C’était une fort longue passerelle, construction aérienne, délicate et ajourée, de près de six cents mètres, soit le tiers de la distance qui séparait Roscoff de l’île de Batz. Le marnage, ici, à l’instar du Mont Saint-Michel, entre le flux et le reflux des marées, pouvait atteindre dix mètres. L’estacade, comme un cordon ombilical, permettait donc aux vedettes faisant la navette entre la terre-mère et l’île d’accoster à marée basse. Les deux hommes s’étaient accoudés au garde-corps de la passerelle, dépassés par une horde de touristes lunettés, chapeautés et caparaçonnés du sac à dos de rigueur. On reconnaissait les femmes indigènes, celles qui rentraient à Batz, à leur jupe fleurie et leurs chaussures à talon. Les autres, désirant sans doute se fondre dans ce qu’elles pensaient être la

