes cuisses occupée à me dévorer. Je remuai sur mon siège, ma petite culotte déjà trempée en anticipation. Et cette barbe… oh mon dieu, épaisse et fournie, taillée sur les côtés et longue en bas. Quelle sensation laisserait-elle entre mes cuisses ? Une fois le moteur de mon 4x4 coupé, l’air fraichit rapidement, mais pas moi. Je brulais d’envie rien qu’en regardant à travers la vitre. Il ne s’approcha pas mais s’adossa contre un pilier. Il attendait, un fusil à la main. Ça alors. Il n’avait aucune idée de qui j’étais ; Lucas ne l’avait pas prévenu de mon arrivée. Comme Lucas n’était pas encore là—il n’y avait que mon véhicule—je me demandai si c’était une bonne idée. L’idée était un plan à trois… si le troisième—Lucas—voulait bien se montrer. Quant à Cy, il ne semblait pas ravi d’avoir de la compagnie. Cela allait changer ; du moins, c’est ce que j’espérais. Il allait en avoir l’occasion, et idéalement de me b****r à m’en faire oublier la réalité. Il n’était juste pas encore au courant. Après avoir respiré profondément, je sortis de mon 4x4, en faisant bien attention à mon genou gauche et claquai la porte derrière moi. « Tu vas sauter dans ta voiture et foutre le camp d’ici, » cria Cy. Sa voix était sombre, d’une tonalité douce comme une liqueur mais pleine de menaces. Je sentis mes épaules se contracter et fis un pas dans sa direction. Un seul, je n’étais pas complètement stupide vu qu’il était armé. Je ne pensais pas qu’il me tirerait dessus… « Je suis venue—» Il leva sa main libre pour m’arrêter. « Je sais pourquoi tu es là. Des gens comme toi tournent autour de ma propriété depuis la semaine dernière pour écrire leur article. Ils doivent vraiment être désespérés pour envoyer une bonasse comme toi. » Oh. Merde. Il pensait que j’étais une journaliste essayant d’avoir un scoop concernant le fiasco de l’affaire Dennis Seaborn. J’en avais entendu parler. Comme tout le monde à Cutthroat. Le type s’était rendu et était accusé du meurtre d’Erin Mills, la sœur de Lucas. Il avait été interrogé sans relâche et son histoire avait tenu. Jusqu’à ce qu’une photo datée émanant d’une caméra à infrarouge ne montre Erin Mills bien vivante après l’heure à laquelle il prétendait l’avoir tuée. Il était sorti de prison—ils ne pouvaient pas le garder pour un crime qu’il n’avait pas commis—et tout le monde dans l’Ouest du Montana se demandait pourquoi il avait prétendu le contraire. Qui agirait de la sorte ? S’accuser à la place de quelqu’un ? D’un meurtre. Dennis Seaborn était le père de Cy. Avec lequel il était brouillé, d’après ce que Lucas m’avait dit. J’avais rencontré Lucas deux semaines avant le meurtre de sa sœur et je ne savais que trop bien à quel point ça l’avait affecté. Je connaissais son amitié avec Cy, leur entreprise commune. Certes, Lucas détestait Dennis d’être intervenu dans l’enquête sur la mort de sa sœur. Mais il n’en voulait pas à Cy. Et à en juger par son comportement, Lucas devait être le seul à penser de la sorte. Je regardai Cy, son regard rempli de haine et de colère. Pas exactement ce que j’avais envie d’y lire. J’aurais préféré de l’envie et du désir. Des photos de son père que j’avais vues, Cy lui ressemblait. Les mêmes cheveux sombres—même si Dennis avait grisonné—et les mêmes yeux. Les liens du sang étaient évidents. Et les journalistes étaient toujours à l’affut. « Il y a erreur, » dis-je, en levant les mains avant d’approcher. Nous avions tous nos problèmes et je voulais noyer les miens dans une bonne b***e avec deux cowboys. Mais je m’arrêtai quand il leva son arme. « Ola. Tu n’as pas besoin de me descendre. — Alors fais ce que je dis, » le fusil était pointé sur moi, et j’ignorais si la sécurité était en place ou pas, ou s’il était bon tireur. « Je ne suis pas journaliste. — Agent immobilier ? » Des gens s’attendaient-ils à ce qu’il vende son ranch et qu’il s’exile à cause de ce que son père avait fait ? De ce que je savais, le ranch était immense, s’étendant au-delà des