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1286 Words
Brianna L’arrivée chez mon père et Sonia coupe court à notre conversation. Pour notre retour, mon père et ma belle-mère se sont attelés à la préparation d’un repas fort peu diététique et très copieux : du foie gras à la dinde aux marrons avec ses pommes de terre au four, en passant par les huîtres, les œufs de lompes ou encore la maison en pain d’épice et la bûche au chocolat. Et pour rendre le tout encore plus convivial, ils ont invité Gladys et Hayden à se joindre à nous. Le repas finit, le fils de Hari et mon demi-frère se ruent vers le sapin sous lequel Hari et moi avons placés les cadeaux ramenés d’Europe avant de nous mettre à table. Du coin de l’œil je les regarde ouvrir leurs paquets, tout aidant Sonia à débarrasser pendant qu’Hari et mon père préparent des chocolats chauds pour tout le monde. Gladys s’assoit près des garçons afin de les photographier en douce. — Ils auraient pu nous attendre tout de même, soupire ma belle-mère en levant les yeux au ciel. — Si tu veux aller ouvrir ton cadeau avec eux, tu peux, je lui dis. — Certainement pas sans toi. (Je la regarde confuse.) Il y a un petit quelque chose pour Hari et toi. Je sens mon cœur s’emballer, ma curiosité piquée au vif. Nous finissons de débarrasser. Lorsque nous regagnons le salon quelques minutes plus tard, plateaux avec tasses de chocolat chaud et assiettes de biscuits de Noël en main, Hayden et Sam se sont déjà retiré dans la chambre de ce dernier pour essayer leurs pyjamas. Hari, mon père, Sonia, Gladys, qui a revêtit son sweat Disneyland Mickey, et moi nous asseyons en cercle. Sonia récupère son paquet ainsi que celui de mon père occupé à nous tendre les nôtres. Hari et moi échangeons un regard curieux. Je laisse mes yeux parcourir le paquet d’une belle couleur dorée, décoré de petits bonhommes en pain d’épice. A en juger par l’aspect et la taille, quelque chose me dit que les deux paquets contiennent un cadeau identique. — Est-ce que vous comptez les ouvrir où est-ce que vous allez rester là à fixer le papier pendant des heures ? s’impatiente Gladys me sortant de mes pensées. — Ça vient, ça vient, rouspète Hari. Il commence à défaire le sien calmement. Prenant une inspiration, je calque mes gestes sur les siens retenant mon envie d’arracher le paquet d’un seul coup pour découvrir ce qu’il y a dedans. Quelques instants plus tard, mon regard se pose sur un vieil exemplaire de Jane Eyre, aux reliures dorées, ainsi qu’une bague magnifique représentant deux mains qui tiennent un cœur surmonté d’une couronne. Hari émet un rire discret tout en soufflant : — La bague de Claddagh. — La bague de quoi ? — La bague de Claddagh. C’est une bague irlandaise, m’explique-t-il. Le cœur symbolise l’amour, les mains symbolisent l’amitié et la couronne la loyauté. Il s’en faut de peu pour que je m’esclaffe à l’entente de sa description. La loyauté. — Il y a aussi une inscription sur la bague, ajoute mon père. Je fais tourner l’anneau entre mes doigts : « Que règnent l’amour et l’amitié dans vos vies. » Je relève et regarde mon père. — C’est toi qui as eu l’idée ? — Oui. Après notre dispute au téléphone il y a quelques jours, j’ai pris le temps d’appeler ta mère pour lui expliquer ce qui s’était passé. Sans grande surprise, elle a pris votre défense en disant que ce n’est pas parce que vous aviez pris la décision de vous fiancer maintenant, que cela voulait dire que vous alliez vous marier dans les jours qui viennent. — Ce qui n’est pas faux, commente Sonia. — J’ai donc réfléchi et décidé en guise de pardon et d’acceptation, de vous offrir un cadeau simple et symbolique qui, du moins je