La transformation

4936 Words
**HIROKO** Le lendemain, comme prévu, je me pointais avec quinze minutes d’avances devant sa porte, le sourire fier. C’est le visage grimaçant et à moitié endormi qu’il me rejoignait sur le palier. Je lui tendais son bentô qu’il mit aussitôt dans son cartable. Je vérifiais d’un rapide coup d’œil que j’avais bien repassé son uniforme blanc et que le bouton recousu la veille tenait bien à son poignet. - « Tu es bien matinale, Hiroko. Grogna Austin en partant devant. - Ha… Oui ! J’ai préparé le bentô avec un peu d’avance. Le pas pressé, je peinais déjà à le suivre et murmurais un simple bonjour qui resta sans réponse. » Pourquoi m’ignore-t-il ?… Il est si mal réveillé ? Ses cheveux blonds étaient parfaitement bien peignés en arrière, seules quelques mèches tombaient au-dessus de ses yeux marron. J’ébouriffais encore plus mes cheveux, agacée. Pourquoi je repensais à cet idiot de Fuyuki ! Avec son satané sourire, on ne sait jamais s’il plaisante ou s’il est sérieux. Un festival… Est-ce que c’est vraiment à la fille d’inviter un garçon ?… Il n’y a pas de loi contre ça non ?… - « Austin ! ! Ma voix tremblait et je n’avais toujours que son dos imposant devant mon visage. - Hum ? quoi ? - Heu… Ce soir… Il y a un festival aux sources Kanamu… - Je ne peux pas venir. - Mais… J’ai encore rien demandé… » Il s’était arrêté et je me cognais contre ses omoplates, arrachant aux passages les quelques barrettes qui retenaient mes mèches rebelles. Il se tournait vers moi, silencieux. Ce moment m’avait paru durer une éternité… Il se penchait alors pour ramasser mes barrettes et me recoiffer sans un mot. Je sentais la chaleur monter sur mon visage, aussi rouge qu’il ne pouvait déjà l’être. - « Si tu as le temps de me faire un bentô, prend le temps de te coiffer. - Je suis coiffée. - Tes cheveux partent dans tous les sens. - Ils sont fins, j’y peux rien. - Beaucoup de filles ont des cheveux fins, ne cherche pas des excuses. Va au moins au coiffeur, fais un brin de maquillage, habille-toi comme il faut. Et… Peut-être que j’envisagerais d’aller au festival avec toi. - C’est vrai ? ! - … Oui… De toute façon… Marmonna-t-il en se retournant : je doute que tu puisses y arriver…. - Alors je passe te chercher à dix neuf heure ! - Hein ?…hum. » J’étais heureuse, il avait accepté de m’accompagner si je me faisais juste un peu plus belle. Après tout, lui, il était toujours séduisant. Arrivé au Lycée il m’abandonnait déjà pour voir ses amis, tandis que Fuyuki me faisait un salut de la main. Etonnant… Vraiment étonnant. D’habitude ses amis m’ignorent totalement… De mon coté je rejoignais ma classe, personne ne m’attendait, comme tous les autres jours. Je m’asseyais à la table du fond, prés de la fenêtre. La place idéale pour voir tout ce qui se passe autour de moi, et dehors. J’étais un peu en avance, et j’observais les feuilles de l’automne parsemer la cour de ses couleurs chaudes. Il y avait du monde en bas, chacun se saluait, souriait, rigolait. Je m’écartais de ce paysage pour y voir mon reflet dans la vitre. Mes cheveux étaient à nouveaux emmêlés autour de mes pinces, mes yeux étaient cernés, ma peau était pâle... C'est vrai que je ne suis pas séduisante. Le soir je m’occupe du repas d’Austin, je fais sa lessive, je fais ses courses, je repasse son uniforme… Je rentre à la maison et j’aide Aeka à faire la même chose, ensuite je prépare le bentô d’Austin et le mien. Puis je vais me coucher, et il est déjà minuit. Je me lève à cinq-heure et demi, j’étends le linge pour Aeka, Je lui prépare tout pour le déjeuner, je finis de préparer le bentô d’Austin pour qu’il soit parfait, je file prendre une douche, et il est sept heures. Je saute dans mes vêtements et je cours rejoindre Austin qui, lui, est déjà parti pour ne pas être en