Escapade et regards possessifs

1290 Words
Arlen, fidèle au poste, l'attendait dans le couloir, un panier en osier à la main et un sourire excité aux lèvres. — Prêt à faire tourner quelques têtes ? exigea-t-il en jetant un coup d'oeil à sa tenue. — Je ne veux pas… faire tourner des têtes, marmonna Néryn, les joues déjà roses. — Alors essaie au moins de ne pas bégayer quand tu verras Max, rit Arlen. Ils descendent tous les deux, et Lyam les attend dans l'entrée, adossés au mur, les bras croisés. Il observait Néryn d'un regard neutre mais attentif, et quelque chose dans sa posture semblait tendu, presque protecteur. — Vous partez ? exigea-t-il simplement. — Oui. Lyam hocha lentement la tête, puis son regard se plante dans celui de Néryn. — N'oubliez pas de rentrer avant la tombée de la nuit. Et surtout… évitez les alphas trop collants, dit-il d'une voix douce, mais lourde de sous-entendus. Arlen haussa un sourcil amusé, mais ne dit rien. Néryn, lui, sentit son estomac se nouer, sans trop savoir pourquoi ce simple avertissement le rendait… heureux. Ils sortent tous les deux, laissant Lyam dans l'encadrement de la porte, les yeux encore fixés sur le dos de Néryn. Dans la ville, la foule animée semblait déjà s'être faite à la présence du garçon-fée. Plusieurs têtes se retournaient à leur passage, tantôt avec un sourire, tantôt avec une curiosité plus franche. — Tu as vu comme ils te regardent ? soufflé Arlen. Même les fleurs sur le balcon veulent t'admirer. — Tu exagères. — Je ne fais jamais ça. Enfin, presque jamais. Ils traversèrent les ruelles pavées, saluèrent quelques visages familiers et arrivèrent enfin dans la rue commerçante. Les vitrines brillantes, les tissus colorés suspendus aux devantures et les étals remplis de bijoux, de capes et de chaussures donnaient à l'endroit un air de carnaval. Néryn n'en revenait pas de la variété. Il effleurait les tissus du bout des doigts, curieux. Il essayait d'imaginer ce qu'il aimerait porter pour plaire un peu… à lui-même. Mais aussi à Lyam. Rien de trop voyant. Quelqu'un a choisi de doux, de joli. De lui. — Regarde celui-ci ! s'exclama Arlen en lui mettant un gilet court brodé de motifs argentés sur le torse. Parfait pour toi, non ? — C'est un peu… court, non ? murmura Néryn en se regardant dans un miroir. — C'est parfait, corrigea Arlen avec un clin d'œil. Et tu sais qui penserait pareil ? Max. Comme s'il l'avait exploré, Max est apparut quelques instants plus tard au détour d'un stand de ceintures en cuir. — Tiens, ma fée préférée, lance-t-il d'un ton charmeur. Néryn rougit immédiatement. — Bonjour, Max… Max s'approche, les yeux pétillants. — Toujours aussi adorable. Tu cherches quelque chose ? Peut-être que je peux t'aider à choisir ? — On s'en sort très bien, merci, coupa Arlen en posant une main protecteur autour de Néryn. Nous somme en mission : le relooker. Max rit doucement, mais son regard s'attarda un instant de trop sur le torse de Néryn. Celui-ci détourna aussitôt les yeux, gêné. — Je vous laisse, alors. Mais si tu veux un deuxième avis, Néryn… je suis dans le coin, ajouta-t-il en s'éloignant. Néryn soupira doucement. — Il est… étrange. — Il est alpha, rectifie Arlen. Et plutôt tenace. Mais ne t'en fais pas. Quelqu'un d'autre veille déjà à ce que tu ne te feras pas dévorer. — Tu parles de Lyam ? exigea-t-il sans le nommer vraiment. — Je parle de ce regard qu'il t'a lancé avant qu'on parte, oui. Le genre de regard qui dit "touche pas à ce qui est à moi". Néryn baissa les yeux, un peu troublé par cette pensée, mais étrangement réchauffé. — On continue ? demanda Arlen en lui tendant un autre haut aux couleurs douces. Celui-là irait parfaitement avec tes ailes. Le reste de la matinée se passe entre essais, rires