Chapitre 3
Driss : qu’est-ce que tu fais ?
Je me fige d’un coup, n’ayant plus le contrôle sur mon propre corps. La peur. Oui, je suis tellement terrorisée d’avoir été surprise que j’en ai perdu mes moyens. Sans me quitter des yeux, je le regarde s’approcher de moi avec un visage bien sévère.
Driss (me secouant sans ménagement) : Faby, qu’est-ce que tu es en train de faire ?
Je sors de ma léthargie mais ne sais pas quoi dire pour ma défense afin de m’en sortir indemne. Quels mensonges pourrais-je bien inventer en ce moment ?
Je réfléchis alors pour trouver une explication plausible pour ma défense. Driss me prend la bouteille des mains.
Moi (lui tendant la main) : remets-moi la bouteille.
Il l’approche de ses narines, pour sentir l’odeur, et à voir son visage qu’il grimace, il n’en aime pas l’odeur. Il lève les yeux pour me regarder avant de poser la bouteille à côté de lui.
Il me fixe du regard en ne disant rien du tout. Mais à travers son regard, je peux déjà lire les émotions qui s’y passent. Je sais que je suis f****e, mais je trouve qu’en même l’audace de vouloir m’en sortir.
Moi (soufflant) : ce n’est pas ce que tu crois.
Driss (me fixant) : …
Moi (la voix tremblante) : je te jure que ce n’est pas ce que tu crois.
Driss (levant un sourcil) : hum
Moi : je ne te mens pas Idrissa.
Driss (d’un ton calme) : Sais-tu ce que tu encours si je sors raconter ce qu’il vient de se passer ?
Moi (nerveuse) : s’il te plaît, Idrissa ne fais pas ça je t’en supplie. J’assume, j’ai fauté mais tout sauf ça.
Un rire sonore quitte sa bouche pour arriver de mes oreilles. Je sais que je ne peux plus reculer, mais au moins je pourrais diminuer ma sentence si ce qu’il vient de se passer reste entre nous.
Driss : tu me fais bien rire (haussant le ton) parce que tu crois que ce que j’ai vu mérite une explication ?
Moi (les larmes aux yeux) : je sais, je sais que ça ne mérite aucune explication, mais je t’en supplie ne mets pas la honte sur moi.
Driss : eh arrête-moi ce théâtre tout de suite.
Je romps la distance qui nous sépare et me laisse tomber devant lui en m’accrochant sur ses jambes.
Je ne peux pas le laisser faire, sa famille est la seule qui ne m’a jamais laissée tomber depuis le début. Sa mère m’a toujours considérée comme sa propre fille et veille à toutes mes moindres besoins. Elle ne se limite pas lorsqu’il s’agit de me venir en aide, peu importe que je la lui demande ou pas. Je ne sais pas comment je pourrais supporter de la voir déçue de moi. Je ne pourrais le supporter, elle est la seule figure maternelle à laquelle je m’identifie. Elle avait même pensé un moment me récupérer chez ma tante pour prendre soin de moi et que je retourne à l’école, mais ma tante avait dit niet.
Moi (en larmes) : je t’en supplie Idrissa ait pitié.
Driss (essayant de dégager ses jambes) : arrête p***** et lève-toi.
Moi (m’accrochant encore plus) : jure-moi que tu ne diras rien à personne.
Driss (s’abaissant à mon hauteur) : eh en plus tu trouves le courage de me faire du chantage ?
Moi (secouant la tête) : non, non je veux juste avoir ta parole.
Driss : remets le caleçon à sa place.
Non ! Il était donc là depuis le début ?
Moi (dépitée) : quel caleçon ?
Lui (haussant le ton) : arrête de te foutre de moi Faby. Remets le caleçon à sa place et avant, enlève ce que tu as mis dessus.
Si la honte pouvait tuer, je serais déclarée morte en ce moment même. Comment ai-je pu être aussi naïve en pensant m’en sortir comme ça ?
Aujourd’hui, je regrette mon amitié avec Marème, je suis en partie responsable mais si elle ne m’avait pas convaincue, je ne serais pas là aujourd’hui à supporter cette humiliation.
Il me relève avec rudesse tout en me montrant mon sac. C’est avec les larmes qui coulent que je l’ouvre une nouvelle fois pour y sortir mon forfait. Jamais de ma vie, je ne savais qu’on pouvait souhaiter la mort à ce genre de moment, mais c’est ce que je prie au fond de moi. J’aurais préféré mourir que de vivre.
