After Party

1.2 Manoé

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-Manoé-

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Maman était du genre à penser que nos façons de faire et de réagir étaient principalement régies par notre instinct de sous-genre et ça m'exaspérait. C'est tellement vieux jeu... Si j'aime une chose, c'est parce que je suis moi, et non parce que je posséde des glandes près des oreilles et des phéromones d'un certain type ! Je doute fortement que cela puisse jouer un rôle sur nos goûts ! Bien évidemment, je ne nie pas que mon sous-genre ne me domine pas sur certaines de mes préférences, notamment au lit.

Je sais que je n'ai jamais éprouvé l'envie ou le besoin de pénétrer par exemple. C'est une chose qui ne me vient pas à l'esprit, mais je n'estime pas pour autant que cela me soit impossible ! Ma mère était une femme et elle expliquait cela aussi bêtement que le reste, certifiant que les hommes omégas possédaient des organes sexuels trop petits pour le permettre... Je détestais lorsqu'elle insinuait cela comme une vérité universelle, surtout pour une personne ayant travaillé dans le strip-tease toute sa vie ou presque ! De plus, il n'y avait rien de plus faux...

Moi qui ai la chance de me taper deux apollons aux corps de Dieu grec, fruit ultime de ce qu'on peut imaginer et espérer d'un Alpha, je n'ai rien à envier à ce niveau-là... Non, la seule chose qui me différencie sincèrement, c'est bien ma capacité à me retrouver les fesses trempées lorsque je suis excité ! Ou encore la faculté de tout Oméga à porter la vie...

Et je n'ai clairement pas l'ombre de l'intention de pondre des gosses !

C'est sur cette pensée que je réalise que je fixe la photo de maman, celle que j'ai laissée sur mon bureau, juste à côté de mon lit.

Elle est décédée assez tôt, une maladie qu'elle n'a pas fait soigner correctement... Ou sans doute qu'elle s'en doutait, mais a préféré vivre jusqu'au bout comme elle le souhaitait, je n'en sais rien. Je garde d'excellents souvenirs d'elle, c'était une femme que j'ai toujours admiré ! Une mère qui a vécu sa vie en suivant le chemin qui la faisait sourire, m'apprenant ainsi à faire pareil et assumer et suivre mes souhaits... Ce milieu si particulier, elle l'a toujours assumé ! J'ai toujours su la vérité à son sujet, elle n'a pas cherché à édulcorer les choses, et ça m'a valu bien des ennuis, je devais bien l'avouer, mais je restais persuadé qu'elle avait tout fait au mieux pour moi !

Ma mère s'était toujours donnée pour moi, elle était une véritable maman...

Mon père est décédé lui aussi, mais je n'étais même pas né ! Il a rencontré ma mère à son boulot, et ils sont tombés amoureux. Ils ont fait comme tout le monde, ils ont laissé leurs phéromones se charmer, apprenant à se connaître et quand ils ont pu, ils se sont liés ! Seulement voilà, une voiture a fauché papa à peine deux mois plus tard, et maman est restée seule toute sa vie, le sourire aux lèvres en me disant qu'elle portait son odeur avec elle.

C'est vrai qu'elle ne m'a jamais semblé triste, poursuivant sa vie sans pouvoir se lier avec une autre personne. Mais ça ne reste pas, que je préfère mille fois vivre ma vie sans jamais compter sur ce foutu lien que de prendre ce risque !

Quoiqu'en dise la gaieté qu'elle laissait naitre invariablement sur ses lèvres quand elle parlait de lui, ou de la saveur si douce qui se goutait de ses phéromones lorsqu'elle fermait les yeux pour l'imaginer, elle était malgré tout seule. C'est sans doute ce que nous étions tous incapables d'accepter, cherchant à créer des liens pour nous rassurer...

Alors non, je ne me ferai pas avoir, de toute façon, j'avais l'habitude d'être solitaire.

Oui, c'était exactement comme ça que j'avais bien l'intention de vivre ma vie ! Je me débrouillerais par moi-même, et je ne devrais rien à qui que ce soit ! Peut-être que certains trouveront ça triste et que nulle ne remarquera mon absence lorsque je disparaîtrai, mais à bien y penser, cela voudrait dire que personne n'en souffrira ! Pour le moment, je peux encore profiter pleinement de ce que j'aime...

Elle qui m'a transmis son amour de la danse, j'aime complètement l'associer à mon horrible besoin de me montrer ! J'adore pleinement mon travail et sentir tous leurs regards braqués sur moi... Et même si cela peut sembler ennuyeux de devoir les écouter se vanter pour tenter de m'impressionner et m'arracher un sourire, ça ne l'est pas réellement. Après tout, ce sont eux qui me courtisent et non le contraire, me choisissant justement parce qu'ils relèvent mon défi. Ils sont hilares d'exposer leurs gloires, dont pourtant je me fous royalement, juste pour caresser l'espoir de voir mes joues creusent autour de leur queue...

C'est sans doute pour ça que j'aime autant vivre ici...

Car dans mon petit appartement, la baie vitrée montre tout ! Tout le monde peut me voir d'ici, me laissant m'exhiber comme je le souhaite dans tout ce que je fais même si on est au quatrième et dernier étage... La seule pièce à l'abri des regards est bien la salle de bain et les toilettes, mais sinon, tous les voisins peuvent si facilement m'apercevoir en plissant légèrement les yeux, en tout cas c'est complètement l'idée que je m'en fais.

Je déteste les rideaux, véritable invention du diable qui gâche mon plaisir d’être épié et qui en plus, ne m'aiderai pas à me lever tôt, moi qui aime profiter de la journée.

Là, je peux faire un clin d'œil à un voyeur imaginaire alors que je prends mon petit déjeuner sans avoir pris la peine de me couvrir... Ils peuvent tout voir ! Que ce soit ma bibliothèque remplie de roman policier d’un côté, ou toutes les récompenses des compétitions de Gymnastique que j’ai conservées du lycée.

En y repensant d'ailleurs, je me demande vaguement ce que serait ma vie si j'avais choisi cette voie-là ! Mon entraîneur était persuadé que je pourrais aller loin parmi les sportifs... Non pas que j'en doutais ou que je ne l’avais pas envisagé. Juste… Je terminais à peine mes études et maman est subitement décédée. Un peu comme un signe, j'ai ajouté ça à ma liste mentale de "Contre" et j'ai finalement accepté l'offre d’Emela, l’ancienne patronne de ma mère. Mais peut-être que j'aurais pu m'en sortir tout aussi bien !

J'étais bon, c'est vrai... Peut-être aurais-je pu danser, habillé cette fois, devant un public prêt à s'éblouir de mes performances artistiques ! À la place, je laissais les clients du bar privé dans lequel je bossais depuis deux ans, me reluquer sans état d'âme sans voir tous les efforts que telle ou telle figure peut me coûter ! Mais aurais-je pu réellement survivre longtemps dans ce milieu sans pouvoir écouter mes désirs ? J'aime me montrer, attiser la convoitise et m'envoyer en l'air sans créer d'histoires à la con et ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas compatible avec ça !