Justina
Ma relation avec ma grande sœur est tendue depuis quelques mois. Pourtant, nous étions très proches, presque fusionnelles. Pas si longtemps auparavant, la vie qu’elle critique aujourd’hui, celle qu’elle voudrait que j’abandonne, ne semblait pas la déranger. Je ne comprends pas d’où lui vient cette soi-disant « prise de conscience » qui la pousse à me faire la morale sans cesse, à me supplier de changer de vie. Franchement, c’est épuisant.
Elle a commencé à me faire du chantage en douceur, quelques mois avant qu’un scandale n’éclate avec la femme d’un de mes ex. Depuis, elle s’est mise en tête de faire de moi une sainte.
Mais qu’y a-t-il de mal à vouloir profiter pleinement des opportunités que la vie m’offre ? Elle sait que je suis intelligente, méticuleuse et prudente. Elle connaît mes fréquentations, même les six hommes que je vois régulièrement. Ça devrait la rassurer, non ? Ces six-là, ce sont mes VIP. Avec eux, je peux voyager aux quatre coins du monde sans crainte.
Le premier, mon préféré, s’appelle Ethan. Diamantaire américain, c’est l’homme le plus gentil que je connaisse. Je lui dois tous mes bijoux en diamant. Il me fait voyager partout, me traite comme une princesse. Il m’adore, et c’est réciproque. Il a tout pour que je l’épouse, sauf… au lit, c’est une catastrophe. Même les préliminaires, il ne maîtrise pas. J’ai essayé de l’initier, mais son ego masculin surdimensionné l’en empêche. Je comprends mieux pourquoi ses trois mariages ont fini devant les tribunaux. Cela dit, il compense avec des cadeaux, des virements, des escapades de rêve, une attention rare. Un vrai gentleman.
Ensuite, il y a Toyin, mon banquier personnel, un homme d’affaires nigérian, extrêmement riche et généreux. C’est grâce à lui que j’ai emménagé dans cette villa. Après avoir trouvé la perle rare grâce à un agent immobilier, je l’ai appelé pour qu’il me l’achète. Une villa luxueuse, neuve, dont je suis la première occupante. Il l’a payée 300 millions de francs CFA. Il satisfait tous mes désirs sans discuter. Quelques heures après ma demande, les fonds étaient débloqués. Je suis sa reine.
La décoration et l’ameublement ? Officiellement à ses frais aussi, mais officieusement, c’est le troisième homme qui s’en charge.
Ce troisième, c’est un footballeur international très célèbre. Marié, très respecté, je garde son nom pour moi. La discrétion est notre règle d’or.
Ensuite vient Antonio, mon commerçant italien. Grâce à lui, ma collection de sacs et chaussures de luxe ne cesse de s’agrandir. Il est aussi généreux qu’élégant. Je sais exactement ce que vaut un séjour avec lui, et je le garde jalousement.
L’avant-dernier est un diplomate. Avoir des contacts haut placés dans son carnet d’adresses, c’est indispensable.
Le sixième ? Le Premier ministre d’un pays africain. Lui aussi, c’est une relation discrète. Il m’a offert ma voiture actuelle et a ouvert un mini-supermarché pour ma sœur, comme si ça allait la calmer.
Enfin, il y a un ministre en poste dans le gouvernement de mon pays. Pas celui dont la femme s’est ridiculisée à la fête de ma nièce ; celui-là, je l’ai déjà rayé de ma vie. Qu’il aille gérer sa femme dépressive.
Le ministre que je fréquente encore ne m’est presque d’aucune utilité, mais je le garde sous le coude. On ne sait jamais ce que demain réserve. Il faut toujours un plan B, surtout ici.
J’aurais pu avoir le président en exercice, mais c’est un ami intime de Toyin, donc hors de question. Même si je vois bien qu’il bave sur moi chaque fois qu’il me croise avec son ami. Oui, je passe d’un homme à l’autre, mais avec classe. Je sais avec qui traiter, et comment le faire. Il faut poser des limites, même dans ce genre de vie. Quand je fais quelque chose, je le fais bien.
En dehors de ces six hommes, il y a les autres, ceux que je garde uniquement pour le plaisir charnel. Du « mini-fretin », comme je les appelle. Ils sont doués au lit et me réchauffent quand il le faut. Ma sœur n’a pas besoin de connaître leur existence. Ironiquement, c’est souvent parmi eux que je trouve un semblant de satisfaction sexuelle, car mes VIP, aussi généreux soient-ils, sont rarement à la hauteur au lit. Le seul qui s’en sort un peu, c’est ce fichu ministre de mon pays, le seul, malheureusement, qui ne m’apporte rien d’utile. Et l’utile, chez moi, c’est l’argent.