retard. Il est rare que je puisse profiter comme aujourd’hui, d’une si belle mâtinée… Et je me sens pourtant… Si fatiguée. Les paupières lourdes, je m’assommais sur le bureau quand ma voisine posait violemment son sac sur sa table, je bondissais, effrayée. - « Ho pardon ! Rigola la jeune fille. Je t’ai réveillée peut être. - Arrête Missa, Rétorqua le garçon qui s’asseyait devant elle. Déjà qu’elle a des cernes à faire peur, ne lui fais pas faire une tête pareille ! - Ha… Heu… Je bredouillais quelques mots, et me tue finalement. Quoi que je dise, le résultat n’en sera qu’encore pire. - Missa, regarde ! ! Criait joyeusement son amie, pleine d’entrain en lui montrant un magnifique bracelet à son poignet. - Haa ! Il est trop beau ! ! S’excitait Missa en admiration. » Des cœurs et des perles pendaient de son bracelet, scintillant et tournoyant au gré de ses mouvements gracieux. Je rêverais d’avoir un si beau bracelet… D’avoir ses longs cheveux ondulés et ce teint parfait. A quoi penses-tu jeune fille stupide ?… Comme si j’avais le temps de m’occuper de moi… Ce n’est pas comme si j’en avais pas envie ! Maintenant que j’y pense, je me suis tout de suite emballée à l’idée qu’Austin avait accepté de m’accompagner, mais je n’ai pas du tout réalisé les conditions. Me faire belle ? moi ? Etre comme Missa ? Je ne vais jamais y arriver ! Mes cheveux sont indomptables et je n’ai pas de Yukata pour le festival ! Je venais de voir ma soirée tomber à l’eau…et je m’étalais davantage sur ma table, dépressive et fondant comme une larve. « Je n’y arriverais ja-mais ! » La matinée fut aussi ennuyeuse que moi et c’est à l’heure du déjeuner que je rejoignais Austin, la tête remplie de plan en tout genre pour arriver à une métamorphose…une baguette magique ? Marraine la bonne fée ? … Je voudrais être cendrillon ! Alors que je me perdais profondément dans mes pensées, quelqu’un venait de me faire une pichenette sur le front. - « Tu rêvasses Hiroko. - Hein ? ? Fu… Fuyuki ? - Austin m’a dit que tu ne devais pas venir le déranger. - Haa ! Mais pourquoi ? ! » Il me faisait un signe de la main pour me montrer les deux belles créatures qui lui tenaient compagnie. Je sentais une colère jaillir au fond de mon estomac. Il avait accepté de venir avec moi au festival et il flirtait quelques heures avant avec… Deux magnifiques filles ! ! ! ! Je posais inconsciemment ma tête qui vacillait sur le torse de Fuyuki, me sentant venir un malaise tant plus psychologique que physique. - « Haaa… Poussa Fuyuki en me rattrapant. Pas besoin de te mettre dans un état pareil ! C’est quand même pas la première fois ! - Pourquoi… Clamais-je en l’inondant de ma morosité. Pourquoi je suis si laide ! - Hein ?… Ar… Arrête ton délire… Tu n’es pas laide. Tu ne prend juste pas le temps de t'occuper de toi. » ** Fuyuki ** Sa voix avait tout à coup changé, grave et perdue dans ses pensées. Je tremblais rien qu’en la regardant. Ses yeux noisettes se perdaient dans ses nombreuses cernes, son teint pâle devenait presque transparent et son dos se voûtait sur moi, ses deux petites mains accrochées à ma chemise dans un dernier espoir que je lui remonte peut-être le moral. « Hi…roko… Heu… » Non mais sincèrement ! ! ! Qu’est-ce que je suis censé lui dire ? ! C’est vrai qu’elle ne prend pas soin d’elle, je vais quand même pas lui dire le contraire ! Mais… Malgré ça… Je crois que c’est la première fois que je la vois se décourager. D’habitude, elle dirait un truc du genre : « Ce soir, je lui ferais un bon plat chaud ! » … Ce soir ?