Chapitre 11 : La quête de l’identité

1727 Words
2 Janvier, Cher journal, Quinze ans se sont écoulés depuis la dernière fois que je t'ai écrit. Je sais, les années sont finalement comparables à des gouttes de pluie et il a plu assez fortement pour que tout ce temps passe. La dernière fois que je tatouais mes pensées sur tes pages, nous étions en septembre deux mille huit. Tonton Charles était arrivé au mois de décembre de cette année comme un héros. Après des mois de prières où je m'efforçais de croire en Dieu et de ne pas tomber entre les filets du désespoir, enfin la porte de la prison qui me retenait s'ouvrait. Enfin, la lumière entrait dans ma vie. Oncle était venu aux côtés de toute la famille de maman et ensembles, ils avaient raisonné mon père. Il lui avait dit qu'il perdait mon temps en me gardant à la maison pour faire le ménage et m'occuper de ses enfants, alors que j'avais le droit moi aussi d'espérer en un avenir meilleur. Ils ont dit qu'ils étaient venus me chercher et que même s'il fallait utiliser la force, ils étaient prêts pour ça. Ce moment fut le plus difficile pour moi. Mon père me demanda devant tout le monde et me prévenait, veux-tu partir avec eux ? Sache que si tu pars, oublies que je suis ton père. Oui, je me retrouvais face à un atroce dilemme. Cela ne le faisait-il rien de prononcer ces paroles ? N'avait-il pas mal d'imaginer sa vie sans moi ? La famille de ma mère était indignée alors que j'essayais moi de lui trouver des excuses. Je me disais qu'il parlait par orgueil et que ses mots étaient en fait déguisés. Oui, peut-être, selon moi, c'était son moyen de me supplier de ne pas partir. Mais quel dilemme atroce. Quel choix atroce à imposer à son propre enfant. Lui demander de choisir entre assurer son avenir ou la famille. En larmes, je disais que je voulais suivre les parents de maman. Je n'étais pas contente de cette réponse. Mais je savais que si je ne partais pas maintenant, c'était comme donner la pelle moi-même à l'ennemi pour qu'il creuse ma tombe. Mon père ne m'avait même pas jeté un regard. Sa femme quant à elle souriait, enfin débarrassée de moi, je suppose. Seulement, elle oubliait que j'étais celle qui gardait la maison et ses enfants. Et ça, Dieu le lui avait rappelé dans le temps. Après avoir suivi la famille de maman, ils me proposèrent de ne pas aller au village, mais de plutôt rester avec ma tante en ville, la sœur de maman. Toute la famille payait pour que je fasse des études et j'ai fini par avoir une bourse pour l'étrangler après ma licence. Je partais donc faire ma licence à Londres, n'oubliant pas de remercier Dieu après chacun de ces accomplissements. Arrivée là-bas, une envie de me poser aussi amoureusement combattait ma colère envers les hommes. Que n'ai-je pas fait ? Entre les jeunes et les programmes de prières intenses. Toutefois, ce n'était que quelque temps après avoir obtenu mon master que je rencontrais de nouveau Asriel. Des amis à moi m'avaient proposé de faire un voyage tous ensemble au Sénégal et la surprise était que Asriel faisait aussi partie du groupe. Nous retombions une fois de plus amoureux et… seulement après toutes ces années, j'eus le courage de m'autoriser à aimer. Très vite, nous nous étions mariés et je te gardais partout où j'allais. Je t'ouvrais même de temps à autre pour me souvenir d'où je viens, bien que je n'écrivisse pas sur tes pages. Nous avions décidé Asriel et moi de nous installer à Londres, mais il y a quelques semaines, je reçus un appel. Oncle Charles me demandait de rentrer pour les vacances. Arrivée ici, il m'annonçait que papa avait fait un AVC et n'allait pas bien. Il me disait d'aller le voir, alors je le fis. Pour Dieu, je trouvais le courage d'affronter de nouveau mon passé. J'arrivais donc chez lui, et je le trouvais allongé sur le canapé du salon. Les meubles étaient vieux et certains rongés par des bestioles. Papa était dans un bien piteux état. Tout comme son épouse qui avait maintenant les cheveux coupés, un visage creux et un corps osseux. Elle était à ses côtés, et j'apercevais comme de la honte remplir son regard. J'entrais donc avec Asriel, répondant à leurs sourires en disant que j'étais venu leur présenter mon époux et nos trois enfants. Ils se mirent à pleurer. Alors, j'envoyais les enfants chez leurs oncles — les jumeaux, dehors. J'estimais qu'ils n'avaient pas à entendre les mots qui allaient suivre. Papa fit le récit des événements qui s'étaient enchainés après mon départ. Il m'a expliqué, d'une voix faible, comment ils avaient lapidé leur fortune dans des plaisirs irrationnels et dans des business qui n'avaient rien donné. Ils vivent maintenant au jour le jour et sous des dettes. Je ressentais de la peine pour les jumeaux. Car, même eux avaient du arrêté l'école. Là, je suis chez la sœur de maman et y resterais avec Asriel et les enfants jusqu'à la fin de mon séjour. Nous partirons chaque jour chez papa, et j'espère que lui et sa femme entendront et auront