1932 - 1937
J’avais dix-huit ans en 1932 quand je l’ai connue à Lens. Elle en avait vingt et un. Elle s’appelait, à l’époque, Louise Demarez. Elle était la fille d’un droguiste de la rue de Lille, un moustachu bedonnant qui portait haut son statut social de petit commerçant à l’abri du besoin. Elle s’était entichée de moi dans un bal populaire de la région et me collait aux basques pour m’épingler à son tableau de chasse. Elle affichait un physique sans grâce, taille moyenne, coupe à la garçonne, bien en chair sans être grassouillette, seul son regard intense et effronté trahissait sa nature de mangeuse d’hommes. Son père lui louait une petite chambre au-dessus d’un boui-boui de Liévin, dans la banlieue lensoise. « Ma fille a son studio », serinait-il à qui voulait l’entendre. En fait, un
