Prologue

1450 Words
Prologue Dans la fraîcheur de la soirée, je frissonne. Je n’ai pas froid, non, loin de là. Je me repasse tout simplement les moments passés avec ma famille pendant ce dernier mois de vacances. Je m’allonge dans l’herbe, dans un champ situé à côté d’une forêt épaisse. Je sens l’herbe fraîche dans mon dos. Je regarde le soleil en train de se coucher derrière la colline. Perdue dans la contemplation du ciel, je n’entends pas les personnes qui viennent d’arriver. Mon frère jumeau et mes sœurs jumelles s’installent à côté de moi. Un animal les accompagne, ma louve plus précisément, Leïla. Elle a un pelage de couleur gris. Elle a une tache blanche présente sur son front qui part en forme de triangle du haut de sa tête, la pointe du triangle descendant entre ses deux yeux. Je la caresse doucement quand j’entends mon frère, Guillaume, souffler comme s’il en avait marre. Rigolant à moitié, j’engage la conversation. « — Oui ? Vous venez profiter de la vie comme moi ? » « — Pas vraiment, en fait on est là car papa et maman nous attendent pour manger… » Me répond mon frère jumeau en soupirant. « — Oh, si ce n’est que ça, j’arrive Guillaume. » Je lui réponds lasse. Je viens de passer mon dernier après-midi tranquille. Demain, c’est le grand rangement de la maison de campagne de mes parents. Nous reprenons la route dans 2 jours en direction de la maison. Je dévisage mon frère et je vois qu’il me sourit tendrement. Voyant que je le regarde, il me tire la langue. Très mature sachant qu’il adore me taquiner. Je remarque que Julia et Louna, mes petites sœurs, se sont levées. Je ne perds pas de temps, et, aidée par Guillaume, je me lève. Nous marchons tous côtes à côtes. Nous ne parlons pas, seul le bruit des oiseaux est audible. Au bout de quelques minutes de marche, nous arrivons tous devant une maison de campagne. De loin, cette maison ressemble à une ferme avec une rivière à ses côtés. J’entre par la porte principale suivie de près par mes sœurs et mon frère. « — Ah, maman a tout préparé ? » Je demande à Louna. Elle hoche la tête et me répond. « — Yep ! C’est pour ça que nous sommes venus te chercher ». Guillaume nous interrompt. « — Je vais aller chercher papa et maman ! Je reviens ! » Il se sauve. Je m’approche du plan de travail afin de voir ce que maman nous a préparé. Des pâtes carbonara, hum, je salive déjà avant d’avoir le plat dans mon assiette. Je me détourne et je rejoins mes sœurs à table. Je suis à peine assise quand ma mère apparaît dans l’embrasure de la porte suivie de Guillaume. Voyant que tout le monde est assis à table, elle s’installe avec nous. « — Ah, enfin, vous êtes là ! Maria, que faisais-tu encore ? » me demande-t-elle tout en souriant. « — Maman, j’étais en train de… » « — Contempler le soleil couchant ? Non ? N'ai-je pas raison ma fille ? » Fait mon père qui vient d’arriver. Il s’installe avec nous. Il me connaît par cœur, je lui fais un sourire en lui hochant la tête. Acquiesçant, il reprend. « Profite de ces derniers jours, car on rentre bientôt à la maison ! » Mon sourire s’efface, Julia parle avant même que j’ouvre la bouche. Elle se tient la tête, signe qu’elle est exaspérée. « — Papa ! Merci de nous rappeler que les vacances se terminent ! » Le sourire de mon père s’efface. « — Voyons Julia ! Vous n’avez pas assez profité de vos vacances ? » Elle commence à argumenter en nous expliquant qu’elle aurait bien voulu une semaine de plus. Mon père essaye de la raisonner. Mais Julia étant très têtue de nature, elle n’écoute rien. Ma mère, qui s’est levée bien avant, coupe court à la discussion depuis le plan de travail. « — Loïc, c’est bon, ce n’est pas la peine d’en rajouter encore ! Ils ont bien profité de ces vacances, ne t’inquiète pas ! » « — Mais, Maïwen ! » répond-il en rigolant. « Si je ne peux plus taquiner mes deux paires de jumeaux préférés, que vais-je devenir ! » « — Et bien, tu survivras très bien ! En attendant, mange ton entrée ! » « — Et voilà que tu t’y mets maintenant ? Ah les femmes ! » « — Mange Loïc ! » « — C’est bon ! Ah là là, si on ne peut plus rien dire ! » Toute la tablée se met à rire de même que mon père. Je le regarde, heureuse. Loïc, c'est mon père, un homme de quarante-huit ans assez impressionnant. Il a une stature assez musclée et semble toujours vouloir faire le gros dur. Mais, en réalité, derrière ce masque de fer, se montre un père très protecteur envers nous et très gentil. Ma mère s'appelle Maïwen et a quarante-cinq ans. Elle est tout le contraire de mon papa. D'une taille fine, elle montre toujours un visage souriant et compréhensif à chaque instant de la journée ! Nous, comment dire... Louna et Julia ont quinze ans tandis que Guillaume et moi en avons dix-sept. Louna et Julia ont toutes les deux hérité de la carrure de maman et ont des yeux verts. Guillaume et moi, nous, on tient de notre papa. Nous avons les yeux bleus. Tout le monde dans la famille est brun, sauf Guillaume et moi, qui sommes roux. Je sais, ça peut paraître bizarre, mais d'après nos parents, nous tenons ça de notre père ! À la fin du repas, alors que nous sommes au dessert, je m’adresse à ma sœur qui est silencieuse depuis le début du repas. « — Et bien, Louna, te voilà bien silencieuse depuis notre arrivée. Qu’est-ce qui ne va pas ? » Elle s’arrête de manger et repousse son assiette. « — Tu sais Maria. Je suis comme Julia, je suis triste que ce soit déjà la fin des vacances… Mais bon. On fait avec… Tu connais nos parents… Tu viens Julia, on va aller se coucher ? » « — Oui ma chère ! Je viens ! À plus la famille ! » répond Julia avec exagération. Elles sortent de table sans plus d’explication. Sur le coup, ma mère semble découragée, et nous regarde. « — Qu’est-ce qu’elles ont en ce moment ? Je ne comprends pas… » Demande ma mère. « — Elles sont tristes qu’on reprenne les cours dans trois petites semaines… » Lui répond Guillaume avec humour. « — Mais… Je comprends mais ce n’est pas une raison pour être comme ça ! » « — Voyons Maïwen, détends-toi ! Elles ne doivent pas avoir envie de partir ! » Commente mon père. « — Oui, mais… Maman, elles ont peut-être besoin de se faire à l’idée que les vacances sont bientôt terminées, et qu’elles vont entrer en seconde cette année. Tu sais ! C’était pareil pour Maria et moi quand nous sommes arrivés en seconde ensemble, mais séparés… » « — Mais, je sais bien Guillaume, mais… » Fait ma mère avant d’être interrompue par son mari. Il commence à lui expliquer que cette année va être différente pour nous six. Et que pour mon frère ce serait peut-être plus dur, car il n'a pas l'habitude d'avoir un père dans le même endroit où il étudie. En effet, à la rentrée, Guillaume va intégrer le même établissement que moi. Pour mes sœurs, il n’y a pas grand-chose qui change car elles passent d’un collège au lycée. Bon, d’accord, elles verront mon père tous les jours... Mais elles vont s’y habituer, j’en suis sûre. Mais pour Guillaume… le fait de passer d’un établissement où il était seul et sans surveillance à un autre établissement, où cette fois-ci, nous sommes tous ensemble avec mon père, va le perturber… Je me suis rapidement habituée à cette situation et maintenant cela ne me dérange plus. Mon père fait la remarque que c'est peut-être pareil pour Guillaume. Cependant il garde le silence et il n’aborde pas ce sujet. En effet, mon frère est très discret concernant ses ressentis… Par moment, j’ai du mal à comprendre mon propre frère jumeau. C’est triste, mais c’est comme ça. Ma mère se justifie : elle essaye de se défendre en disant que c'est pour le bien être de mon frangin que Guillaume va être dans la même école que son père. Guillaume est en quelque sorte le rebelle de la famille. Il avait eu bon nombre de problèmes dans ses anciens établissements. « — Maman, ce n’est pas parce que Guillaume va être avec nous qu’il va arrêter ses bêtises !... Tu le sais. On t’adore, mais tu nous surprotèges par moment ! Et je sais de quoi je parle croit moi… » Les seuls hommes de la famille nous regardent nous affronter. Ne comprenant pas nos sous-entendus, ils sortent de table et vont dans le canapé qui est dans la pièce d’à côté. Le bruit de la télévision se fait entendre, couvrant notre discussion. Au bout d’un moment, comprenant que nous sommes seules avec ma mère, je commence lasse de nos disputes. « — Maman… » « — Maria, ce n’est pas le moment d’en parler ! On en reparlera plus tard. Tiens, aide-moi donc à débarrasser la table, vu que tout le monde a déserté rapidement sans s’occuper de laver la vaisselle et de ranger la cuisine. » Je laisse tomber la conversation en ayant l'idée de la reprendre plus tard. Je m’active donc à débarrasser la table. J’ai enfin fini d’aider ma mère à tout remettre en ordre, je décide de rejoindre mes sœurs dans leur chambre. J’ai l’habitude de discuter avec elles avant d’aller au lit. C’est un rituel que nous avons depuis que nous sommes toutes petites. Je m’arrête devant leur chambre, leur porte est fermée. L’écriteau sur la porte signifie « ne pas déranger ». Je comprends qu’il faut que je les laisse tranquilles toutes les deux. Je rejoins ma chambre en pestant contre mes parents qui n’ont aucune finesse dans leurs paroles.
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