Chapitre sixième (Isabella Sternberg)

1426 Words
J’ouvris lentement les yeux puis je restai immobile à observer tout ce qui m’entourait. Je ne reconnaissais pas du tout l’endroit où je me trouvais. Lorsque je pris conscience de cela, je me redressai d’un bond dans le lit où j’étais allongée. Où suis-je et combien de temps étais-je restée inconsciente ? Je ne savais pas. Cependant, je remarquai que je portais toujours ma robe de soirée et que j’avais juste été libérée de mes chaussures à talons. Cela suffit à m’apaiser un peu. - Bien que je sois attiré, je me voyais mal te déshabiller alors que tu étais inconsciente. Je poussai un petit cri de surprise et fit pivoter ma tête sur la gauche. Jay se trouvait là, tapis dans la semi-pénombre et assis dans un fauteuil. Je posai une main sur mon cœur, soulagée de voir que ce n’était que lui. Je ne l’avais même pas remarqué à mon réveil mais maintenant que j’y faisais attention, je constatai qu’il était juste vêtu d’un bas de jogging gris et qu’il était torse nu. - Tu m’as fait peur, lui reprochai-je. - J’en suis navré, s’excusât-il simplement. Je pris une profonde inspiration alors que mes yeux suivaient les lignes noires des tatouages qui parcouraient sa peau parfaitement bronzée. C’était pour la première fois que je le voyais en vrai et pas en photos sur mon ordinateur. Dieu, qu’est-ce qu’il était bien taillé ! Je restai accrochée au petit paragraphe en haut de sa poitrine, essayant en vain de le déchiffrer. Comme mue par une force qui m’était inconnue, je me levai du lit et m’avançai vers lui. Je tendis la main et me mit à caresser du bout des doigts les écritures cursives très réussies. Il m’observa faire sans broncher. - Qu’est-ce que ça veut dire? lui demandai-je. - C’est une citation de Samuel Johnson: Prendre sa revanche est un acte de passion, se venger un acte de justice, me traduisit-il. J’avalai ma salive, me sentant directement indexée. - Pour l’avoir fait gravé à l’encre indélébile sur ta peau, tu dois vraiment y croire, lui fis-je remarquer. Il prit une grande inspiration puis souffla. - Bon nombre sont ceux qui voient la vengeance comme un acte méchant et diabolique. C’est vrai que dans certains cas, c’est mal mais en ce qui me concerne, je n’arrive pas à être en paix tant que ceux qui m’ont fait du mal continuent à se balader sans avoir payé ou pire sans avoir reconnu leur tord. Je souris, satisfaite de constater que lui et moi étions pratiquement sur la même longueur d’onde. Cela m’encouragea encore plus à atteindre mon objectif qui était de faire mordre la poussière aux Holt. D’ailleurs en parlant d’eux, j’aurais dû m’attendre à ce qu’ils soient à la fête. Ils étaient pourtant de grandes images dans le monde de la mode américaine. Comment avais-je pu omettre un détail pareil? J’avais honte de moi. J’avais paniquée jusqu’à l’évanouissement en voyant l’un d’eux et maintenant, Jay devrait penser que je n’étais pas mieux qu’une poule mouillée. - En fait, commençai-je. Je suis vraiment désolée d’avoir gâché ta soirée. Je… je ne sais pas comment t’expliquer ça. Je… moi-même je ne suis pas sûre d’avoir compris ce qui s’est passé… - C’est bon, je comprends ne t’en fais pas. La montée d’adrénaline peut parfois devenir ingérable. Juste que je ne savais pas que Léo Holt était ton idole. Je t’aurai présentée à lui plus tôt; c’est un grand ami à moi. Entendre ce prénom sema du dédain en moi mais entendre qu’il était mon idole était encore plus horrible. Cependant, je ne relevai pas ce fait. J’étais déjà soulagée que Jay lui-même m’ait trouvé une excuse. Je ne savais pas trop quoi inventer pour me justifier; le mensonge n’ayant jamais été mon fort. Mon père m’avait élevée dans la droiture et mentir était sur la liste noire. - Oh je… en fait… oui, c’est ça, c’est tout à fait ça ! Voir Léo Holt en vrai pour la première fois était une réelle surprise pour moi. Normalement, j’aurais dû m’attendre à ça. Quand même, la soirée de la mode New-yorkaise sans les Holt, ce aurait été invraisemblable! J’ajoutai un sourire que j’espérais ne pas être effrayant pour