… Me dis pas qu’elle l’a vraiment invité au festival ? - « Hiroko… Est-ce que… Je reprenais mon souffle et bombait mon torse en reprenant mon assurance et ma bonne humeur. Est ce que tu as invité Austin au festival ce soir ? - Alors tu es au courant… Rétorqua Hiroko dans un soupir désespéré. - c'est bien ce que je pensais. Il t’a dit quoi ? il est d’accord ? - Il a dit… Il a dit… Répéta Hiroko en s’appuyant davantage de tout son poids mort sur moi. Il a dit que si je me faisais belle il viendrait. Mais… Je ne pourrais jamais être comme ces filles ! ! » Je la regardais, les yeux encore écarquillés. Austin lui avait posé une contrainte de taille. On n’est pas censé aimer une fille pour ce qu’elle est ?… Ou je suis trop romantique ? ! En même temps, est ce que quelqu’un pourrait bien avoir envie d’une fille comme elle ?… Qu’est ce que je raconte encore ? ! Après tout… Elle est gentille, dévouée, elle se plie en quatre pour le bonheur d’autrui, elle n’est ni futile, ni capricieuse. Elle est super forte pour faire à manger et est une parfaite maîtresse de maison. Hiroko est le genre de fille… A voir la vie de façon positive dès lors qu’il ne s’agit pas d’elle. Appart ses cheveux et son teint fatigué, c'est une jolie fille. - « Hiroko, viens avec moi ! - HaaaaaaAaa ! » Je la tirais par la main ou elle s’envolait presque tellement elle était menue et démunie de force. On avait encore tout l’après-midi, ça nous laissait largement le temps ! - « Fuyuki ? Et les cours ? Hurlait Hiroko dans mon dos. - On va te faire belle ! ! ! Fais moi confiance ! Austin sortira avec toi ce soir, je te promets qu’il viendra avec toi ! » ** Hiroko ** Il s’était retourné, le sourire aux lèvres, comme d’habitude. Je ne sais pas pourquoi son visage avait toujours était si plaisant. Il était le contraire d’Austin et je me demandais souvent pourquoi ils étaient amis. Et là, particulièrement… Je me demandais, pourquoi il m’aidait ? Ses cheveux rouquins en bataille s’agitaient au-dessus de moi…. Fuyuki m’avait laissé seule chez le coiffeur tandis qu’il m’avait promis de revenir me chercher. Pourquoi je lui faisais confiance ?… En fait, je crois que je n’avais pas le choix, je n’avais réellement aucune idée de comment me faire belle. J’avais passé trois heures chez le coiffeur, un magnifique chignon dressé sur ma tête ornée de bijoux plus brillants et scintillants les uns que les autres. Je me regardais les yeux écarquillés devant le miroir. Mes cheveux tenaient ! ! ! Des milliers de pinces dissimulées dans mes boucles châtains. Mes yeux paraissaient déjà plus grands sous cette petite frange en cascade. Fuyuki était revenu, un grand paquet dans les mains. Il était resté plusieurs secondes sur le pas de la porte, me cherchant du regard avant de s’arrêter sur moi, ses grands yeux marrons, ronds comme des billes. Il me tendit fièrement un paquet. - « Fuyuki… Qu’est-ce que c’est ? - Ta tenue pour ce soir. Attention c’est un emprunt. C’est à ma copine, elle fait à peu près la même taille que toi. - Ta… Ta copine ? ? Et… Tu es sur que je peux ? Ca ne la dérange pas ? - Je lui ai téléphoné, ça ne la dérange pas. Et puis elle a même insisté pour que je te prête celle-ci, elle dit que le bleu se marie bien avec les cheveux châtains. Ha ! au fait… Ta coiffure est magnifique. - Haa ! ! Mer… Merci ! ! C’est étonnant que sa tienne ! ! » Je regardais à l’intérieur du sac, pleine de curiosité, et en tirais un Yukata cousu de fleur de cerisier. Jamais je n’avais porté quelque chose d’aussi beau, raffiné et de si féminin. - « …Comment s’appelle ta copine ? Je ne t’ai jamais vu accompagné. - Elle n’habite pas dans cette ville. J’ai seulement quelques affaires à elle. C’est moi qui vais la voir le week-end. Elle s’appelle Miho Hiruyama. - C’est joli comme prénom. Mais tu es sur que ce n’est pas gênant ? - Hiroko, on n’est pas spécialement amis, alors crois-moi que si c’était le cas, jamais je ne te la prêterais. - C’est vrai… Merci. Et merci de m’aider. Pourquoi tu m’aides d’ailleurs ? - …hum…réfléchissait Fuyuki à haute voix. - Je croyais que tu