À Léon Gérome

202 Words
À Léon Gérome Mon cher ami, vous souvient-il de notre dernière rencontre en Égypte ? C’était sous votre tente, à la limite du désert de Suez, en vue de la grande caravane qui portait le tapis à la Mecque. Vous partiez pour le Sinaï, je m’apprêtais à regagner Alexandrie avec un portefeuille bourré de notes comme vous aviez votre carton plein de croquis. Je connaissais assez l’Égypte pour la peindre en pied, du haut en bas, comme j’ai fait la Grèce du roi Othon et la Rome de Pie IX, mais l’hospitalité d’Ismaïl Pacha m’avait roulé dans des bandelettes qui paralysaient quelque peu mes mouvements : je n’avais plus le droit de publier ex professo une Égypte contemporaine. Votre exemple, mon cher Gérome, me séduisit en me rassurant. Aucune loi n’interdit à l’écrivain de travailler en peintre, c’est-à-dire de rassembler dans un sujet de pure imagination une multitude de détails pris sur nature et scrupuleusement vrais, quoique choisis. Vos chefs-d’œuvre petits et grands n’ont pas la prétention de tout dire, mais ils ne montrent pas un type, un arbre, un pli de vêtement que vous n’ayez vu. J’ai suivi la même méthode dans la mesure de mes moyens qui, par malheur, sont loin d’égaler les vôtres, et c’est seulement à ce titre que le Fellah mérite de vous être dédié. EDMOND ABOUT.
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