Entre Soupirs et Silences

1390 Words
Néryn referma doucement la porte derrière lui, les ailes encore vibrantes d'une légère excitation. La ville l'avait épuisée, mais elle l'avait aussi émerveillé. Il n'avait jamais vu autant de lumière, de bruit… de vie. Et Max. Son cœur tambourinait rien qu'en repensant à lui. — Tu fais une de ces têtes, on dirait que t'as vu un esprit des marais, plaisanta Arlen en entrant derrière lui, un sourire espiègle sur les lèvres. Néryn rougit aussitôt.— C'est faux… j'ai juste un peu chaud. — « Un peu chaud », hein ? C'est Max, c'est ça ? demanda Arlen en se laissant tomber sur le lit avec nonchalance. Il est plutôt… impressionnant, pas vrai ? Grand, sûr de lui, regard de braise. Il a ce genre de sourire qui fait fondre les omégas à dix lieues à la ronde… — Je… je ne l'avais pas remarqué, murmura Néryn en regardant ailleurs. — Bien sûr que si. Tu t'es mis à bafouiller dès qu'il t'a parlé. Et tes ailes ont tremblé. Je te jure, si j'avais eu une feuille à la main, j'aurais pris des notes. T'étais adorable. — Arlen, arrête… grogna-t-il à voix basse, mais un sourire nerveux flottait sur ses lèvres. Arlen se relève à moitié, un coude sur le lit, l'air hilarant. — Tu l'aimes bien, hein ? Avoué. — Ce n'est pas ça, répondit Néryn, les joues en feu. C'est juste que… c'était la première fois qu'un alpha me regardait comme ça. Comme si je n'étais pas une erreur. Arlen s'adoucit, son sourire se fit tendre, mais avant qu'il ne puisse répondre, la porte s'ouvre sur Lyam. Le silence tombe aussitôt dans la pièce. Lyam s'avança d'un pas assuré, son regard posé uniquement sur Néryn. — Je peux te parler ? En privé, dit-il, la voix neutre mais ferme. Arlen haussa les sourcils, échangea un regard bref avec Néryn, puis se leva. — Je vous laisse. Pas trop de bêtes, hein ? lança-t-il en quittant la chambre, un clin d'œil discret à Néryn. La porte se referma derrière lui. Un silence tendu s'installe. Lyam resta debout, les bras croisés, observant Néryn sans mot dire. — Est-ce que… j'ai fait quelque chose de mal ? osa-t-il demander, les ailes légèrement répondues. Lyam serre la tête, puis s'approche lentement. — Non. Mais il faut qu'on parle. Néryn déglutit difficilement alors que Lyam s'approche. Il sentait dans l'air une tension qu'il ne comprenait pas tout à fait. L'alpha s'arrêta à quelques pas de lui, le regard plongé dans le sien, comme s'il cherchait à y lire une vérité. — Je t'ai entendu, dit-il enfin. Toi et Arlen. Néryn sentit le rouge lui remonter aux joues. Il baissa la tête, gêné. — Ce n'était rien… juste une discussion. — Juste une discussion, répéta Lyam, la voix étrangement posée. Sur Max. Il marque une pause, puis reprend, le ton plus bas, plus serré : — Je te veux, s'il te plaît ? Néryn leva brusquement les yeux. Il ouvre la bouche, mais aucun mot n'en sortit. La question l'avait frappé de plein fouet. — Je… je ne sais pas. Je viens à peine de le rencontrer, balbutia-t-il. Il m'a juste… parlé gentiment. Lyam hocha lentement la tête, le regard toujours fixé sur lui. — C'est donc suffisant, pour que ton cœur batte comme ça ? Néryn recula d'un pas, surprise par la douceur presque amère dans sa voix. Il n'avait jamais entendu Lyam parler ainsi. Ce n’était pas une colère ouverte. C'était… un orage silencieux. — Je ne comprends pas... murmura-t-il. Pourquoi ça te dérange ? Lyam reste silencieux quelques secondes. Puis il s'approche d'un peu plus, impliquant l'espace entre eux à presque rien. Sa voix tomba, grave et contenue : — Parce qu'il ne te connaît pas. Pas vraiment. Il t'a vu avec tes ailes argentées et ton regard doux, et il s'est dit que tu étais joli à regarder. Mais il ne sait rien de toi, de ce que tu as traversé, de ce que tu caches sous tes silences. Néryn le fixait, le souffle court. — Et toi, tu sais tout ça ? exigea-t-il à voix basse. Lyam n'a répondu pas tout de suite. Il soutint son regard, puis dit enfin : — J'apprends. Et je ne