ne m’aimais pas. - Oui je ne t’aime pas, quand tu es avec Austin. Et je n’aime pas Austin quand il est avec toi non plus. - Alors… Pourquoi tu m’aides à être avec lui ? ! ! ! C’est pas logique ! ! - Votre situation doit évoluer. Clama-t-il en me faisant un clin d’œil, tendant quelques billets au coiffeur. - Haa ! ! ! M’écriais-je en me jetant sur ses billets. non, c’est moi qui paye ! ! - Comme tu veux ! Je voulais juste être gentil. - Tu l'es suffisamment ! » Je ne le comprenais pas. Quoi qu’il dise, il avait toujours le sourire aux lèvres. Plus je le regardais, et plus je souriais à mon tour. C’était agréable. Austin avait vraiment un ami généreux… Pourquoi je ne l’ai jamais aimé d’ailleurs ? Dire que je l’ai jugé sans même le connaître. A part Austin… Je n’aime personne. Peut être que je suis la seule fautive pour ne pas avoir d’autres amis. Je ne fais aucun effort pour aller vers les autres. On était allé chez lui… C’était la première fois que je voyais sa demeure. Une belle maison au bord d’une petite ruelle entourée d’érables. Une toute petite cours devant l’entrée faisait office de jardin. Il n’y avait personne. Je le suivais, on montait l’escalier et il me fit entrer dans sa chambre. Je me sentais étrange… C’était la première fois que je voyais la chambre d’une autre personne qu’Austin. - « Allez, je te laisse te changer. Et après on passe au maquillage. - Au … Maquillage ? - Quoi ?… Tu vas quand même te maquiller un peu non ? Au moins cacher tes cernes et mettre un peu de fond de teint sur ton teint tout pâle. - Mais… - … Quoi… Ne me dis pas que tu ne t’es jamais maquillée ! - Heu… Ben… - Ok ! ! J’ai compris. Souffla Fuyuki avec le sourire. Pendant que tu te prépares je vais chercher ce qu’il faut. Mais… Je t’interdis de raconter ça à qui que ce soit. » Mon téléphone sonnait dans la poche. « Austin ! ! » Je décrochais heureuse de l’avoir au bout du fil : - « Ha. Hiroko, t’es ou ? Pourquoi t’es pas chez toi ? - Hein ? tu es chez moi ? - Je t’ai attendu à la fin des cours, t’étais pas là. - Tu… M’as attendu ?… - Oui, tu pourrais faire quelques courses ? Ma mère va rentrer tard ce soir. Je voulais manger avant de partir. - Tu ne veux pas qu’on mange directement au festival ? - … Au festival ? Répéta Austin sans vraiment comprendre. Quel festival ? » Une boule se creusait au fond de mon estomac. Mon reflet dans le miroir, je me sentais d’autant plus mal à l’aise de me voir en Yukata. - « … Tu as dit que tu viendrais avec moi au festival. - Haa ! ! Tu parles de ça ! Mais il y a une soirée ce soir et… - D’accord… C’est pas grave… - Hop là ! Cria soudainement Fuyuki en me tirant le téléphone des mains. - Austin ! ! C’est Fuyuki ! ! - Fuyuki ? ? ! ! Mais qu’est ce que tu fous avec Hiroko ? - Elle s’est faite belle pour toi. Tu ne vas pas rater ça, hein ? Si tu n’y vas pas avec elle, moi j’y vais. Je suis sure qu’on va bien s’entendre tous les deux. Puis, si on ne va pas manger au festival, elle acceptera sûrement de me faire un bon plat chaud à la maison… - HeiiiN ? ! M'écriais je aussitôt étouffée par la main de Fuyuki. - Fuyuki … Grogna sérieusement Austin : A quoi tu joues là ? - … Et toi ? - … C’est bon, je vous rejoins, vous êtes où ? - Chez moi. » Il raccrochait et lâchait sa main qui recouvrait presque mon visage. Un sourire tiraillé sur ses joues et clama fièrement « il arrive ». Il posait une petite trousse à côté de moi et m’ordonnait de m’asseoir sur la chaise de son bureau. J’en profitais pour examiner sa chambre plus en détail… Plusieurs piles de papier étaient parfaitement alignées sur le coin de son bureau, tandis qu’une commode faisait l’angle. Une trentaine de livre, triés par ordre alphabétique et sans une once de poussière pour altérer leur couvertures brillantes, captivaient mon regard. « sport, santé et préparation physique » ; « Physiologie du sport » ; « sociologie du sport »… Maintenant que j’y regarde de plus près, c’est vrai que Fuyuki est un garçon plutôt musclé. Il est toujours en forme et ne paraît jamais essoufflé ou fatigué. A coté de ça, son lit était plié au carré et seul un coin paraissait un peu en désordre comparé au reste de la chambre. Une console de jeu, une manette et des jeux de tirs en pagaille. Il s’excusait aussitôt du bazar quand il remarquait mon insistance sur ce qui, selon moi, était bien loin d’être si désordonné. - « Tu aime les jeux de tirs ? - Oui, j’aime bien les jeux qui consistent à être minutieux, genre pour faire les headshot ! - Tu es maniaque ? - Absolument pas. Ferme les yeux. - Ta chambre est bien rangée. Rétorquais-je en m’exécutant, tandis qu’il tapotait ma peau d’un coton imbibé de fond de teint. Alors, je ressemble à quoi ? - Attends encore un peu. C’est pas comme si j’avais l’habitude de faire ça. - Le maquillage, il est aussi à ta copine ? - Oui ! Miho a un duplicata d’affaire à elle ici, c’est plus pratique quand elle vient. - Redis-moi pourquoi tu m’aides ? - Pour mon propre plaisir. Je veux voir où ça vous mène. Souffla-t-il en lui relevant le menton. Lève la tête. ** Fuyuki ** Elle m’avait attrapé le poignet, m’arrêtant dans mon élan. Ses yeux aux paupières bleutés s’émerveillaient d’un diamant noisette. Je restais surpris par ce regard sublime, ses longs cils battaient légèrement, s’habituant petit à petit à être maculé de noir. Je ne pouvais pas lui dire le fond de mes atroces pensées. Ce n’était pas lui rendre service que de la rendre si belle. Non… C’était même un envoi direct au fond des ténèbres. Pourquoi je m’en mêlais ?… J'allais changer sa vie sans même savoir si elle aura la force de s'en sortir. Elle a l'air fragile psychologiquement. Peut être que c'est une connerie de faire ça. Elle va vite déchanter quand elle verra Austin fidèle à lui même. Mais je ne peux plus rester là, passif et profitant seulement de sa gentillesse. Si je ne le fais pas… Alors Hiroko restera prisonnière de lui tandis que lui ne saura jamais se prendre en main. Je ne devrais pas m'en mêler mais il est trop tard pour reculer. - « … Qu’est-ce qu’il y a ?… Marmonna Hiroko attendant une réaction alors que je bloquais sur son visage. - Ha… Rien. Tu es belle. Tu devrais te mettre en valeur plus souvent. Mets-toi un peu de rouge à lèvre… Attends… Réclamais-je en cherchant au fond de la trousse. Il y en a un que Miho met souvent, je suis sure qu’il est là. Il est assez discret. » Elle se regardait dans le miroir et ne disais plus un mot. ** Hiroko ** Alors…c’est moi ? Je peux être comme ça aussi ?… Nullement le temps de me regarder davantage qu’Austin sonnait à la porte. Mon cœur paniquait. Un rendez-vous… Avec Austin ! ! Je perdais pieds, je restais calfeutrée dans la chambre tandis que Fuyuki insistait pour que je descende. - « Je peux pas ! - Pourquoi ? ! Tu es belle je te dis ! - Justement ! !…. C’est… C’est pas moi… - … Je sais… Marmonna tristement Fuyuki malgré lui. Mais c’est ce qu’Austin veut non ? - Ce qu’il veut ? - Oui. Donc tu n’as qu’à prendre ça comme un service que tu lui rends. - Tu crois… ? - Tu peux y arriver. » ** Fuyuki ** C’était la première fois que mon sourire sonnait si faux. C’est vrai qu’elle était belle, mais à quel prix devait-elle se sacrifier encore ? Jusqu’à quand devrait-elle abandonner tout ce qui fait d’elle une personne à part entière ? Pardonne-moi… Hiroko… Pour ce que je fais ce soir. Pour ton sourire radieux, pour ton enthousiasme qui va être détruit, pour ta gentillesse qui ne sera plus que souvenir. Te savoir libre et triste… Me paraît pourtant être mieux que d’être enchaînée à ce que tu fais de lui, un enfoiré. - « salut ! Clamais-je en descendant les escaliers. - … Me dis pas que tu as séché les cours pour rester avec Hiroko. Elle est où ? - Elle arrive. Tu t’inquiétais pour elle ? - Non mais ne traîne pas avec elle. Elle est à moi. Je te l'ai dit non ? - Excuse-moi de t’avoir privé de ta cuisinière. Ha, la voilà. On va pouvoir y aller. - … Hi… Hi-ro-ko ?