le cœur ouvert, lorsque je leur parlerai de Dieu. Oui, je désire fortement que tante Béatrice se rende compte de son hypocrite foi. Qu'elle trouve le réel chemin qui mène à Christ. Je ne la juge pas, mais reconnais simplement un état dans lequel j'ai déjà été par le passé. Dans une phase où tu te persuades d'aimer Dieu, lorsque ta vie ne reflète même pas un seul des rayons de Sa lumière. Ma belle-mère m'avouait qu'elle avait pris une nounou après moi et se disait que ça n'allait être que temporaire. Car, elle était certaine que je reviendrais très vite à la maison. D'après elle, les parents de ma mère n'allaient pas pouvoir assumer cette responsabilité. Elle s’était fait à l’idée que mon père était l’homme riche qui nourrissait maman et sa famille. Et que donc sans lui, nous n’étions rien. Peut-être l'imaginait-elle parce que mes parents maternels n’étaient pas du genre à se balader avec des habits luxueux et préféraient une vie calme, loin des drames. Que sais-je ? N’avons-nous pas tous étés victimes ou même fautifs de préjugés ? Ironiquement, cela me fait penser à une interaction entre Jésus et l’apôtre Pierre. Celle dans le livre de Jean chapitre 21. Du verset 20 à 23. Je cite, « Pierre, s'étant retourné, vit venir après eux le disciple que Jésus aimait, celui qui, pendant le souper, s'était penché sur la poitrine de Jésus, et avait dit: Seigneur, qui est celui qui te livre? 21 En le voyant, Pierre dit à Jésus: Et celui-ci, Seigneur, que lui arrivera-t-il? 22 Jésus lui dit: Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe? Toi, suis-moi. 23 Là-dessus, le bruit courut parmi les frères que ce disciple ne mourrait point. Cependant Jésus n'avait pas dit à Pierre qu'il ne mourrait point; mais: Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe? » (LSG). Quel est le rapport ? Me demanderais peut-être tu, si tu parlais. Eh bien, je dirais que comme l’apôtre Pierre et les frères de l’église, nous posons assez souvent des questions par curiosité. Ensuite, nous répandons des rumeurs lorsque nous ne recevons aucune réponse ou ne comprenons pas la réponse ou encore, lorsque nous ne voulons pas comprendre la réponse. L’acte de l’apôtre Pierre n’était en aucun cas née d'une pensée malsaine, mais sortait de curiosité que tous les hommes ont ou dirais-je peuvent avoir. Et quand nous n’avons pas de réponses claires sur ce qui se passe dans la vie des gens, au lieu de continuer notre chemin et de justement suivre Jésus, nous colportons des rumeurs. Les frères se mirent à raconter une chose que Jésus n’avait pas dite. Une chose basée sur ce qu’ils avaient compris. On est tous victimes ou fautifs de cela aujourd’hui. Et ma belle-mère, parce qu’elle n’avait pas vu les parents de maman faire comme elle, c'est-à-dire, lapider leur argent devant les foules, elle avait assumé qu’ils n’étaient rien et n’avaient rien. Quoi qu’il en soit, mes parents maternels avaient moins d’argent que mon père, mais cela n’a pas été une influence sur ce que je ressentais pour eux et vice versa. J’ai d’ailleurs, grâce à Dieu et à eux, aujourd’hui mon propre business. La sœur de maman m'encourageait en fait tout le temps à me battre pour réaliser mes rêves. Cela m'a énormément aidé de vivre dans un environnement qui me proposait de croire en moi et qui croyait en moi. Donc, en même temps qu’en allant à l’école, je travaillais dans l’église que nous fréquentions à l’époque. En voyant que mes services et ma bénévolence marquaient les cœurs des gens, j’ai eu à l’idée d'étendre mes prestations et ais commencé à faire des produits naturels à bâts prix et accessibles au plus de personnes possibles. Je faisais des gommages à base d’éléments tels que le rhassoul, le miel, le sucre, ou encore le café. J’en étais heureuse et les fidèles de l’église aussi. Puis, de bouches à oreilles, les gens entendaient parler hors de l’église de mes produits. J’ai donc avec l’aide de ma tante ouvert un compte bancaire et je l’ai engagé pour m’aider à confectionner mes projets. Grâce à Dieu, tout va mieux. Il n’y a pas de réussite facile. Et d’ailleurs, dans le livre de Genèse, le Seigneur prévient l’homme qu'il travaillera désormais à la sueur de son front. Combattre est une chose à laquelle nous devons nous attendre. Mais les hommes ne devraient pas avoir peur. Car, grâce au sacrifice du Christ, nous combattons dans la victoire. J'éprouve beaucoup d'empathie et de compassion pour papa et tante Béatrice. En même temps, comment ne pas le faire, alors que l'échec s'est accroché sur le toit de leur maison ? Je resterai pour deux mois, mais garderai contact avec même lorsque je retournerai. Seulement, un mystère continue de me faire plisser les yeux de temps en temps. Un mystère qui malheureusement ne sera peut-être jamais résolu. Qui était celui qui te détenait avant moi ? Qui avait abandonné ce livre qui m'a offert des pages qui m’ont écouté lorsque j’avais tant de mots à dire ?
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