et brefs échanges avec des inconnus curieux. Néryn sentait son monde s'agrandir, mais au fond de lui, une chose restait : l'impression que quelque part, des yeux sombres continuaient de le regarder… comme s'ils ne l'avaient jamais quitté. Le chemin du retour fut plus calme. Le soleil déclinait lentement derrière les collines, projetant une lumière dorée sur les pierres anciennes du village. Néryn tenait le petit sac en tissu que lui avait offert Arlen, contenant deux nouvelles tenues soigneusement pliées — des pièces simples, mais jolies, qui lui ressemblaient un peu plus. Ils marchaient côte à côte, et cette fois, Arlen ne parlait pas autant. Il semblait percevoir que quelque chose flottait dans le silence de son compagnon. — Tu es pensif, dit-il doucement. — Je réfléchis, répondis simplement Néryn. — À quoi ? Max ? Des compliments ? Les alphas qui t'ont tourné autour ? Ou… à Lyam ? Néryn n'a répondu pas tout de suite. Il serra un peu le tissu du sac contre lui. — À tout, je crois. C'est… nouveau. Je ne suis pas habitué à ce genre de salutations. Ou à ces sensations-là. —Bienvenue dans le monde des émotions, déclare Arlen en riant doucement. C'est un vrai labyrinthe. Et toi, tu viens à peine d'y entrer. Ils arrivèrent enfin devant la maison. Le bois clair de la façade était baigné par la lumière du soir, et l'intérieur semblait calme. Néryn pousse la porte, et aussitôt, l'odeur familiale de miel chaud et de bois ancien l'enveloppe. Il inspire un peu plus profondément, comme pour se rassurer. — Pose tes affaires, je vais ranger les fruits, proposa Arlen. — Merci… pour tout, souffla Néryn. Arlen lui fait un clin d'œil complice. — Tu me remercieras le jour où tu embrasseras Max sans devenir aussi rouge qu'une cerise. — Arlen ! Le rire du jeune oméga résonna dans la pièce tandis qu'il disparaissait dans la cuisine. Néryn, lui, monta dans sa chambre. Il pose le sac sur son allumé et s'assit un instant, observant les plis du tissu, les couleurs pastel qu'il avait choisies. Puis il regardait ses ailes — toujours transparentes, mais légèrement irisées sous la lumière. Il y avait une tension douce dans son cœur. Comme un appel, quelque chose d'à la fois inconnu et familier. Il se souvenait du regard de Lyam, un peu plus tôt. De son sourire en pièce. De sa voix qui lui avait demandé un bisou, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Et ce petit frisson qu'il avait ressenti lorsqu'il s'était penché vers lui. Tu es à moi , voilà ce que ce regard disait. Et même s'il ne comprenait pas tout, Néryn n'arrivait pas à s'en détacher. Un bruit de pas dans les escaliers le tira de ses pensées. Il se leva pour aller ouvrir la porte avant qu'on ne frappe. Arlen entre avec un plateau contenant quelques fruits, des biscuits et une tisane chaude. — Voilà pour toi, dit-il en déposant le plateau sur la table basse. Rassure-moi, tu vas manger ? — Oui. Merci. Arlen s'installe sur un coussin à côté de lui. — Alors ? Qu'est-ce que tu retiens de ta journée ? Néryn sourit légèrement. — Qu'il existe beaucoup de types de beauté… mais une seule personne me fait rougir sans même parler. Arlen a pris une source, ravi. - Oh ! Il progresse, mon petit papillon. Tu deviens poétique. Ils rient doucement tous les deux, et pendant quelques minutes, tout semble plus léger. Lorsque la nuit tomba, Néryn prend un bain chaud, puis s'enroula dans un peignoir moelleux avant de s'allonger dans son lit. Ses pensées tournaient, lentes et floues. Demain serait un autre jour. Peut-être avec de nouveaux battements de cœur, de nouveaux regards volés… et peut-être, un peu plus de courage pour s'approcher de celui qui lui a fait découvrir le monde autrement.
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