Confidences sur l’Oreiller

1382 Words
À peine la porte refermée derrière Lyam, je reste un moment figé. Mon cœur battait encore la chamade, mes jouets brûlaient et mes pensées virevoltaient dans tous les sens comme des lucioles affolées. Je me laissai tomber lentement sur le lit, tirant un coussin contre moi pour essayer de contenir ce tumulte intérieur. Je n'avais pas encore trouvé le calme que la porte s'ouvrait brusquement, laissant apparaître Arlen, tout sourire, ses yeux brillants d'une malice à peine dissimulée. — Alors ! fit-il en bondissant presque dans la pièce. C'est du passé quoi ?! Dis-moi tout ! — Arlen… soufflai-je, tentant de cacher ma confusion derrière le coussin que je serrai contre ma poitrine. — Ne fais pas l'innocent avec moi, dit-il avec un grand clin d'œil. J'ai croisé Lyam dans le couloir, monsieur le grand Alpha avait une tête bien trop calme pour que rien ne se soit passé… Et toi t'as la tête de quelqu'un qu'on vient de plonger dans un bain chaud d'émotions. Alors ? Tu me racontes ou je devine ? Je me tournai sur le côté, enfouissant un peu mon visage dans le coussin. — Il m'a juste parlé… — Juste parlé ? Vraiment ? Je te connais à peine mais je te jure que ce n'est pas ton visage de "juste parlé", lancé-t-il en se laissant tomber sur le lit, à mes côtés, le menton posé dans ses mains. Il me fixait, insistant, prêt à m'arracher les mots s'il le fallait. Je laissai échapper à un soupir vaincu. — Il m'a dit que je lui plaisais. Qu'il n'aimait pas partager. Qu'il voulait faire les choses bien, parce que je ne connaissais pas encore… tout ça. Les sentiments. Arlen ouvre grande la bouche, des étoiles plein les yeux. — Ohhh… C'est sérieux ça ! Il t'a dit ça avec ses yeux de loup mystérieux, hein ? Et ? C'est tout ? Il t'a dit ça et il est parti comme une fleur ? Je ne répondis pas tout de suite. — Neryn… — Il m'a embrassé, avouai-je dans un souffle. Un silence de quelques secondes s'abat dans la pièce. Puis : — QUOI ?! Mais c'est énorme ! s'écria Arlen en sautant presque sur place. Tu parles d'un vrai b****r ? Genre… lèvres contre lèvres ? Pas juste un bisou sur le front à la Lyam ? Je hochai la tête lentement. — Et ? Tu as aimé ? — Je… Je crois… que oui, murmurai-je. C'était doux. Mais fort. Comme… comme une vibration. Et après, j'avais chaud, et je ne comprenais rien, mais j'étais heureux. Et… perdu. Et heureux quand même. — Et tes ailes ? demanda Arlen en riant. Je cache mon visage de honte dans le coussin. — Elles ont vibré toutes seules. Arlen rit de plus belle. — C'est officiel, tu es foutu. Je le regarde, confus. — Bienvenue dans le monde compliqué, chaotique, merveilleux et épuisant des émotions. Et laisse-moi te dire que tu viens de tomber dans la marmite. Un Alpha possessif, mystérieux, loyal… et qui en plus embrasse bien ? Tu n'avais aucune chance, mon pauvre. Je serrai doucement la tête, incapable de cacher le sourire qui naissait malgré moi sur mes lèvres. — Je ne sais pas ce qu'il attend de moi… Je ne suis pas comme les autres. Je ne suis pas une fée normale. Je ne suis pas non plus une humaine. Et lui… il est fort, respecté, il sait ce qu'il veut. — Et ce qu'il veut, c'est toi, répondit Arlen simplement. Et je te jure, Neryn, si tu l'avais vu ce matin, la façon dont il t'observait… C'est pas du jeu. Même Lioran et les crocs. — Je ne veux bénir personne, dis-je sincèrement. — C'est pas à toi de t'adapter à ce que veulent les autres. Toi, écoute ce que toi tu ressens. Prend ton temps. Mais… savoure aussi un peu. Ce genre de lien, Neryn, ce n'est pas tous les jours qu'on le vit. Je souris, touché par ses mots. — Merci Arlen. Il m'adresse un sourire tendre, presque protecteur. — Toujours là pour les histoires d'amour compliquées. C'est ma spécialité. Et puis entre nous… je suis ravi que ce soit toi. Je le regarde, surprise. — Pourquoi ? — Parce que tu ne vois pas Lyam comme un