VIII Mathilde ! Ce nom s’est installé dans mon esprit. Il suscite un mystère — le même qui à mes yeux enveloppe Lortal. Car mon ami me donne l’impression de porter en lui quelque chose de scellé et d’inviolable. J’imagine Mathilde brune, des bandeaux et des vêtements flottants. Lortal l’aime-t-il ? Sans doute. Et si je l’aimais aussi ? Eh bien ! je me sacrifierais. Ce serait terrible et touchant. Je me mettrais à ses pieds et je lui dirais : « Soyez heureuse sans moi, avec lui. » Et je baiserais ses mains et ses mains presseraient mes lèvres. Un si noble et si cruel sacrifice m’attendrit jusqu’aux larmes : « Lortal, Mathilde, ne me plaignez pas ! Votre bonheur passe avant le mien. Moi, je suivrai ma route. Serai-je aimé un jour ? Qu’importe ! J’immole joyeusement mon amour à mon amitié.