pouvoir appuyer mes dires. Je me sentais un peu mal de lui mentir mais je ne pensais toujours pas que ce soit une bonne idée de lui dire la vérité comme quoi Léo Holt était mon premier amour et l’un de mes cauchemars vivants. Jay se leva de son fauteuil pour me surplomber de sa hauteur et attrapa mon menton dans sa main droite. - Ne te sens pas gênée pour ce qui est arrivé, Bella. Ça peut arriver à n’importe qui. Et si tu t’inquiète pour l’opinion que j’ai de toi maintenant, saches qu’elle n’a pas changée. Je ressentis un réel soulagement à l’entente de ses paroles. Je lui adressai ensuite un regard intéressée. - Et quelle opinion as-tu de moi actuellement ? m’enquis-je. Il m’observa un moment, un léger sourire flottant sur ses lèvres. - Celle d’une femme très stratégique… mais surtout mystérieuse et intelligente, répondit-il après. Mon sourire s’agrandît alors que je réalisais qu’il n’avait pas vraiment tord. - Hmmm…, fis-je simplement. Je me mordis la lèvre et baissai le regard sur sa poitrine où mon index droit traçait suivaient les lignes noires de ses tatouages. - Et comment trouves-tu une femme qui se fait doigter la chatte par son patron dans son bureau juste à son premier jour de travail? lui demandai-je d’une voix innocente. Je l’entendis ravaler un rire. - Je dirai… qu’elle est tout sauf une femme facile, répondit-il. Elle est juste une femme avec un s*x-appeal très prononcée qui a su emballer son patron. Il ne faut pas oublier que ce dernier a un peu usé de ruse pour la piéger… - Un peu? répétai-je toujours aussi calmement. Tu m’as fait signer un contrat avec des clauses en plus qui n’ont rien à voir avec le travail. - Je t’avais donné la possibilité de les lire avant, se défendit-il. Je levai le regard vers lui. - Avec l’espoir que je ne le fasse pas. - Ce n’est pas ma faute si Dieu m’aime tant, me sourit-il. Je lui rendis son sourire avec espièglerie avant de retirer ma main de son torse et de m’éloigner de lui. - Alors saches que tu auras besoin de plus que l’amour de Dieu pour me faire plier. Il fronça les sourcils, amusé. - Tu me mets au défi? demanda t-il. - Non, je te préviens juste, lui répondis-je. Je ne suis pas une femme facile, tu l’as toi-même dit. - En effet… Il tendit la main pour me caresser le menton puis descendre lentement dans mon cou. Je frissonnai à son contact et ma respiration se mit à se faire plus régulière. - C’est ton cerveau qui prends du temps sinon ton corps m’appartient déjà, me susurra t-il. Ses doigts continuèrent leur trajectoire jusque dans le décolleté de ma robe, entre mes seins. Son regard s’accrocha à l’un de mes tétons qui avait commencé à se dresser à travers le tissu de ma robe. - Regarde comme ton corps réagit à mon simple toucher… N’est-ce pas magnifique? Ses yeux verts me fixèrent avec intensité comme pour me transpercer. - N’importe quelle femme sensée réagirait comme ça, lui dis-je pour ma défense. Ne vois pas mon corps comme acquis, tu as encore du chemin. Il baissa son bras et soupira sans pour autant être découragé par mes paroles. - Nous avons encore du temps; un contrat à durée indéterminée. Tu m’appartiens sur une durée non établie. Ce pourrait être à vie si je le décide. Alors Isabella, jusqu’à quand pourrais-tu tenir? Je me passai une langue sur ma lèvre inférieure, un sourire malicieux. - La question est plutôt: jusqu’à quand pourrez-vous tenir Mr Howard? Il voulut répliquer mais je l’interrompis d’un geste de la main. - Une grosse journée nous attend demain et j’aimerais rentrer chez moi afin de me reposer. Il ne dit rien sur mon brusque changement de sujet mais sa mine renfrognée me signifia qu’il n’avait pas apprécié du tout. - Laisse-moi une minute pour me changer. Je te dépose ensuite. Il rejoint ensuite la porte de la chambre à grande enjambée puis disparut derrière elle, me laissant seule. Je m’allongeai sur le lit et expirai longuement. Finalement, c’était plus qu’une bonne idée de travailler à By J.H. Mes journées s’annonçaient plus pimentées que je ne l’avais espéré…
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