Chapitre 7

653 Words
Justina Toc, toc. On frappe à ma porte. — Oui ? dis-je en fermant ma valise d’un geste vif. — Tu vas quelque part ? — Oui, je pars en voyage. — Un voyage ? — Oui. — Pourtant, tu m’avais promis que tu commencerais la messe aujourd’hui… — Je commencerai à mon retour, c’est promis. — C’est exactement ce que tu m’as dit la semaine dernière. Justina, tu te joues de moi ? — Maman Isaac, ne dramatise pas, s’il te plaît. Dimanche dernier, j’étais prise au centre commercial. Tu es venue, tu m’as vue en plein travail. — Et les jours qui ont suivi ? Et la messe du mercredi ? Celle où je t’ai expressément invitée ? — Pour compenser, je t’ai donné 200 000 francs pour l’action de grâce, non ? — Donc pour toi, donner de l’argent suffit à remplacer ta présence à l’église ? Tu t’écoutes parler ? Tu crois que Dieu a besoin de ton argent ? — Grande sœur, mon vol est dans une heure. Je suis déjà en retard. Je t’appelle dès que j’atterris. Angela ! Viens chercher la valise ! criai-je à ma domestique, qui arrive aussitôt. — Justina… C’est vraiment ça, la promesse que tu m’as faite ? — On en reparle à mon retour, répondis-je en lui déposant un b****r sur la joue. Je t’aime aussi. Je sors du dressing à grandes enjambées. Théo m’attend. Et manquer un seul de ses appels ? Hors de question. Quant à Dieu et Chrystelle, ils devront patienter. Je veux bien aller à l’église, mais une fois, juste pour qu’elle me laisse respirer avec ses histoires de messe. Soyons honnêtes : oui, j’ai fait une promesse à ma sœur. Mais entre nous, qui abandonnerait tout ce qu’elle a construit ? Sa réussite, sa liberté, ses privilèges pour faire plaisir à des gens qui, au fond, te jalousent et ne lèveraient pas le petit doigt si tu tombais ? L’argent, c’est la vie. Ma grande sœur devra l’accepter. Aujourd’hui, c’est l’argent qui dirige le monde. Et moi, je suis au sommet. Chaque jour, des millions s’ajoutent à mes comptes. Je ne suis pas du genre à m’exposer. Si je devais ne serait-ce que montrer un aperçu de ce que je possède mes actifs, mes comptes offshore, mes biens immobiliers elle ferait un malaise sur place. C’est pour ça que je reste discrète : parce que le monde est cruel, et les gens encore plus. Et contrairement à ce que beaucoup insinuent, je n’ai jamais eu recours aux marabouts, aux potions ou aux pratiques occultes. Quand je le dis, on me rit au nez. Pourtant, c’est la vérité. Chaque marche gravie l’a été à la force de mon ambition pour ne pas dire à la sueur de mes fesses. Pas grâce à des gris-gris. Je suis bénie par Dieu lui-même. Et ce n’est pas juste une phrase en l’air. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi ma sœur, elle qui passe ses journées à prier, ne voit pas cette évidence. Elle finira par comprendre. En attendant, ce Dieu qu’elle croit fâché contre moi me comble, et pas qu’un peu. Et je compte bien profiter de cette grâce. Le plus longtemps possible. Parce que, soyons claires : c’est moi qui décide. Quand une histoire commence. Quand elle finit. Quand je donne. Et quand je reprends. Et pour être tout à fait honnête, je ne suis pas prête à renoncer à cette vie. Et je doute de l’être un jour. Le goût de l’argent. Du luxe. Le pouvoir d’avoir tout à portée de main. D’évoluer dans une sphère où le monde vous appartient... Vous connaissez ? Non. Bien sûr que non. Nous ne jouons pas dans la même division. Ce que je vis, c’est un autre niveau. Un niveau de jouissance que seules des âmes rares comme la mienne peuvent atteindre. Et moi, je le savoure. À volonté.
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD