La p**e préférée du mafieux

Chapitre 4

Justina

— Tu m’as manqué, chérie, murmure Luther en m’embrassant chaleureusement sur chaque joue.

— Je suis toujours fâchée contre toi, je réplique, le ton neutre.

— Je le sais, répond-il en me tirant une chaise avec galanterie.

Je m’installe, suivie de près par Tiya qui prend place à mes côtés. Luther, diplomate et accessoirement l’homme avec qui j’entretiens une relation – parfois houleuse –, se lance avec enthousiasme dans les présentations. Il semble fier de m’avoir à son bras ce soir.

Mais très vite, mon attention glisse ailleurs.

À quelques mètres de là, une silhouette capte mon regard. Ce profil... je le reconnaîtrais entre mille. Mon cœur manque un battement. Comme s’il avait deviné ma présence, il tourne la tête pile au moment où son nom explose dans ma tête.

Nos regards se croisent.

C’est lui : Théo.

Je détourne aussitôt les yeux, mais l’impact est déjà là. Il faut absolument que je l’approche ce soir. Il doit mordre à l’hameçon.

— Chérie, tu es avec moi ?

— Hein ? Oui, pardon… tu disais ? dis-je, encore un peu flottante.

— Tu sembles ailleurs. Tout va bien ?

— Oui, ne t’inquiète pas. Je réfléchissais à quelque chose.

— Je t’ennuie déjà ? Tu viens à peine d’arriver et tu continues à me bouder ?

— Tu veux vraiment que je réponde à ça ?

— Non, vaut mieux pas, murmure-t-il en attrapant ma main. Je suis désolé pour ma maladresse ces dernières semaines. Je t’expliquerai plus tard. Tu comprendras, j’en suis sûr.

— J’espère, dis-je en balayant la salle du regard.

Trop tard. Théo a disparu.

Merde !

— Tu le connais ? souffle Tiya à mon oreille.

— Qui ça ?

— Théo, dit-elle en désignant l’endroit où il était assis.

— Comment tu connais son prénom, toi ?

— Il paraît que c’est un homme très puissant.

— Suis-moi, s’il te plaît.

— À vos ordres, la Mera.

Je me penche vers Luther et lui murmure :

— Je vais me chercher un verre un peu plus corsé au bar.

— Attends, je peux appeler un serveur.

— Non, merci. J’ai besoin de marcher un peu, de me dégourdir les jambes.

Je me lève, présente rapidement mes excuses à nos voisins de table dans ce milieu, les bonnes manières sont essentielles et me dirige vers le bar, Tiya sur mes talons. Mes yeux fouillent la pièce avec discrétion, à la recherche de l’insaisissable Théo.

Une fois au comptoir, je tends un verre de scotch à Tiya.

— Bon. Vas-y, raconte.

— Je ne l’ai vu qu’une fois.

— Où ça ? Et dans quelles circonstances ?

— À Pékin. J’étais avec un ami dans une suite d’hôtel. Il a débarqué sans prévenir. Quelques secondes plus tard, on nous a fait sortir, moi et ma seconde.

— Qu’est-ce que tu sais de lui ?

— Pas grand-chose personnellement. C’est l’autre fille qui m’a soufflé quelques infos.

— Je t’écoute.

— Elle m’a dit qu’il se cachait derrière sa société, World Unlimited, pour couvrir ses activités illégales. Tu savais que c’était lui, le PDG de cette méga-entreprise internationale ?

— Continue.

— Il serait à la tête de la plus grosse organisation criminelle du moment, impliquée dans des trafics qu’on préfère ne même pas nommer. C’est le Big Boss. Il fait peur à tout le monde.

— Ça, je le savais déjà.

— Il a la réputation d’être impitoyable. On le voit rarement en public. Et les rares femmes qui ont partagé son lit affirment que leur vie n’a plus jamais été la même après.

— Mais qu’est-ce qu’un homme comme lui vient faire dans un pays aussi discret que le nôtre ? Et à une soirée diplomatique, en plus ?

— Sûrement un gros coup en préparation. J’aimerais bien savoir lequel.

— Tu es sûre de vouloir vraiment savoir pourquoi il est là ? je demande en la fixant droit dans les yeux.

— Honnêtement ? Non. J’aime bien ma tête posée sur mes épaules.

— Tu as bien raison.

— Justina, s’il te plaît… Ne t’approche pas de lui. Ce type est dangereux. Beaucoup de filles rêveraient de simplement l’apercevoir une fois pour pouvoir le raconter. Toi, tu l’as déjà vu deux fois. C’est largement suffisant. Reste prudente, la Mera.

— Parle pour toi. Moi, j’ai une soirée à honorer.