Rogan
Une rage aveuglante a envahi mon corps, chaque cellule de moi criait à la vengeance. Des images de mon père et de ma sœur me sont venues à l’esprit, me déchirant de l’intérieur.
"Ils vont payer pour ça !" Je ne pouvais plus me contrôler. La rage m'a tellement consumé que je n'étais plus moi-même. Jaden était prêt à mettre Mollard en pièces, à venger chaque goutte de sang versé. Sans réfléchir, je me dirigeai vers la forêt, mes puissantes pattes frappant le sol avec force, me propulsant vers l'est, vers la fin de ce qui restait de mon monde.
"Rogan, ne fais pas ça ! S'il te plaît, contrôle-toi !" » a crié Rabed, la voix remplie de peur et d'inquiétude. Mais il n'était pas assez fort pour m'arrêter. La bête en moi refusait d’écouter. J'ai filé à travers les arbres, mes sens aiguisés, ma fureur me guidant.
Derrière nous, Dallas, le loup de Rabed, nous suivait à toute vitesse et se positionnait devant nous, nous barrant la route. Je sentais la tension dans l'air, une confrontation inévitable.
"Dallas, écarte-toi. Sinon, tu m'obliges à t'arrêter," grognai-je, les dents découvertes, prête à le pousser de côté.
"Tu peux faire ce que tu veux, mais tu ne traverseras pas la rivière tant que je serai là", répondit Dallas, calme et déterminé.
"Arrête de me faire perdre mon temps, laisse-moi passer !" Jaden se jeta alors sur lui, mais Dallas, d'un mouvement calme, ne se défendit pas. Ce geste m'a intrigué, m'a irrité et, plus encore, il a accru ma colère. Pourquoi ne se défendait-il pas ?
"Pourquoi ne ripostes-tu pas, Dallas ?" J'ai crié, mon âme brûlant de fureur.
" Parce que tu es l'Alpha actuel de la meute. Ton père savait qu'il allait mourir, c'est pourquoi il t'a drogué pour te protéger. Si tu veux aller combattre Mollard, je ne t'en empêcherai pas, mais souviens-toi, si tu Si tu te fais tuer, les espoirs de ton père à ton égard auront été vains. Et notre meute sera pour toujours les esclaves de Mollard," répondit-il, sa voix sage mais ferme, alors qu'il s'écartait lentement pour dégager le chemin.
Les paroles de Dallas m'ont frappé comme un éclair. Il avait raison. Charger tête première sur Mollard serait suicidaire. Je n’étais pas prêt à abandonner tout ce que mon père avait espéré pour moi. J'avais besoin de prendre du recul, d'organiser ma vengeance, de planifier, de réfléchir. Se lancer aveuglément dans un combat serait une folie.
Je me calmai lentement, mes muscles se détendant alors que je reprenais ma forme humaine. Les larmes ont commencé à couler sur mon visage, imparables. Chaque goutte était une part de ma douleur, une agonie insupportable de perdre ce qui m'était cher.
J'étais seul. Totalement seul. La famille que j'avais connue avait disparu. J'étais le seul à pouvoir protéger cette meute, le seul à pouvoir diriger. Je devais être fort, mais à ce moment-là, je me sentais si fragile.
Je me suis effondré au sol, accroupi, mon cœur s'est brisé et j'ai pleuré pour tout ce que j'avais perdu. Mon esprit oscillait entre la douleur, la rage et l'incertitude.
Rabed, voyant ma détresse, s'avança vers moi. Il m’entoura étroitement de ses bras, comme pour m’empêcher de tomber complètement.
"Arrêtez de dire que vous êtes seul. Nous sommes ici et nous serons votre famille à partir de maintenant. Nous nous battrons à vos côtés et ensemble, nous vaincrons notre ennemi", dit-il doucement en me tapotant le dos. , tout comme mon père le faisait.
Je me laisse aller à son étreinte, appréciant la chaleur de la connexion humaine, la solidarité. Nous étions liés par le sang et la douleur. Nous n’avions plus rien à perdre et c’était cette unité qui nous permettrait de survivre.
Je le serrai plus fort, appréciant le réconfort qu'il m'offrait. Au bout d'un moment, nous nous levâmes tous les deux ensemble, prêts à affronter tout ce qui nous attendait. Nous sommes retournés dans la meute, déterminés à reprendre des forces et à vaincre l'ennemi. Nous honorerions la mémoire de ceux que nous avions perdus.
Les hurlements des loups résonnaient dans la forêt, puissants et désespérés. Ils venaient de toutes les directions, porteurs de douleur et de rage, une symphonie de vengeance prête à exploser. J'étais certain qu'ils étaient tous furieux contre Mollard, chacun partageant la même soif de justice, de vengeance. Ce n'était pas seulement une bataille, c'était un m******e, et de nombreux loups, membres de notre meute, avaient perdu la vie dans cette lutte sanglante.
Je fermai les yeux un instant, laissant le tumulte des cris et des pensées sombres m'envahir. Ils étaient prêts, j'en étais sûr, mais la douleur était encore trop vive. Ma famille, mon père, ma sœur… Tous emportés par cette guerre insensée. Le poids de la perte m’a durement frappé. Comment retrouver la paix après une telle violence ?
"Mes sincères condoléances à toutes les familles qui ont perdu des proches. Tous les morts seront enterrés ce soir, comme de coutume", annonce une voix sombre et solennelle. C'était le rituel, une tradition que nous suivions à chaque perte, mais ce soir, tout semblait plus lourd, plus cruel.
Je me suis retourné lentement, sans un mot, et j'ai quitté les lieux. Je ne pouvais pas supporter de regarder les corps étalés devant moi. Les visages figés dans la mort ne me donnaient qu'une image insupportable des souffrances qui nous étaient infligées. Je ne pouvais pas rester là, à contempler ce qui ne reviendrait jamais. C'était trop… trop pour mon cœur. Les souvenirs de mon père et de ma sœur se mêlaient aux échos des hurlements des loups.
Je m'éloignai, me dirigeant vers ma chambre, l'esprit lourd, les jambes incertaines. Je n’avais pas la force d’affronter cette réalité, cette douleur dévastatrice. Seule, je m'enfermais dans ma chambre, espérant y trouver un peu de répit, mais même là, la douleur me suivait comme une ombre. Le poids des événements continuait de m'écraser et la solitude ne faisait qu'intensifier l'énorme vide que je portais en moi.
La bataille était loin d'être terminée. Mais ce soir, j’avais besoin de temps, ne serait-ce qu’un instant, pour accepter l’impensable.