Justina
— Waouh ! s’exclame ma sœur en me ramenant à la réalité.
Nous venons d’arriver à ma nouvelle villa, achetée pour trois cents millions de francs CFA. Oui, je suis bien cette boss lady que je prétends être.
— Tu aimes ?
— J’adore !
— Et encore, tu n’as même pas fait le tour ni mis les pieds à l’intérieur.
— Toujours toi et ton goût pour le luxe, dit-elle en descendant de la voiture.
— Toi-même, tu connais ton élément.
— Bienvenue, madame.
— Merci. Non, laisse, il y a des cartons dans le coffre. Fais-les sortir, lui ordonnai-je lorsqu’elle tenta de prendre mon sac à main.
— C’est qui, elle ?
— Ma femme de ménage.
— Bonsoir, madame, dit cette dernière.
— Bonsoir, répondit ma sœur en continuant de scruter la cour.
— Laisse-moi te présenter mon personnel. Angela, voici ma grande sœur. C’est la seule personne que tu peux laisser entrer dans ma maison, que je sois là ou non. Je t’en ai parlé hier.
— Oui, madame.
— Parfait. Va décharger la voiture, s’il te plaît.
— D’accord, madame.
— Depuis quand elle travaille pour toi ? me demanda ma sœur en marchant vers la piscine.
— Depuis quelques jours seulement.
— Et tu l’as déjà laissée seule ici alors que tu dormais encore chez moi ?
— Non. Jusqu’à hier, elle venait le matin et repartait le soir. Ce matin, je lui ai demandé d’apporter ses affaires pour commencer à passer les nuits ici avec moi. Je me sentirais moins seule dans cette grande maison.
— Tu ne préfèrerais pas qu’elle continue à venir uniquement le jour ?
— Tu crois que ce serait mieux ?
— Oui.
— J’ai besoin de quelqu’un pour gérer le rangement, la cuisine, et m’aider au quotidien.
— Très bien, mais fais attention. Certaines femmes de ménage peuvent être de vraies plaies.
— Promis, ma petite maman.
— Pose-lui des limites claires dès maintenant. Elle ne doit pas avoir accès à ta chambre ni à ton dressing comme s’il s’agissait de pièces communes. Tu as des bijoux précieux. Ce genre de choses attire les convoitises et peut faire naître de mauvaises idées.
— Je ferai attention, je te le promets.
— C’est tout ce que je te demande.
— Ne t’inquiète pas, je garde un œil sur elle.
— Ok.
— Moussa ?
— Oui, madame ?
— Voici mon gardien, dis-je en le présentant à ma sœur quand il nous rejoignit près de la piscine.
— Bonsoir, madame.
— Bonsoir.
— Moussa, voici ma grande sœur, celle dont je t’ai parlé hier.
— D’accord. Bonne arrivée, madame.
— Merci, Moussa.
— Elle est autorisée à venir ici même en mon absence. Tu la laisses entrer, personne d’autre. C’est clair ?
— Oui, madame.
— Tu peux retourner à ton poste, ordonnai-je en entraînant ma sœur pour la visite.
Après avoir fait le tour de la propriété, nous nous installons enfin dans le salon.
— Ta maison est magnifique.
— Merci. Tiens, dis-je en lui tendant un trousseau de clés. Voici le double de toutes les clés : portail, porte d’entrée, toutes les pièces, y compris ma chambre et mon dressing. Garde-les, on ne sait jamais.
— D’accord.
— Tu te souviens du mot de passe de mon coffre-fort ?
— Oui, sauf si tu l’as changé.
— Non, c’est toujours le même.
— Ok. Merci pour ta confiance.
— Si je ne fais pas confiance à ma sœur, à qui pourrais-je le faire ?
— J’ai vraiment de la chance de t’avoir comme sœur.
— C’est plutôt moi qui ai de la chance. Tu m’aimes comme si j’étais ta fille. Tu as toujours été là pour moi.
— Toutes les grandes sœurs devraient faire ça.
— Désolée, mais non. Il y a des choses que je vois là-dehors… laisse tomber. Toi, tu es la meilleure.
— Merci, chérie.
— Je t’en prie. Tu peux venir ici avec les enfants quand tu veux, même si je ne suis pas là. Le personnel sait que tu es chez toi ici.
— D’accord.
— Je sais que ton mari te met parfois la pression.
— Tu ne crois pas si bien dire.
— Si tu as besoin de souffler, de changer d’air, viens ici avec les enfants. Sans stress. Ici, c’est chez toi.
— Merci beaucoup. Tu es une femme en or, belle dedans comme dehors.
— Je tiens ça de toi, ma petite maman chérie.
— Merci pour tout.
— C’est gratuit. J’ai une faim de loup. J’ai envie d’un bon plat italien de mon restaurant préféré. Ça te dit ?
— Oh oui ! Tes escaliers interminables m’ont creusé l’appétit.
— Ces petits escaliers-là ? Ton mari ne te fait plus faire de cardio le matin ou quoi ?
— Tchrummm ! Ne m’énerve pas, dit-elle en se levant.
— On peut aimer son mari à ce point-là ? lançai-je en la taquinant.
— L’amour, hein ? Hum ! L’amour est à l’agonie.
— Pourtant, je t’ai entendue gémir fort cette nuit…
Le regard qu’elle me lança me fit éclater de rire.
— Ce n’était pas toi, oh ! dit-elle en me toisant.
— Si seulement les regards pouvaient tuer… répondis-je en riant encore.
Je prends mon sac, mes clés de voiture, et la suis hors du salon. Moi, intervenir dans les disputes d’un couple qui se voit nu tous les jours ? Jamais. Ils passent leur temps à s’insulter, mais la nuit, c’est elle qu’on entend gémir. Je ne sais pas comment ils font pour se réconcilier aussi vite après des disputes aussi violentes.