trophée. Tu le regardes… comme quelqu'un. Et il a besoin de ça. Je ne répondis rien, trop bouleversé pour parler. Puis Arlen se leva d'un lien, comme s'il craignait d'avoir été trop sérieux. — Bon ! Fin de l'interrogatoire. Détends-toi, respire un bon coup… et surtout, n'oublie pas : demain, c'est moi qui choisis ta tenue si tu veux faire battre son cœur encore plus fort. Je ris malgré moi. Et quand il quitte la pièce, refermant la porte derrière lui, je reste seul dans un calme apaisant. Pour la première fois, je sentais qu'un monde nouveau s'ouvrait à moi — rempli de doutes, oui… mais aussi de promesses. Je reste quelques instants seul après le départ d'Arlen, encore enveloppé dans la chaleur de notre échange, bercé par les émotions qui pulsaient dans ma poitrine comme un chant ancien. Mais il y avait trop de questions dans ma tête, trop de choses que je ne comprenais pas… Je devais apprendre. Comprendre ce monde. Comprendre Lyam. Je me levai d'un pas déterminé, glissai une tunique légère sur moi, et sortis silencieusement de ma chambre. La maison était calme, traversée par la lumière tiède de l'après-midi, et je suivis le couloir jusqu'à la pièce que j'avais entraperçue lors de ma visite : la bibliothèque. Dès que j'en poussai la porte, je fus heureux par l'odeur réconfortante des vieux livres, de la poussière ancienne et du bois ciré. C'était une pièce haute de plafond, tapissée de rayonnages remplis de volumes aux titres dorés, certains anciens, d'autres manifestement plus récents. Une grande baie vitrée laissait passer la lumière du jour, réchauffant doucement un coin de la pièce où un fauteuil et une table basse invitaient à la lecture. Je passai mes doigts sur les reliures, ému. Certains livres parlaient d'histoire des meutes, d'autres de créatures surnaturelles, de magie, de liens… Mon regard fut attiré par un ouvrage épais : Les Liens Sacrés – Mythe ou Destin ? Je l'emportai dans un coin, m'y installai, et plongeai dedans. Les heures défilèrent sans que je ne m'en rende compte. Chaque page soulevait un souffle de curiosité en moi. Des histoires anciennes de couples liés par un fil invisible, capables de ressentir les émotions de l'autre… mais aussi de se bénir mutuellement par ignorance ou peur. Il était question de respect, de patience, de fusion des âmes. Cela me faisait penser à Lyam. À ses gestes, à ses silences. À mon égard. Était-il… lié à moi ? Ou n'était-ce qu'un mirage né de mon ignorance ? Je soupirai, prenant la tête. Une présence légère me tira de mes pensées : Arlen, souriant, portait un plateau. — Je me suis dit que tu serais encore là. J'ai eu raison, on dirait, dit-il en déposant le repas sur la table à côté de moi. — Merci, murmurai-je avec reconnaissance. J'ai perdu la notion du temps… — C'est bon signe. Apprends tout ce que tu veux, petit papillon. Mais pense à manger. Je souris. Il quitta la pièce peu après, me laissant dans ce cocon de silence et de mots. Je reste là jusqu'à ce que la lumière décline lentement derrière les vitres. Puis, fatigué, l'esprit encore agité, je regagnai ma chambre. Je fis couler un bain chaud et parfumé, m'y glissai avec délice. L'eau enveloppe mes ailes dans une douceur tiède, et je fermai les yeux, repensant aux paroles de Lyam, au battement de mon cœur sous ses lèvres, à la chaleur étrange qui m'avait traversé. Je ne savais pas exactement ce qu'il attendait de moi. Mais je savais une chose : je voulais essayer. Faire des efforts. Pour comprendre. Pour apprendre. Versez-lui. Quand je sorts du bain, je me sentais plus léger. Je me glissai dans mon lit, une couverture douce sur moi, mes cheveux encore humides collés à ma nue. Et alors que mes paupières se refermaient lentement, je me fis une promesse silencieuse : demain, je ferai un pas vers lui. Pas parce qu'il l'attend. Mais parce que j'en ai envie.
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