À mon réveil le lendemain il y avait plein de paquet-cadeau sur le plancher, je me suis empressé de les déballer et vue l’odeur qu’il y avait dessus c'étaient sans doute des cadeaux mon père, il avait dû rentrer pendant la nuit quand je dormais. J’étais heureuse de tous ces cadeaux qu’il m’avait apportés, même s’il n’avait pas pu être là, il s'était rattrapé. J’idolâtrais mon père, pour moi, il était un modèle, et j’espérais vraiment pouvoir épouser un homme comme lui. Il était parfait, alors j’ai quitté la chambre avec un grand sourire pour aller lui préparer le petit déjeuner afin de le lui apporter au lit.
Quand ce fut prêt, je marchai doucement vers sa chambre sur la pointe des pieds, je sais qu’il avait le sommeil léger donc je devais le surprendre et arriver devant sa porte, je déposai le plateau sur le sol et je l’ouvris délicatement, son parfum envahis aussitôt mes narines et une chaleur familière m’envahit. Je m’apprêtais à me baisser pour prendre le plateau quand je me rendis compte qu’il parlait, sans doute au téléphone, et l’intonation de sa voix était différente un peu comme un murmure, un ton doux, intime un ton que je ne lui connaissais pas. Peut-être c’était maman, un sourire pris possession de mes lèvres, donc c’est comme ça qu’il lui parlait au téléphone quand ils n’étaient que tous les deux, c’était top choux, je décidai de me rapprocher pour mieux écouter, choses que je n’aurais sans doute jamais dû faire, et si j’avais anticipé, c’est sûr que je ne l’aurais pas fait.
- Je sais, mon amour… Je te l’ai promis, non ? Mon amour ? il appelait maman ma chérie, mon cœur se mis à battre arrête de t’inquiéter pour si peu, j’ai pensé que tu l’avais compris hier que je te ferai toujours passer avant tout, toi et notre petit garçon qui est en route, vous êtes désormais ma priorité, je vais trouver un moyen d’être plus présent dans vos vies, je te le promets. Le monde s’arrêta de tourner, je sentis mon souffle se bloquer, mon estomac se nouer et les larmes se remplirent dans mes yeux. Non, ce n’était pas possible, j'avais dû mal comprendre, Mais la suite m’acheva le peu d’espoir qui me restait. Je t’aime mon amour, je vous aime tous les deux plus que tout au monde. La sentence s’abattit en même temps que mon monde qui s'était arrêté de tourner tomba et s’émietta en mil morceaux, matérialisé par l’avalanche de larmes silencieuse qui tombaient sur mes joues. Le silence s’étira dans la pièce, mais dans ma tête, une tempête venait d’exploser, je reculai d’un pas, puis deux puis trois, jusqu’à être complétement loin de sa chambre comme si la distance pouvait rendre cette scène moins réelle.
Mon père, L’homme, je croyais incapable de ce genre de bassesse. Il avait une maîtresse. Et il allait avoir un enfant avec elle. Une colère sourde, brutale, me noua la gorge. Comment avait-il pu nous faire ça ? À moi, à sa mère à notre famille. J’aurais voulu entrer dans cette pièce et hurler, lui demander pourquoi, exiger des explications, mais je n’en avais pas la force. J'avais l’impression de suffoquer. Alors, je fis ce que je n’avais pas l’habitude de faire. Je fuis, sans même avoir pris la peine d’enfiler une tenue correcte, me contentant de mon pyjama et de mes pantoufles, j’avais un urgent besoin de quitter la maison de fuir la présence de mon père. Le temps de décider ce que j’allais faire. Alors, je marchai, sans direction précise, sans vraiment savoir où je voulais aller, sans vraiment prendre en considération les regards des gens sur moi.
Le froid mordait ma peau, mais je ne le sentais même pas, je voulais juste disparaître. Mon téléphone vibrait dans ma poche, encore et encore, mais elle n’avait pas la force de regarder pour savoir qui c’était. À quoi bon ? je n’avais personne à qui parler. Ma mère ? Elle n’était jamais là toujours absorbée par son travail, et ses différents vols et voilà que mon père avec qui je formais une équipe depuis toujours m’avait planté un couteau dans le dos de la pire des manières et aujourd’hui, je venais de perdre mon seul repère. Un goût amer me brûlait la gorge. Qu’est-ce que je représentais pour lui, au final ? « Je vous aime plus que tout au monde » il l’avait dit alors moi, j'étais qui ? Juste une fille parmi tant d’autres ?
Le vent glacé me fouettait le visage, et je réalisais soudainement qu’elle se trouvait dans un quartier qu’elle ne fréquentait jamais. Un autre de ses quartiers pour riches avec des familles qui paraissaient sans doute parfaits comme la mienne avec les pères qui trompaient leurs femmes et avaient les enfants avec leurs maitresses.