suis pas très doué pour ce genre de choses… mais j'essaie. Il détourna un instant les yeux, comme pour reprendre contenance, puis continue d'une voix plus calme : — Je ne te retiendrai pas, Néryn. Tu es libre. Mais… si quelqu'un doit te regarder comme un trésor, ce ne sera pas Max. Le silence retomba, plus lourd, plus intime. Néryn sentit quelque chose naître en lui, confus, chaud, déroutant. Il se contenta d'hocher doucement la tête. — D'accord… Il s'arrête à deux pas de moi. J'étais tellement figé que je ne réalisai même pas que je retenais mon souffle. — Neryn, murmura-t-il en inclinant un peu la tête, sa voix grave se faisant plus douce, presque caressante. Je vais être très clair avec toi. Je ne suis pas du genre à courir après quelqu'un… et encore moins du genre à mendier de l'attention. Mais je n'aime pas qu'on touche à ce qui m'appartient. Mon cœur rata un battement. Les mots résonnèrent en moi comme une onde étrange. Ce qui m'appartient ? — Je ne comprends pas… soufflai-je, presque incapable de soutenir son regard. — Tu me plais, Neryn. Depuis le moment où je t'ai vu, j'ai senti quelque chose que je n'avais jamais ressenti avant. Et je déteste ce que je ressens quand je vois un autre te regarder avec insistance. Je ne suis pas un homme patient. Mais avec toi, je vais faire un effort. Parce que je sais que tu découvres tout ça. Que c'est nouveau, étrange, peut-être même effrayant. Je sens mes joues chauffer si violemment qu'elles devaient briller comme des lucioles. Je baissai la tête, mes doigts crispés sur le bord de ma tunique trop longue pour moi, les ailes tremblantes. Je ne savais plus quoi dire. Je ne savais même plus ce que je ressentais. C'était comme si mon ventre s'était changé en nuage. Il franchit les deux derniers pas qui séparent nousient, si proche maintenant que je pouvais sentir la chaleur de son corps, et cette odeur , cette odeur rassurante, boisée, légèrement musquée, familière désormais. Il leva une main et la pose doucement sur ma joue. — Je ne vais pas te forcer. Ni t'effrayer. Mais je veux que tu comprennes que je ne suis pas indifférent. Et que je ne compte pas laisser quelqu'un d'autre te séduire sous mes yeux. Je levai lentement la tête, rencontrant ses yeux. Il y avait quelque chose dans son regard — une intensité brute, mais aussi une douceur que je n'avais jamais vue chez lui jusqu'à présent. Un éclat presque vulnérable. Puis, doucement, presque timidement malgré sa carrure, il se pencha vers moi et pose ses lèvres sur les miennes. Ce fut un b****r bref. Léger. Un contact fugace. Mais pour moi, ce fut un cataclysme silencieux. Mon cœur explosa dans ma poitrine. Mon souffle s'étrangle. J'ouvris de grands yeux, ne comprenant pas ce qui venait de se passer, mais sentant pourtant que quelque chose venait de changer. Il recula lentement, un mince sourire en coin, satisfait de ma réaction. Moi, je reste là, incapable de parler, de bouger, encore figé par l'écho de ce b****r. — Je te plais ? exigea-t-il d'un ton moqueur. Je reste muet. Puis, comme un idiot, je hochai la tête, à peine perceptible. — Hm, alors je vais devoir m'assurer que tu n'oublies pas ça, dit-il avant de tourner les serres. Il alla vers la porte, mais je trouve soudain la force de parler. — Et Lioran ? soufflé-je. Je… Je t'ai vu hier soir. Il est entré dans ta chambre… Lyam s'arrête. Sans se retourner, il dit simplement : — Je vais régler ça aujourd'hui. Il ne remettra plus les pieds dans ma chambre. Puis il sort. Je reste là, les mains tremblantes, le cœur battant comme s'il allait sortir de ma poitrine. Mes lèvres me paraissaient encore chaudes. Mes ailes frémissaient sans raison. J'avais mal au ventre, mais c'était… agréable. Étrangement agréable. Je me laisse tomber sur le lit, les mains sur le visage. — Qu'est-ce qui m'arrive… Un sourire incontrôlable naquit sur mes lèvres. Je crois que je devenais fou.
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