… » Et comme je m’en doutais, il louche sur elle. Qui sait, si la soirée se passe bien, je ne serais peut être pas un monstre. ** Austin ** Je restais subjugué. Elle était belle… Vraiment… Belle. Ce mot résonnait en moi comme si mon esprit refusait d’y croire. Hiroko serait la femme parfaite ? ? Dévouée, à mes services, gentille et… Ravissante ? ! Ses cheveux châtains s’ondulaient dans un chignon sans mèche rebelle, sa frange en cascade ne partait pas dans tous les sens. Ses yeux au fard bleuté reflétaient dans ses deux petites noisettes qui m’observaient timidement tandis que ses lèvres brillante et rosé, donnaient envie d’être embrassées. Qu’est ce qu'il m’arrive tout à coup ?… Je… Je n’arrive plus à détourner les yeux…Son Yukata épousait ses courbes fines et à sa petite poitrine dissimulée. Je prenais Hiroko par la main, l’invitant à me suivre en la couvrant de compliment. - « Tu es vraiment magnifique comme ça, Hiroko. - Hein ? ! C’est vrai ? ! Cria-t-elle en se collant à moi - Oui ! Tu es une parfaite petite amie ! - Ta… Ta… Bégayait Hiroko, passant par toutes les couleurs pour finir rouge écarlate. - He bien… Marmonna Fuyuki en les suivant. Il n’a pas perdu de temps. » ** Hiroko ** C’est en train qu’on rejoignait la station suivante, à quelques mètres du festival de Kanamura. J’avais comme l’impression que tous les yeux étaient rivés sur moi quand je pensais tout à coup à Aeka. Je ne l’avais pas prévenue de ma sortie ! Je me précipitais sur mon téléphone et l’appelais aussitôt. - « Tu es avec Austin ? vraiment ? - Oui, je ne rentre pas tard… - Ses parents sont au courant ? - Heu… Oui, je suppose. - Faites attention tous les deux.» Je levais discrètement les yeux sur Austin qui me faisait un magnifique sourire. Depuis quand il était devenu si gentil ? Il n’avait plus que ce mot aux lèvres… « Belle » Alors… Je lui plaisais vraiment comme ça ? J’étais sa petite amie ? Je me retournais et souriais à Fuyuki qui nous talonnait. Il était vraiment gentil de m’avoir tant aidé. Je n’avais jamais réalisé qu’il pouvait aussi être mon ami. Mon premier ami ? C’est vrai que je n’ai jamais eu d’autres liens que ceux que j’ai avec Austin. Enfin si, une fois. Avant Austin… Il y avait Su. Mais c’est très loin tout ça. Les filles me détestent, me trouve ringarde ou sont jalouse de me voir avec Austin. Et les garçons m’ignorent totalement, à croire que je suis invisible. D’un autre côté, je n’ai pas vraiment le temps d’avoir une vie à côté, je passe mon temps entre ma maison et celle d’Austin. Fuyuki nous faisait signe de la main, rejoignant le stand de tir. - « Fuyuki ne rejoint pas sa copine ? - Il t’a parlé de Miho ? Elle habite loin, ils ne se voient pas souvent. Fuyuki vient ici parce que c’est un fan des jeux de tirs. - Ha, oui c’est compréhensible. Haa ! Regarde ! ! Un stand de peluche ! ! On y va ? - Je n’aime pas les peluches, et j’ai faim. - On a qu’à manger dans ce cas. Tu veux quoi ? - Des Takoyaki et des boulettes aux crevettes. » On s’arrêtait sous les lampions rouges et jaunes, sa chevelure blonde n’en brillait que davantage. La bonne odeur de la friture se mélangeait à l’ambiance festive des troubadours qui défilaient dans les allées. C’était magique. Des rubans nous entouraient, valsaient et dansaient aux travers de nos doigts. Des pétales s’envolaient dans les airs, sifflotant dans l’air doux de l’automne, lancé par les passants qui se mêlaient aux cirques ambulants.
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