montagnes. Lucas dirigeait son ONG depuis la propriété, lui et Cy y recevaient des vétérans atteints de stress post-traumatique. « Absolument pas. — Tu es qui alors ? » Je regardai mes bottes en cuir élimées avant de lever les yeux pour croiser les siens et de faire quelques pas. Il ne releva pas son arme et j’étais à peu près sûre qu’il ne tirerait pas sur une femme. « Je suis skieuse professionnelle. En quelque sorte. » Je haussai négligemment les épaules, ayant donné cette précision plus pour moi-même que pour lui. « Ecoute, je— — Peu importe ce que tu vends, je n’en veux pas. » Il n’avait clairement pas écouté un traitre mot de ce que j’avais dit. « Dégage de chez moi. » Il tourna les talons et retourna à l’intérieur. « Attends ! » appelai-je. Ça ne se passait teeeellement pas comme prévu. Je devais sortir de mon 4x4, lui sourire avant de lui dire que j’étais l’amie de Lucas Mills, que nous baisions—et bien—et que nous voulions qu’il se joigne à nous pour s’amuser un peu, beaucoup ! Avoir deux bites était un de mes fantasmes. Un plan à trois avec plein d’orgasmes ! Et Lucas m’avait dit que Cy était plutôt du genre dominant au lit, ce qui m’allait très bien. Lucas avait tout du mâle alpha mais il ne me poussait pas, et j’avais besoin qu’on me pousse. Je ne dévalais plus les pistes et ça me manquait, mon dieu, la concentration, l’intensité. Je ne faisais rien à moitié. Je n’avais pas gagné des médailles en manquant de confiance en moi. Pas plus dans ma carrière que dans ma vie intime. Je savais ce que je voulais et j’allais le chercher. Et je voulais Lucas, et Cy. Lucas et moi n’avions pas parlé de long terme. Nous voulions nous amuser. Avec le stress post-traumatique qui le faisait se réveiller en sueur après un cauchemar, on aurait dit qu’il ne voulait pas s’engager. Ni même en parler. Cela nous convenait à tous les deux de nous amuser. Mais nous étions d’accord qu’il manquait quelque chose. Et ce quelque chose était un quelqu’un. Mais Cy ne voulait pas en entendre parler. Lucas aurait dû être là pour me soutenir—dire qu’il était partant pour un plan à trois—et moi j’aurais ma double dose de cowboy. Ok, bon, Lucas n’était pas là. Je regardai par-dessus mon épaule vers l’allée. Ouais, pas de trace de Lucas. Mais je pouvais toujours essayer de gagner les faveurs de Cy en attendant. Certes j’avais choisi un ensemble de lingerie rouge, mais à moins qu’il ait une vision laser, il ne le verrait pas vu que j’étais couverte des pieds à la tête, y compris d’une longue écharpe et d’une doudoune. Aucune partie de mon corps n’était visible, encore moins mon décolleté ni mon nombril. Le mois d’octobre dans le Montana n’était pas propice à un striptease en plein air. Avec le vent frais qui arrivait des montagnes, la température ne devait pas dépasser les cinq degrés. Et le beau gosse devant moi n’était pas la seule raison de mes tétons qui pointaient. « C’est Lucas qui m’envoie, » appelai-je, espérant que cela le fasse redescendre. Cela le fit se retourner. De loin, je vis que ses yeux étaient toujours aussi sombres que ses cheveux. Intenses. D’ailleurs, je contemplai la jolie bosse dessinée par sa grosse queue moulée dans son jean. C’était ça que je voulais. Il pouvait me b****r à distance, mais ce serait tellement mieux en vrai. « Et pourquoi diable ferait-il une chose pareille ? » Je déglutis péniblement. C’était ça que je voulais. Deux hommes pour me faire oublier, et me rendre heureuse. J’avais partagé ce fantasme avec Lucas et il était plus que ravi de m’aider à le réaliser. Si seulement il voulait se donner la peine de se montrer. C’était le moment d’agir ou de renoncer. J’étais capable de m’élancer du sommet d’une montagne, en équilibre sur deux planches d’élastomère larges de quatre-vingt-quinze millimètres sans sourciller. Alors pourquoi ne pas dire à Cyrus Seaborn que je voulais chevaucher sa queue ? « Pour que tu puisses me b****r. »
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