Les mains tremblantes, je sors l’objet de mon forfait tout en essuyant le liquide qui sort de mes narines. Driss m'épie comme si j’étais une autre personne, je dirais même qu’il semble être en face d’un inconnu. Je soulève le caleçon, enlève l’épingle et le remet à sa place.
Moi (hoquetant) : [sniff]
Driss (perdant patience) : arrête de pleurer bon sang.
J’essuie en vitesse mes larmes mais ne peut les arrêter.
Driss : je vais déjà te prévenir que j’ai une vidéo à ma possession.
Moi (terrorisée) :
Driss : alors, n’essaie pas de me rouler en farine.
Moi (jurant) : jamais je n’oserais.
Driss (soupirant) : si tu le dis bref, va dans la salle de bain et nettoie-toi le visage.
Moi : ce n’est pas…
Le regard qu’il me lance, ne dit pas mot et c’est en courant presque que je passe la porte de la salle de bain.
Driss : ne ferme pas la porte.
Il n’a plus confiance en moi, ce n’est pas une question mais une certitude.
J’ouvre doucement le robinet, j’ai même honte de me regarder devant la glace. Serait-il possible de pouvoir un jour oublier ce qu’il s’est passé aujourd’hui ?
Driss : je n’ai pas toute la journée mademoiselle.
Je ferme rapidement le robinet et reviens le retrouver, cette fois-ci assis sur le lit. Mes affaires éparpillées un peu partout sur le lit. Ma honte ne peut être plus grande.
Driss (touchant un talisman) : je vois qu’il restait d’autres trucs à faire.
Moi (baissant la tête) : …
Driss : bref, je savais que tu étais amoureuse de mon frère, mais je ne savais pas que tu en irais jusque-là.
Moi : ..
Driss : lol, je ne savais même pas qu’on pouvait être aussi stupide que de marabouter une personne pour qu’il nous aime.
Moi : …
Driss : je vais te faire une confession pour t’alléger un peu.
Moi : ….
Driss (soupirant) : mon frère a toujours su que tu l’aimais.
Moi (surprise) : haa
Driss : ne fais pas cette tête, on n'est pas tous aussi cons que vous ne le croyiez les filles.
Moi :
Driss : et s’il n’y a jamais montré le moindre signe, tu dois bien deviner pourquoi ?
Moi (au fond de moi) : non.
Driss : il ne t’a jamais aimé.
Si c’est pour me faire mal, il a bien réussi le coup. S’il visait mon cœur, bah il ne l’a pas du tout loupé, parce que la douleur, je le sens en plein cœur.
Driss (haussant les épaules) : c’est difficile de te l’avouer, mais c’est ainsi. On ne peut pas tout avoir dans la vie. Rahim est pour Tity.
Moi : ...
Driss (se relevant) : c’est bon, ramasse tes affaires, je vais te raccompagner avant qu’on ne nous trouve ici.
Je fais ce qu’il me dit sans broncher, à quoi bon d’ailleurs ? Je crois même que c’est la dernière fois que je mettrai les pieds dans cette maison.
Une fois tous mes effets en main, il me fait signe de sortir devant. J’ai envie de prendre les jambes à mon cou mais traîne plutôt les jambes. Coup de bol, dès qu’on passe la porte, on se retrouve devant ses parents.
Père Karim : Vous ? Faby toi ?
Moi : euh papa...
C’est ainsi que je l’appelle, en fait c’est lui-même qui m’avait fait la recommandation. Et depuis c’est devenu une habitude.
Ta Pauline (s’approchant de moi) : Faby, ça va ?
Je dois avoir une tête de mort, pour qu’elle ait deviné que quelque chose m'était arrivé. Dans la salle de bain, je n’ai même pas pris le soin de regarder en face. Mais à voir leur visage, je ne dois pas être agréable à regarder.
Moi (essayant de refouler mes larmes) : oui
Pa Karim : ça ne va pas kay, à voir ton visage, on sait qu’il s’est passé quelque chose.
Ta Pauline (à son fils) : qu’est-ce que tu lui as fait ?
Driss (ton cinglant) : comment ça qu’est-ce que je lui ai fait ?
Pa Karim (à moi) : n’hésite à nous parler Faby, s’il t’a fait quelque chose, je jure de le tuer sur place.
Je sais que je ne dois pas parler et que si j’ouvre la bouche, mes larmes risquent une nouvelle fois de couler mais je ne peux faire autrement.
Ta Pauline : je jure que si tu as touché à un de ses cheveux, prépare ta tombe.
Moi (la voix tremblante) : en fait…
Driss (me coupant la parole) : je viens de la demander en mariage.
Ses parents (choqué) : quoi ?