- Lydie ? entendis-je et quand je me retournai je vis Kenji. Il était vêtu d’un t-shirt noir et d’un jogging, avec un bonnet sur la tête sans oublier un sachet de course qu’il avait dans la main. Parmi tous les gens sur qui je pouvais tomber pourquoi est-ce que c’est lui que je croise ? que faisait-il ici d’ailleurs ? Je l’ignorai et continuais ma route, mais très vite, je sentis une poigne ferme au niveau de mon poignet. Je me retournai vers lui, mais je n’osai pas le regarder, je ne ressemblais à rien avec les larmes sur tout le visage sans oublier la morve qui se fit son chemin jusqu’à mes lèvres. Je l’essuyai de ma main libre. Il se mit à me tirer dans la direction opposée.
Il entra dans le hall d’un immeuble immense et luxueux, il utilisa une carte magnétique et l’ascenseur se mis à monter, encore et encore jusqu’à arriver dernier étage, je rêve ou il vivait d’ans un penthouse ? Mes doutes se confirmèrent quand l’ascenseur s’ouvrit je ne pus empêcher ma mâchoire de se décrocher, je fus immédiatement frappée par la grandeur et l’élégance du lieu. Tout respirait le luxe et la modernité, mais sans cette ostentation criarde qui m’aurait donné envie de lever les yeux au ciel. Le hall d’entrée était spacieux, avec un immense miroir encadré de marbre noir et un porte-manteau minimaliste en acier brossé. Tout était impeccablement rangé, comme si personne ne vivait vraiment ici, ou alors comme si Kenji était du genre maniaque. Je le suivis dans le salon et mes yeux s’agrandirent encore plus. Le plafond était incroyablement haut, avec de larges baies vitrées qui donnaient sur une vue imprenable de la ville. Le salon était décoré avec goût : un immense canapé en cuir noir, une table basse en verre sur laquelle trônait un plateau avec quelques bouteilles de whisky et des verres en cristal. Au fond de la pièce, un coin cuisine à l’américaine, moderne et épuré, où l’acier inoxydable des appareils électroménagers contrastait avec le bois sombre des placards. L’îlot central était éclairé par des suspensions design qui diffusaient une lumière tamisée, donnant une atmosphère à la fois chaleureuse et sophistiquée. Je n’avais jamais imaginé Kenji vivant dans un endroit pareil. Ce n’était pas juste un appartement de lycéen, c’était un véritable repaire d’adulte, un lieu qui lui ressemblait étrangement : froid en apparence, mais avec une touche subtile de chaleur qu’il ne laissait transparaître que lorsqu’on y prêtait vraiment attention. De ce qui se disait au lycée, il vivait seul, vivait-il réellement seul dans un penthouse à 17 ans ?
- Tiens. Dit-il en me tendant un verre que je pris, de l’eau ? je relevai le visage vers lui et je vis que celui-ci me regardait attentivement alors, je sus immédiatement ce qu’il regardait, je n’étais pas maquillée, mes cheveux étaient attachés à la va-vite, sans parler de ma tenue. Je ne m’étais jamais présenté comme ça devant quelqu’un, jamais, j'avais honte de le regarder pourtant je n’arrivais pas à détacher mes yeux des siens, j’avais l’impression qu’il me regardait autrement, comme s’il voyait quelque chose en moi qu’il n’avait jamais vu avant. Pour fuir son regard, je bus le verre d’eau comme si j’avais trop soif, jusqu’à la dernière goute.
- Qu’est-ce que tu fais là ? demanda-t-il d’une voix plus douce qu’à son habitude. J’ouvris la bouche, mais aucun son ne sortit. Je ne voulais pas craquer devant lui. Pas devant Kenji. Mais quand j’essayai de parler, ma voix se brisa.
- Tu m’as amené ici. Il hocha lentement la tête.
- Tu veux t’assoir ? J’hocha la tête. Il me guida vers le canapé, et je m’y laissai tomber, vidée, le silence s’étira. Je fixai mes mains, incapable de relever les yeux.
- Mon père trompe ma mère. Lâchais-je alors que mes larmes retombaient sur mes joues comme des coulées de laves. Pourquoi lui ? je ne sais pas, tout ce que je sais c’est que j’avais besoin que ça sorte Kenji ne dit rien, comme s’il savait que je n’avais pas fini de parler j’inspirai difficilement. Il a une maîtresse. Elle est enceinte. Un frisson me parcourut l’échine. J’ai tout entendu. Il lui disait qu’il l’aimait, qu’il allait prendre soin d’elle et du bébé, qu’ils étaient les personnes les plus importantes pour lui au monde. Comme si… comme si ma mère et moi, on n’existait pas. Ma gorge se serra. Je croyais être importante pour lui… murmurais-je mes mains tremblaient. Puis, je sentis un mouvement à côté de moi et avant même que je ne puisse réagir, la chaleur d’une main vint recouvrir la mienne. Je sursautai légèrement Kenji me regardait, pas avec son habituel air détaché ou son air amusé. C’était Avec quelque chose de plus profond. Qui ressemblait à… de l’empathie.
- Je suis désolé. Souffla-t-il. Je clignai des yeux, surpris. Il n’y avait ni moquerie ni condescendance dans son ton, juste de la sincérité. Il serra doucement ma main, comme pour ancrer ses mots. Ça fait mal quand tu réalises que ceux qui sont censés te protéger sont aussi ceux qui peuvent te briser le plus.