Le trajet s'est passé en silence. On n'avait rien à se dire même. Voir mon père ainsi m'avait bouleversé du plus haut point. Une fois chez moi je me suis réfugiée dans ma chambre. J'ai pleuré un bon coup avant de me plonger sur mes cahiers. Je comptais trouver un stage mais vu que c'était sélectif il me fallait sortir du lot. Mais avec ma situation je ne pense pas le climat me sera favorable. Heureusement que j'avais payé tout les frais dès le début de l'année. Et j'avais aussi un peu d'argent ainsi je pourrais assurer mes frais vu que les comptes de mon père avaient étés gelé.
Dans la soirée j'ai surpris Bocar et ma mère parler de l'avocat de mon père. Et pour assurer les honoraires, Bocar devait vendre sa voiture.
- tu peux vendre la mienne Bocar.
Ils se sont tournés vers moi.
- non tu en as besoin pour aller à ton école.
- je pourrais toujours pendre le bus moi.
- non maman a besoin de sa voiture pour aller travailler, d'ailleurs demain maman il va falloir que tu reprenne le travail, lui dit mon frère, papa a besoin de force pour pourvoir avoir de l'espoir. Si nous qui sommes dehors ont se morfond sur notre sort, lui il va faire comment ? Et toi Kiné ne t'en fais pas, mon lieu de travail n'est pas loin donc je vais me débrouiller. Je voudrais juste que vous vous portez bien comme le voudrais mon père.
J'ai acquiescé la tête en signe de consentement. J'ai décidé de sortir pour prendre l'air devant la maison. A cette heure les rues du quartier était vide. Je crois que cet quartier Faisait parti de ceux qui ont moins d'humanité a Dakar. Les gens sont rarement chaleureux ici. Pourtant la famille de Aby et la mienne étaient amies mais les gens ne savent que partager le bonheur, le malheur est orphelin dit-on.
Le lendemain mes cours devaient commencer à 08h. J'y suis allé tôt pour ne pas attirer les regards mais c'était peine perdu. Dés que j'ai franchie l'entrée je suis tombée sur Aby et sa nouvelle b***e. La tête haute j'ai rejoins la salle de classe. Et à 14h je suis rentré chez moi.
Une semaine plus tard l'audience préliminaire à eu lieu et le procès a été prévu dans un mois. L'avocat de mon père n'est même pas bien fichu d'obtenir une libération sous caution. On dirait qu'il voudrait que mon père croupisse en prison vu qu'il l'a conseillé de se déclarer coupable. J'ai dit à mon père de refuser et il m'a écouté. Il nous faut trouver un autre avocat car celui qu'on avait ne faisait pas l'affaire.
Ma mère a repris le travail mais le salaire d'un professeur n'était pas fameux. J'ai alors pris tout les papiers de ma voiture pour les apporter à mon frère qui était dans sa chambre. J'ai posé les papiers sur son lit et suis ressortis sans un mot. Il me rejoignit dans ma chambre.
- ça veut dire quoi ça ?
- les papiers de la voiture.
- je vais en faire quoi?
- Bocar tu vas vendre la voiture car il le faut. Tu n'as pas intérêt à me dire non. Vend le et s'il te plait trouve un autre avocat pour papa.
Voyant que j'avais déjà pris ma décision il m'a souri avant de sortir.
Le lendemain en revenant de l'école j'ai retrouvé ma grand-mère maternelle dans le salon.
- salut Mami.
- Kiné comment tu vas ?
- je vais bien tu es toute seule ici ?
- votre femme de ménage m'a ouvert la porte. Ta mère n'est pas encore revenue.
- elle sera sûrement bientôt là. Et à la maison tout le monde va bien?
- oui et toi comment te porte tu ?
- très bien je me plains pas.
- ta mère je sais qu'elle ne va pas bien, elle ne répond même pas à mes appels.
- elle est sûrement occupé, elle va bien.
- ton père lui il va bien ?
- il essaye d'aller bien même si ce n'est pas facile.
À ce moment ma mère est revenu et je les ai laissé seules.
Après que ma grand-mère soit parti j'ai rejoins ma mère qui avait l'air irrité.
- qu'y a t'il maman ?
- figure toi que ta grand-mère me demande de divorcer.
- quoi ? Tu ne vas pas faire cela n'est-ce pas ?
- l'idée ne m'a jamais effleuré l'esprit. Par contre on va devoir parler d'une chose.
- de quoi ?
- on va devoir vendre la maison
- la maison ? Pourquoi ?
- on n'a besoin d'argent ma fille.
- Bocar n'a pas vendu la voiture ?
- si mais il nous faut de l'argent. Je crois qu'on va devoir vendre pour louer un petit appartement pendant un moment.
- pas de problème pour moi maman. Votre décision sera la mienne.
J'ai dit cela juste pour elle mais comment laisser cette maison où j'ai passé toute ma vie. Je ne me connaissais pas d'autre endroit.
Mon frère a réussi a vendre la maison à un bon prix puis il a loué deux chambres pour maman et moi. Lui il a dit qu'il allait squatter chez son ami.
Les biens de cette vie sont semblables à un faucon sauvage, ils ne demeurent jamais assez longtemps. Me voilà sans maison, sans voiture mais si c'est pour essayer de sauver mon père j'étais capable de tout vendre.
Un samedi en sortant de l'école je me suis assise devant l'arrêt de bus pour attendre le bus qui devait m'emmener quand surgit Aby.
- comme ça mademoiselle attend le bus. Tu es devenu pauvre on dirait.
J'ai préféré ne pas répondre, je me suis levé et j'ai commencé à marcher. Je ne sais pas comment c'est fait mais je me suis retrouvé devant la mer. À même le sol je me suis assise en face de la mer. Je voulais même si c'était pour l'espace d'un moment tout oublier et ne penser à rien.
Mon esprit valsait ici et là à la recherche d'un réconfort que peut-être l'horizon y pourrait quelques choses. En un moment l'endroit était bruyant puis il s'est vidé. Il commençait à devenir sombre mais je ne sais pas c'est comme si on me retenait ici. J'avais une certaine flemme de me lever. L'endroit était désert et je ressentais en moi une paix intérieure. Absorbé par ma contemplation , je ne me suis même pas rendue compte qu'il y'avait un homme assis près de moi. Il ne disait mot et se contentait de regarder l'horizon. La situation m'a semblé un peu drôle mais il a décidé de parler.
- j'adore cette tranquillité... Dit-il sans me regarder.
- j'aime aussi, ça me libère.
- je crois qu'il y'a une chose qui vous tracasse .
- on dirait bien.
- on dit toujours qu'on se confie mieux un inconnu.
- me confier ?
- oui ainsi vous allez vous liberer.
Alors je lui ai tout dit du début à la fin. Il m'écoutait avec un air sérieux.
- j'ai entendu parler de cette histoire et je crois que son avocat n'est pas très investi sur l'affaire.
- non et on est même entrain d'en trouver un autre.
- tu t'appelle comment ?
- Kine et toi?
- Jamil, le nouveau avocat de ton père.
- quoi ?
- je suis avocat et je pense pouvoir défendre ton père.
- tu es sérieux?
- oui et tu me paiera une fois ton père sorti de prison
J'avais vraiment du mal a y croire mais il avait l'air tellement sérieux.
- et maintenant je crois que tu devrais rentrer , cet côté de la ville n'est pas sûre.
- oui et merci. Je te donne mon adresse?
- pas la peine, je te dépose me dit-il en se levant pour m'aider a me relever.
Peut être une lueur d'espoir pour mon père.