Je traverse à tâtons les couloirs labyrinthiques jusqu’à la cave de Fiodor et lui vole sans vergogne une bouteille de son meilleur vin. Munie de ce précieux larcin, je suis prise d’un rire nerveux en pensant que décidément mon alcoolisme galopant rattrape celui de mon ami. Plus tard, la bouteille vide gisant sur le sol, je m’assoupirai lourdement, attirée comme un aimant vers le néant, en position figée de momie, dans l’opacité bleuâtre de cigarettes grillées. Gaspard, serré contre mon flanc, une patte posée sur l’oreiller, veillera sur mon sommeil éthylique, d’un regard empreint d’indulgence animale. ----- Je sens un poids peser contre mes jambes. J’ouvre prudemment les yeux. Malgré la lumière éblouissante d’une torche braquée sur moi, j’entrevois un homme en uniforme assis sur mon lit,

