7

1605 Words
Aden Amanda bien entourée et en sécurité auprès de Maestro Sianni et des Amis de la Nature, je rejoins mes parents dans la Salle du Conseil. — Ta mère souhaitait te faire part d’une information importante avant de nous laisser à nos histoires de politique, m’informe mon père tandis que nous prenons place à la table du Conseil. D’un signe de tête, il invite l’intéressée à prendre la parole. — Voilà. (Elle plonge son regard dans le mien.) Comme tu le sais, par les gènes que tu as hérités de ton père et de moi-même, tu descends de certaines Entités Divines. — Mère... — Laisse-moi finir. Plusieurs accords ont été établis par nos ancêtres, mais aussi les dirigeants du royaume de Lloerg et celui d’Yr Alban. L’un de ses accords stipulait que si l’une des Clés des Ténèbres trouvait la Clé de la Lumière, il fallait les en avertir immédiatement. Je fronce les sourcils. — Vous les avez prévenus ? (Elle acquiesce.) Arawn, Ceridwen, Cernunnos, Macha… — Badb et Morrigan, oui. (Mon sang ne fait qu’un tour dans mes veines.) Ils ont reçu le message, et ce n’est plus qu’une question de minutes avant leur arrivée. — Bon sang. Je souffle, exaspéré. Mes parents restent parfaitement immobiles tandis que je me tourne vers la grande fenêtre, les yeux rivés sur l’extérieur, où la neige s’est remise à tomber de plus belle. — Quels sont les termes exacts de l’Accord ? je demande aussi calmement que possible. — Maintenir la malédiction et leur ouvrir le Royaume d’Iwerddon afin qu’ils puissent assouvir leur envie de vengeance, en échange de quoi Ceridwen se servira de sa magie afin d’assurer la naissance d’un héritier mâle. Je me pince l’arête du nez, les yeux fermés. Ceridwen étant à la fois guerrière et sorcière, son intervention risque de faire des étincelles. Il y a des risques pour qu’Amanda ne tienne pas. Mais, si tel est le cas, je pourrai toujours la transformer en l’une des nôtres. Étant donné sa situation, le monde des humains est fini pour elle que cela lui plaise ou non. Le mieux que je puisse faire, c’est lui dire la vérité sur ses origines et la protéger jusqu’à ce qu’elle soit prête à accepter pleinement la situation. — C’est noté pour l’Accord et la venue des Entités Divines. (Je rouvre les yeux et me tourne face à mes parents.) Pour ce qui est d’Amanda, je m’en occupe. — Sage décision mon fils, approuve mon père. Ma mère s’approche de moi. — Ne t’en fais pas, nous ferons en sorte qu’elle en sache le moins possible. (Elle m’embrasse la joue avant de me la tapoter affectueusement.) N’oubliez pas l’arrivée des délégations d’Yr Alban et Lloerg pour les Festivités de Samhain, ajoute-t-elle aussi bien pour mon père que pour moi. Sur ces mots, elle sort de la salle. — Faites entrer les Conseillers, j’ordonne à l’attention des gardes. — Oui, Altesse. Ils ouvrent les portes. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, les intéressés entrent dans la pièce. Je les observe prendre place autour de la grande table. Le silence installé, je prends une lente inspiration et annonce : — Messieurs, il y a eu du changement. À peine ai-je le temps d’annoncer que nous avons trouvé La Clé de la Lumière que le brouhaha s’installe autour de nous. D’un côté, les sceptiques. De l’autre, ceux convaincus par la véracité de la légende, encore plus qu’Amanda est à la fois la fille de Lancelot Den Loch et Lady Roxane, dont tous se souviennent grâce à ses nombreux talents. — En partant du principe que tout cela est vrai, qu’est-ce qui nous prouve que la Princesse Amanda ne nous tournera pas le dos en faveur des siens ? demande le Comte Thorfinn. — Pour la simple et bonne raison qu’elle est des nôtres, je réponds. Jusqu’à aujourd’hui, personne ne savait la véritable identité de la Princesse, à l’exception de feu ses parents biologiques et de son père adoptif, pour qui elle se retrouve ici à l’heure actuelle, je réponds. — Ça, et le fait que la demoiselle n’a probablement plus de famille à Iwerddon, si tant est que le Royaume existe toujours, renchérit Gallagher. Je hoche la tête : — La Princesse Amanda est encore jeune. Je vais m’assurer qu’elle apprenne les us et coutumes cymuriennes qui régissent la vie à notre Cour, et qu’elle s’y conforme. Par ailleurs, nous avons parmi nous des invités un peu particuliers qui devraient réussir à nous y aider. Les murmures confus des Conseillers résonnent à travers la salle. D’un claquement de doigts, j’enjoins l’entrée de nos invités. Des exclamations accompagnent l’arrivée des Entités Divines dont l’existence, heureusement, n’est un secret pour personne parmi les Moroï. Arawn et Ceridwen, sont les premiers à entrer, suivis des trois Brigid, enchaînées derrière eux. Je ne peux réprimer