III L’année scolaire débutait par une retraite de trois jours. Nos maîtres, pour chasser les souvenirs des vacances, nous imposaient la solitude et la méditation. Il était interdit de recevoir des lettres ou des visites. Une discipline spirituelle de tous les instants devait mater les écarts de notre imagination. Les oreilles bourdonnantes de sermons, de cantiques et de prières, les meilleurs d’entre nous s’exerçaient ainsi, dans le silence de l’étude ou l’ombre de la chapelle, à aiguiser un scalpel qui plus tard trancherait à vif dans leurs bonheurs. Incapables de ces fortes et logiques méditations qu’ont enseignées les saints — austère gymnastique de l’esprit — nous errions à la dérive selon les méandres d’une piété rêveuse, d’une mélancolie dont la volupté émouvait déjà nos fibres les

