J'ai passé la nuit dans une chambre d'ami chez Kenji, à vrai dire, je m'étais endormi dans le canapé et je me suis réveillé dans la chambre. Je l'ai encore remercié pour la veille avant de prendre congés de lui. Est-ce que tout ce qui s'est passé hier faisait partir du plan ? je ne pense pas, je n'avais rien calculé, je devrais me sentir mal par rapport à ça, mais rien n'y fait, je me sens en paix avec moi-même, oui, j'avoue que je me suis écarté du plan, est-ce que cela m'inquiétait ? oui, est-ce que j'allais y réfléchir et tout remettre dans l'ordre ? non. J'allais juste foncer tête baissée et advienne que pourra. Je suis rentré à la maison comme si rien ne s’était passé. Je suis entré discrètement dans la maison, c'était calme sans doute que le personnel n'avait pas encore pris services alors, je suis entré dans la maison déposant son sac sur la table de l’entrée, un sourire effacé sur les lèvres. Mon père n’était sans doute plus là, vu qu'il était neuf heures, il devait être soit chez sa maitresse, soit au bureau comme d’habitude, je suppose.
Mon regard se posa sur le canapé vide du salon. C’était comme si la maison tout entière était figée dans l’attente de quelque chose. Mais je me refusais d'y penser. Je secouai la tête et montais dans ma chambre. Je n’avais pas le cœur à parler de toute façon. Je préférais mettre de côté ses émotions pour un moment, me concentrer sur ce qui était devant moi. Je passai une main dans mes cheveux mes pauvres bébé étaient tout sec, je n'avais pas fait ma routine capillaire pendant deux jours, je ferais mieux de m'y mettre. Mes yeux étaient fatigués, et mon visage pâle, alors je m’appliquai à aller prendre un bain et d’appliquer un masque à l'aloe vera naturel afin que mon teint balafré reprenne son éclat naturel.
Les jours suivants Kenji avait été là pour moi, on s'était vue deux fois pour travailler et les deux fois, c'était chez moi et les autres soirs, il m'envoyait un message le soir pour me demander si j'allais bien et me souhaiter une bonne nuit, je trouvais ce geste très attentionné. papa lui n'est toujours pas rentré, il m'a appelé le soir de mon retour à la maison pour dire qu'il avait un voyage d'affaire, il devait surement avoir voyagé avec sa pouffiasse, j'ai finalement décidé de ne rien dire, je ne suis qu'un enfant et les problèmes des adultes doit se régler entre eux. Travish était toujours aux abonnés absents et honnêtement, je ne m'en souciais plus, j'en étais même arrivé à l'oublier à cause de Kenji, j'appréciais sincèrement sa compagnie plus que je ne l’aurais imaginé. Il avait cette manière de détendre l’atmosphère, de rendre même les moments les plus stressants agréables. Aujourd’hui, je savais que le seul moyen de me changer les idées était de me concentrer sur nos exposés et surtout de passer du temps avec lui.
Aujourd'hui c'est la veille du Nouvel An et on devait travailler ensemble, on aurait dû le faire hier, mais malheureusement, il a passé la journée avec sa copine, le fait de ne pas pouvoir le voir m'avait dérangé, surtout qu'il nous restait deux jours de travail et qu'on avait beaucoup à finaliser avant lundi, et on était déjà vendredi. après avoir pris ma douche, j'ai pris mon téléphone pour lui envoyé un message. "On se retrouve chez toi pour l’exposé cet après-midi ?" je ne m'étais pas maquillé, car apparemment, j'étais "plus belle sans", il me l'a dit il y a quelques jours et ça m'a fait chaud au cœur, ma mère m'avait éduqué de façon à ne jamais me montrer sans maquillage et Travish lui était d'accord avec cette idée, mais Kenji non, donc pour aller le voir, je restais naturel, car parement, il aimait ça.
J'ai attendu, une heure, puis deux, puis trois avant qu'il ne me réponde et pendant tout ce temps, chaque notification de mon téléphone m'alertait, je regardais pour vérifier si c'était lui, finalement, il m'a répondu que je pouvais passer alors sans attendre, je me suis précipité hors de la maison, prenant une des voitures de mon père pour conduire jusqu'à chez lui. Il m'a reçu chaleureusement, avec son sourire décontracté. Il a même lancé une blague légère pour briser la glace, et me mettre à l'aise, j'étais un peu crispé, regardant partout autour de moi pour vérifier et voir si il y avait une trace du passage de Lone quelque part dans la maison, mais je ne vis rien.
- Alors, prête pour nos finitions demanda-t-il en m'offrant une tasse de café.
- Plus ou moins… dis-je en prenant place pour sortir les notes que j'avais. Je pris une gorgée du café et je souris en réalisant qu'il était parfaitement dosé, je parle de la quantité de café et de lait, comme s'il avait deviné, mais en réalité, lors de notre dernière séance de travail chez moi, je me suis préparé une tasse de café devant lui, je crois qu'il m'a vue faire et à mémoriser ma recette, je ne savais pas comment je pouvais prendre ça, c'était quand même une délicate marque d'attention, ou c'était moi qui me faisais des idées.
Il vint prendre place à côté de moi allumant son ordinateur près du mien et on se mit à travailler, je comprenais plus vide et j'avais des idées constructives, car pendant qu'on travaillait il s'appliquait aussi à me faire comprendre les différents thèmes, par contre quand je travaillais avec Travish, il misait plus sur la mémorisation que sur la compréhension, puisqu'on savait qu'on allait être assis ensemble et il allait pouvoir me fournir les réponses durant les examens. Au bout d'un moment mon esprit se mis à vagabonder et je me surprenais à regarder Kenji sans vraiment le voir, le son de sa voix créant une ambiance familière et réconfortante. Sa voix était enchanteresse.
- Tu sais, si tu veux parler de ce qui te tracasse, tu peux. J’hésitai, puis hocha la tête.
- Ce n’est rien. Je vais m’y remettre. Je me forçais à sourire, mais je savais qu’il avait vu au-delà de mon masque. Il n’insista pas. C’était typique de lui de respecter mes silences.
La journée passa lentement, mais les heures passèrent plus vite que je ne l’aurais cru. On travailla sans relâche, mais il y avait une complicité tacite entre nous qui rendait la tâche plus agréable. Nos échanges étaient légers, ponctués de rires sincères, et comme toujours, j'en oubliais la situation à la maison, cette maison qui se vidait de plus en plus avec mes parents de moins en moins absents. Je n'avais jamais passé les fêtes seul, c'était ironique la façon dont le temps détériorait nos relations, plus petites mes parents étaient toujours présents pour les fêtes malgré leurs occupations puis lentement, c’était soit l'un, soit l'autre, puis finalement, j'avais droit à un des deux pendant une des fêtes et voilà que cette année, j'étais seul durant les deux fêtes, je vivais pratiquement seul dans notre grande maison. Mais à chaque fois que je levais les yeux vers Kenji, un sentiment étrange naissait en moi, quelque chose que je n’étais pas prête à affronter. Quelque chose que je n’arrivais pas à nommer au début, je le voulais pour faire chier Lone mais plus le temps passe, plus je me demande si c'était toujours la raison.
Le travail sur l’exposé prit fin dans la soirée, mais au lieu de rentrer chez à la maison, j'ai volontiers accepté la proposition de Kenji de passer le réveillon ensemble. Qui avait envie de se retrouver seul le jour du Nouvel An ? le fameux jour où tu passes d'une année à l'autre, qui ? j'avais envie de lui demandé ou était sa famille et surtout pourquoi il n'était pas avec sa famille ou surtout qui était ses parents et d’où il venait, mais je ne le fis pas. On n'était peut-être pas si proche, car il n'en avait jamais parlé. À vrai dire, on n'est proche que depuis deux semaines. Je devrais sans doute arrêter de me questionner autant.