un frisson en voyant leur regard vide. Cernunnos et Macha les suivent de près ainsi que Morrigan et Badb, qui font une entrée théâtrale digne de leur nom. Les yeux de Morrigan croisent immédiatement les miens. Mes muscles se tendent instantanément sous son regard scrutateur brûlant. Toujours autant d’envie à assouvir. Ses lèvres s’étirent comme si elle devinait le fond de ma pensée. Badb lui assène un coup de coude dans les côtes en marmonnant : — Ce n’est pas le moment de reluquer. — Dagda n’a jamais été contre le partage. Je lève les yeux au ciel. Mon père se racle la gorge, mettant fermement fin à cette discussion. Les nouveaux venus prennent place dans la salle. Le silence revenu, il prend la parole : — Merci à tous d’être venus. Etant donné que nous attendons la venue des Royaumes de Lloerg et d’Yr Alban, je serai bref. Comme convenu il y a de cela maintenant quelques années, j’ai le plaisir de vous annoncer que nous allons enfin pouvoir vous livrer le Royaume d’Iwerddon. Le visage de l’une des trois Brigid s’illumine instantanément : — Vous avez trouvé La Clé de la Lumière ? Ceridwen lui assène une claque violente. — Ferme-là, Bradwr, crache-t-elle. (L’intéressée recule le visage baissé. Ceridwen lui lance un regard menaçant avant de se concentrer sur mon père.) Votre femme nous a prévenus. Mais ce que nous aimerions savoir c’est qui elle est. Mon père sourit d’un air suffisant : — Mademoiselle Eadlyn Calden ou, plutôt, devrais-je dire, la Princesse Amanda d’Iwerddon, fille de Lancelot d’Iwerddon et de feu Lady Roxane, elle-même descendante de changelins issus de la noblesse Iwerddonienne. (Un mélange d’exclamations résonne à travers la pièce. Il lève la main intimant le silence.) Mon épouse et moi-même avons l’intention de la marier à notre fils. — À noter que j’ai déjà commencé à la faire mienne, j’ajoute la voix grave, une pointe de défiance dans la voix. Mon père s’écarte afin de me laisser la place. Je me mets à arpenter la pièce d’un pas mesuré, les mains croisées dans mon dos. Mon regard passe de l’un à l’autre des visages qui m’entourent. — La Clé de la Lumière unie à l’une des Clés des Ténèbres, moi. — Je suppose que cela veut dire qu’il ne me reste plus qu’une chose à faire, intervient Ceridwen avec non chalance. — Faire en sorte que la princesse Amanda et moi-même ayons un fils afin de régner sur nos deux royaumes, j’acquiesce calmement. — À condition que vous nous offriez l’accès au Royaume d’Iwerddon pour que nous puissions faire justice, me rappelle Arawn. Je me tourne face à lui : — Ne vous en faîtes pas. Le mariage célébré, nous prendrons la mer pour le Royaume d’Iwerddon dont nous ouvrirons les portes grâce à Amanda. Une fois-là, vous pourrez faire ce que vous devez. Morrigan, Macha et Badb échangent un regard entendu : — Il va falloir que nous partions à la chasse aux Strigoïs. — Nos idiotes de Némésis vont s’en mordre les doigts. — Non ! (L’une des Brigid s’avance.) Vous ne pouvez pas faire ça, dit-elle ses yeux suppliants ancrés au mien. (Je pince les lèvres, parfaitement impassible.) Le déséquilibre que vous risquez de provoquer en agissant de la sorte sera irréversible ! — Le déséquilibre, s’esclaffe froidement Arawn. (Mes conseillers l’imitent poliment.) Les Y Tair Chwaer méritent de voir le sort que nous réservons à ce Royaume à qui elles ont beaucoup trop donné. (Il s’approche de la jeune femme dangereusement. L’intéressée reste aussi calme que possible malgré ses légers tremblements.) Tes sœurs et toi allez le voir aussi. Et le subir. Il l’empoigne par les cheveux lui arrachant un gémissement plaintif. Ses sœurs tentent d’intervenir, mais se font maîtriser par Macha et Badb sans grande difficulté. — Veuillez m’excuser, je vais essayer de trouver un usage plus utile à cette bouche insolente, ajoute-t-il à l’attention de l’assemblée. Les cris stridents de la Brigid résonnent entre les murs tandis qu’ils sortent. Les portes se referment lourdement derrière eux. Un silence pesant pèse sur la salle suite à leur départ. Mon père et moi échangeons un coup d’œil entendu. — La session est finie, déclare-t-il posément, merci à tous. L’agitation reprend autour de nous. Les Conseillers nous saluent d’un signe de tête en se retirant. Les Entités leur emboîtent le pas. Morrigan s’arrête à mes côtés. Je prends une lente inspiration tout en croisant mes bras sur ma poitrine. — J’ai du mal à croire que vous ayez fait vôtre cette fameuse Princesse de la Rédemption chérie, se moque-t-elle. — Pourtant, je vous assure que c’est la vérité. Un sourire carnassier étire ses lèvres à l’entente de ma réponse : — Prouvez-le. ** ** ** ** **
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD