1 mètre 50

Chapitre 9 : La Tempête en Approche

Les jours passèrent, et bien que Léa fût en constante évolution, une ombre persistait dans l’air, une menace sourde que ni elle ni Dylan ne pouvaient ignorer. Les moments de tranquillité qu’ils partageaient, si précieux et rares, semblaient de plus en plus fragiles, comme si la paix qu’ils avaient construite reposait sur un équilibre précaire. Pourtant, malgré cette paix fragile, un changement inquiétant était en train de se produire.

Léa avait décidé de reprendre des études, non seulement pour se redonner un but, mais aussi pour se prouver à elle-même qu’elle était capable de plus que ce qu’elle avait cru possible. Les cours étaient intenses, mais elle s’y donnait corps et âme. Dylan, tout en soutenant son choix, ne pouvait s’empêcher de se sentir un peu délaissé. Les longues heures d’étude et les projets scolaires la tenaient occupée, et bien que la transformation de Léa fût évidente, il ressentait parfois le poids de la distance qui semblait se creuser entre eux.

Un jeudi après-midi, alors qu’il l’attendait chez elle après sa journée de travail, il reçut un message de Léa.

"Je dois te parler ce soir. Je vais rentrer plus tard."

Ce message ne ressemblait en rien à ceux qu’elle lui envoyait habituellement. Pas de tendresse, pas de plan pour la soirée, juste une annonce sèche et brève. Un frisson parcourut Dylan. Il sentait que quelque chose n’allait pas.

À 20 heures, lorsqu’il la vit enfin entrer dans l’appartement, il remarqua tout de suite son visage fermé, ses yeux évitant les siens. Elle semblait plus lasse que d’habitude, et son air préoccupé ne fit qu’accentuer son inquiétude.

"Ça va ?" demanda Dylan, se levant pour la rejoindre.

Léa posa ses clés sur la table sans répondre immédiatement. Elle le regarda enfin, mais son regard était sombre, perdu. Elle se laissa tomber sur le canapé, les mains nerveusement entrelacées.

"Je suis allée voir le médecin aujourd'hui," commença-t-elle d’une voix hésitante.

Dylan sentit son cœur se serrer, un pressentiment désagréable se formant dans sa poitrine. "Tout va bien, j'espère ?"

Léa détourna le regard, et Dylan perçut un frémissement de tension dans son corps. "Non. Enfin, je ne sais pas. Il a fait quelques tests. Il m’a parlé d’un suivi médical plus poussé…"

Le silence s’installa entre eux. Dylan n’osait rien dire, se contentant de scruter son visage, à la recherche de réponses qu’elle ne semblait pas prête à donner. Léa se leva brusquement, ses mains se serrant autour de la tasse de café qu’elle avait laissée sur la table. "Il y a des choses… que je dois affronter. Des parties de moi que je ne peux plus ignorer."

Elle se tourna vers lui, les yeux emplis d’une tristesse qu’elle avait longtemps cachée. "Je suis malade, Dylan. Le médecin m’a parlé d’un problème médical. Un diagnostic qui pourrait tout changer."

Les mots frappèrent Dylan comme un coup de poing dans le ventre. Il resta un instant figé, incapable de prononcer quoi que ce soit. Il n’avait pas vu cela venir, et le monde autour de lui semblait soudainement se déformer sous le poids de cette nouvelle.

"Qu’est-ce que tu veux dire ?" demanda-t-il, sa voix tremblante d’angoisse. "Qu’est-ce qu’il t’a dit exactement ?"

Léa ferma les yeux un instant, comme si elle cherchait ses mots. "Je ne veux pas encore entrer dans les détails. Mais il y a des examens à venir, des choses à confirmer. Et je ne sais pas comment je vais réagir, comment tout cela va se passer."

Elle s’assit de nouveau, les mains se posant sur ses genoux, le regard fixé sur le sol. Dylan, pris entre l’envie de la prendre dans ses bras et la peur de ne pas savoir comment réagir, s’approcha lentement d’elle.

"Léa, tu n’as pas à affronter ça seule. Je suis là pour toi, tu le sais, non ?"

Elle tourna la tête vers lui, une lueur d’incertitude dans les yeux. "Je ne sais pas comment je vais affronter ça, Dylan. Je… je n’ai jamais eu à faire face à un tel inconnu. C’est effrayant."

Il s’assit près d’elle, prenant sa main dans la sienne. "Peu importe ce qui arrive, nous le traverserons ensemble. Je suis là pour te soutenir, et peu importe ce que cela signifie."

Léa hocha lentement la tête, mais ses yeux restaient embués de larmes non versées. "Tu ne comprends pas, Dylan. Il m’a dit qu’il fallait que je commence à penser à l’avenir. Il m’a parlé de traitements, mais il y a aussi des questions… des questions sur la façon dont je vais vivre les prochains mois, voire les prochaines années."

Les mots étaient durs à entendre, et Dylan se sentit pris au piège dans cette réalité qu’il ne pouvait pas changer. Il serra doucement sa main, essayant de lui transmettre la force qu’il avait en lui, bien qu’il se sente lui-même vulnérable face à cette épreuve imprévisible.

"Tu veux dire… il y a une possibilité que tu sois malade ?" demanda-t-il doucement, bien qu’il craignait déjà la réponse.

Léa ferma les yeux, une lueur de peur traversant son regard. "C’est une possibilité, oui. Je suis sous observation, mais… ça pourrait être grave, Dylan. Et je ne sais pas ce que cela signifie pour nous, pour ma vie, pour ton rôle dans tout ça. Je ne veux pas que ça nous détruise."

Dylan la regarda longuement, son cœur battant fort dans sa poitrine. Il avait toujours craint que cette paix qu’ils avaient trouvée ne soit que temporaire, mais jamais il n’avait imaginé que ce serait une maladie qui pourrait tout remettre en question.

"Peu importe ce que ça signifie pour nous," dit-il, sa voix pleine de conviction. "Je serai là, Léa. À chaque étape, je serai là."

Léa leva enfin les yeux vers lui, et pour la première fois depuis qu’elle avait annoncé la nouvelle, un léger sourire se dessina sur ses lèvres. "Tu veux dire que tu ne vas pas fuir ?"

Dylan prit une grande inspiration avant de répondre : "Fuir ? Comment pourrais-je fuir quand j’ai trouvé quelqu’un comme toi ? Peu importe ce que l’avenir réserve, je reste à tes côtés."

Elle le regarda un instant, la peur et l’incertitude toujours présentes, mais quelque chose d’autre brillait aussi dans ses yeux : de l’espoir. Peut-être que ce n’était pas encore fini. Peut-être qu’ils pouvaient encore se relever ensemble, même face à la tempête qui approchait.