On sortit tous les deux sur le balcon pour observer les premières lumières des feux d’artifice, alors que la soirée s’avançait. Kenji me proposa de rester un peu plus longtemps. Et j'acquiesçai, c'était agréable l'air frais, la ville illuminée, il y avait cette ambiance si étrange que je ne pouvais pas vraiment qualifier. J'avais un sourire niais sur les lèvres, la tête tournée vers l'horizon. La nuit étoilée s’étendait devant moi, et pour un instant, elle, j'eus l’impression que tout allait bien. Que tout allait redevenir normal. Mais, alors que je me perdais dans mes pensées, mon téléphone vibra. Je baissai les yeux et vis un message de Travish. Mon cœur s’emballa une fraction de seconde. Il avait réagi à leur dernière dispute, lui envoyant une longue explication.
" Je sais que je t’ai blessée, et je suis désolé, j'ai l’impression qu'on se perd et tu me manques, je n'aurai pas dû le faire avec elle et je le regrette, je ne veux pas que nos tout ça impacte négativement notre relation, je ne la reverrais plus, je te le promets, est-ce qu'on peut se voir ? " je ne répondis pas, je n'avais pas envie de le voir "pourquoi tu ne réponds pas ? " "bub s'il te plait, je suis désolé, je n'aurais pas dû agir comme ça" je verrouillais mon téléphone et mis le mode avion. Il s'excuse uniquement parce que j'ai arrêté de lui courir après d'habitude, je le supplie jusqu'à ce qu'il décide de me pardonner pour la faute qu'il avait commise ou plutôt pour ma réaction "excessive" par rapport à la faute qu'il avait commise. Sauf que cette fois, il y avait eu mon père et Kenji pour détourner mon attention de lui.
Kenji s’approcha doucement de moi.
- Tout va bien ? Je souris, cette fois-ci un peu plus sincèrement.
- Oui, je pense que je vais bien.
Le silence qui suivit ne fut pas inconfortable. Il y avait quelque chose de doux dans la façon dont on partageait ce moment. À minuit, alors que les feux d’artifice explosaient dans le ciel, on se regarda un instant, nos regards se croisant dans un éclat particulier. Kenji fit un pas vers moi, lentement. Je sentis mon cœur s’emballer. Il était là, si près, et tout en moi me criait de ne pas bouger. Il s’approcha encore un peu, ses mains venant doucement caresser mon visage, avec délicatesse comme s'il touchait de la porcelaine et mes yeux se fermèrent automatiquement à son toucher, son parfum s'infiltra dans mes narines, on n'avait jamais été si proche avant. Je crus rêver quand je sentis ses lèvres sur les miennes, c'était d'abord comme une légère brise. puis elles se firent plus pressent, alors je répondis au baisé en suivant le mouvement doux, tendre, mais aussi plein de passion. J'en oubliais tout ce qui nous entourait, tout sauf lui et ce moment magique sous les feux d’artifice. Mes mains s’accrochèrent à lui, cherchant un ancrage, ou plutôt pour le retenir de peur qu'il s'éloigne, je sentais littéralement les papillons dans le bas de mon ventre mes mains étaient moites et mon cœur battant à une vitesse inédite. Le b****r devint plus intense, plus torride, comme une explosion en moi qui résonnait à chaque battement de mon cœur.
Le monde sembla s’arrêter un instant, chaque feu d’artifice illuminant nos peaux, faisant écho à la montée de mes sentiments ? Je ne savais plus où j'en étais. J'avais oublié tout le reste. Ce n’était plus que nous deux, ensemble, dans l’instant. Tout devenait plus clair. La douleur, la confusion, tout ce qui me rongeait disparaissait dans ce b****r, cette connexion silencieuse, mais profonde. il s'éloigna lentement de moi et ses orbes noirs rivés dans les miennes, il lâcha d'une voix grave et basse
- Bonne année Isabella.