XXI Douce et mélancolique journée d’automne que celle de la rentrée ! J’arrivai à Aubenac vers cinq heures, au crépuscule. Quelques feuilles mortes voltigeaient dans la cour de la gare. L’hôtel du Lion d’Asie allumait ses lanternes. Sous les feuillages jaunissants du jardin public, des soldats promenaient leur désœuvrement de sortie. Le quai était désert. Un soleil décapité roulait, à l’horizon, sur des bois sombres ; la rivière se recourbait comme un cimeterre rougi. Personne n’admirait ce spectacle tragique prêt à s’évanouir. Je gravis la rue Jaladis, déjà obscure. Lortal m’avait invité à passer avec lui cette dernière soirée de vacances : nous regagnerions ensemble le collège. Je n’éprouvais pas la tristesse désolée de jadis, lors de ces rentrées dont l’appréhension empoisonnait les d

