Introduction

489 Words
Introduction Une antique légende de mer devenue le pivot d’une action dramatique, – un conte de bord, parfois dans le style fantasque du gaillard-d’avant, mais affectant plus souvent l’allure d’un récit chevaleresque, – la relation d’un trait héroïque rigoureusement vrai, bien qu’il revête l’apparence du roman, forment les trois parties principales de cet ouvrage. À la légende de l’Âme du Navire se rattache la peinture des nobles travaux du pilote-lamaneur et de quelques aspects de la marine marchande. Le conte l’Ombre d’un Navire, dû à la verve nautique de Madurec de Tréven, type de couleur qui traverse les trois parties du livre, est à la fois une étude de la littérature orale des marins et une leçon donnée par un de leurs sages. – Puissent nos lecteurs accepter naïvement la naïveté du récit et ne pas lui demander des qualités étrangères à son genre essentiellement maritime ! La nouvelle le Curé de Tréven, suite nécessaire de l’Ombre d’un navire, est le simple exposé d’un de ces actes de dévouement qui honorent si souvent les populations de notre littoral. Une même pensée réunit ces trois sujets, bien moins divers par le fond que par la forme tour à tour riante, sévère, poétique, légère, rapide, et, enfin, élevée à la hauteur d’un généreux exemple digne de l’admiration de tous les gens de cœur. La légende, par ses élans d’un ordre supérieur, l’emporte souvent sur la fantaisie souvent abrupte du conte de gaillard-d’avant que brode Madurec ou que nous brodons d’après lui ; mais ce conte est étroitement lié à la belle histoire du Curé de Tréven. Espérons que nos lecteurs consentiront à se faire matelots avec nous, tant que pérorera notre matelot-conteur. Espérons aussi qu’ils nous pardonneront d’avoir fréquemment substitué notre propre manière à la sienne, au risque d’altérer parfois un texte que nous avons pourtant suivi de très près. Il nous a semblé nécessaire de varier ainsi les styles. Intimidé par les caprices hardis du narrateur, nous avons reculé devant les impatiences du public, trop prompt à s’irriter de la monotonie d’une forme peu usitée. Hélas ! nous sommes loin, bien loin de jouir des privilèges de l’ingénieux Madurec ! Il n’avait rien à redouter, lui, lorsque assis sur un rouleau de cordages, il devisait pendant les quarts de nuit pour aider ses camarades à supporter les ennuis de leurs longues veilles. Les matelots, ses amis, ne se lassaient pas de l’entendre, – aussi bien leur parlait-il une langue qui leur était familière et que nous avons essayé de faire connaître par notre ouvrage le Langage des marins. La suite de ses récits, interrompus par les manœuvres ou par l’appel au quart, était toujours accueillie avec une faveur égale. Heureux Madurec ! il pouvait tout oser sous l’aile de la fraîche brise de mer ; la brise de terre qui apporte à nos oreilles mille rumeurs confuses nous inquiète à bon droit. C’est pourtant à ce vent tumultueux, à ce tourbillon si souvent cruel, que nous livrons aujourd’hui l’Âme et l’Ombre du Navire. Que nos soins et nos vœux les préservent du naufrage ! C’est à des lecteurs non marins que nous présentons ce livre ; prions-les donc de consentir à le lire comme s’ils étaient marins. PREMIÈRE PARTIE L’âme du navire
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