l’espère, vous aidera dans les moments d’adversité à vous rappeler l’importance de votre amour l’un pour l’autre. Quant au livre… (Il s’interrompt et se frotte la nuque, légèrement mal à l’aise.) Disons que j’ai entendu certaines choses qui laissent supposer qu’il y a des parallèles qui peuvent être fait entre votre relation et l’histoire de ce roman, se contente-t-il d’ajouter en haussant les épaules. Hari et moi nous regardons surpris. — Ne laissez pas une espèce de dérangée vous séparer, conclut-il furtivement en entendant Sam et Hayden qui arrivent en courant. Les deux garçons nous font un câlin pour nous remercier des cadeaux, puis Hayden vient se blottir dans mes bras, Sam dans ceux de sa mère. Gladys nous apporte les tasses de chocolat chaud ainsi que les biscuits. Sur demande des garçons, Sonia se lance dans l’histoire de Marie Stahlbaum et du Casse-Noisette. Ils l’écoutent d’une oreille si attentive que, une fois l’histoire finie, il leur faut quelques minutes pour revenir à la réalité. La pendule sonne les douze coups de minuit. Plus excités que jamais, ils se mettent à sautiller sur place imitant la bataille entre le Casse-Noisette et le Roi Souris. Nous les regardons faire en riant. A 00H20, Hari leur signale à leur grand damne qu’il va être l’heure pour lui, Gladys et Hayden de rentrer. — Pourquoi Hayden ne reste-il pas dormir à la maison ? demande Sam tandis que nous regagnons le couloir. — Sam, soupire Sonia, vous avez déjà passé beaucoup de temps ensemble cette semaine. Hayden a le droit de se retrouver un peu avec son papa. — Et puis Brianna a prévu de retourner quelques jours à Spring Valley demain, renchérit Hari. Je lui fais les yeux ronds juste avant que tous les regards ne se tournent vers moi. Mon père fronce les sourcils. — Tu as prévu de rentrer chez ta mère et Bobby ? J’acquiesce. Il plisse les yeux mais, heureusement pour moi, ne s’attarde pas sur la question. Les vestes enfilées, j’accompagne nos invités jusqu’à l’ascenseur. Gladys me prend dans une longe étreinte non sans me signaler que ma décision la déçoit. — Tu me prives injustement d’une séance shopping entre filles, râle-t-elle en se détachant de moi. — Ce ne sont pas les occasions qui manqueront, je lui assure. — Y a intérêt. Je lui réponds d’une grimace puis me baisse vers Hayden avec qui j’échange un gros câlin. — Sois sage avec papa, d’accord ? — Promis. Je l’embrasse sur la joue et le repose à terre. Les portes de l’ascenseur s’ouvrent. — Descendez en éclaireur, je vous rejoins dans une minute, leur dit Hari. — Ça marche. Gladys attrape Hayden par la main. Dernier coucou, dernier sourire. Les portes refermées derrière eux, je me tourne vers Hari. — Je t’enverrai un message demain, une fois que je serai bien arrivée. Il acquiesce. — Tu prévois de retourner au bureau ? — Oui dans la matinée. — D’accord. Il soupire, m’attrape par la taille. Je me laisse aller entre ses bras, le cœur soudainement gros. L’odeur familière de son eau de parfum envahit tous mes sens tandis qu’il me serre fort contre lui. Aussi longs que s’annoncent les jours à venir, je pense que cette petite pause improvisée nous fera du bien. — Prends soin de toi, souffle-t-il, et ne fais pas de bêtises. Je ris. Il dépose un b****r sur mon front et se détache de moi. Je recule de quelques pas tout en prenant une longue inspiration. Les portes de l’ascenseur s’ouvrent une fois de plus. — On se tient au jus. Il monte dedans et appuie sur le bouton. Dans un mouvement hésitant, il se retourne, son regard émeraude ancré au mien. Sa voix s’échappe entre les portes qui se referment : — Je t’aime. ** ** ** ** **
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