Chapitre7

853 Words
« Mademoiselle Rossi ? » La voix, chaude et posée, la fit lever les yeux. Un homme se tenait devant elle, grand, les cheveux châtain foncé coiffés avec désinvolture, les yeux noisette pétillants de malice. Son sourire avait ce quelque chose d’irrésistible, de sincèrement amical. Il était indéniablement séduisant, mais dans un registre très différent d’Atlas. Meredith grimaça intérieurement. Elle devait vraiment cesser de comparer chaque homme à son patron fraîchement rencontré. Elle lui rendit un sourire courtois. « C’est moi. » « Albert Matthews », se présenta-t-il en lui tendant la main. « Meredith Rossi », répondit-elle en la lui serrant. Il la regarda avec une lueur joueuse dans les yeux. « Un prénom charmant pour une très jolie demoiselle. » Meredith sentit la chaleur lui monter aux joues et laissa échapper un petit rire. « Tu me dragues, là ? » demanda-t-elle en arquant un sourcil. « Est-ce que ça fonctionne ? » répliqua-t-il du tac au tac. Elle rit plus franchement cette fois, secouant la tête. « Absolument pas. » « Tant mieux, tu as enfin perdu cet air stressé. Tu avais l’air tellement tendue que j’ai senti le besoin de te détendre un peu. » Sa voix s’était faite plus douce, plus attentive. Meredith hocha la tête, touchée. « Tu y es arrivé. Merci. » Albert s’inclina légèrement. « C’est un honneur de voir votre sourire, princesse. » Elle rit, et il l’imita. Il y avait déjà entre eux cette aisance propre aux débuts prometteurs d’une belle complicité. « Monsieur Martini m’a demandé de vous faire visiter les lieux. Prête à découvrir votre nouvel empire ? » Elle acquiesça, enjouée. « Avec plaisir ! » Albert fit un clin d’œil théâtral. « Allons-y, majesté. » « Tu es sûre d’avoir tout retenu ? » demanda Albert une vingtaine de minutes plus tard. La visite touchait à sa fin. Les couloirs n’en finissaient pas, les départements étaient nombreux, mais Albert avait pris soin de tout lui expliquer avec pédagogie. Meredith, heureusement, avait une excellente mémoire visuelle. « Je crois que oui », dit-elle avec hésitation. « Mais… Monsieur Martini a mentionné vouloir un café chaque matin, et pourtant, je n’ai vu aucune machine… Je dois sortir en acheter ? » Albert sourit, comme si la réponse lui échappait. « Oh, j’ai failli oublier. Il y a une salle de repos très agréable, avec une machine performante. Suis-moi. » Meredith le suivit jusqu’à une pièce spacieuse, chaleureuse, aux murs peints de violet doux et de blanc crème. L’ambiance y était apaisante. Elle s’attarda quelques secondes, déjà en train d’imaginer les pauses café en solitaire, un bon roman en main. « Voici les tasses, les filtres, les cuillères... » dit Albert en ouvrant un placard. « Merci, Monsieur Matthews. » Albert se retourna brusquement, théâtral, la main sur le cœur. « Monsieur Matthews ? Aïe ! Je pensais qu’on était amis, princesse. » « Ah oui ? » demanda-t-elle en souriant. Il hocha la tête, faussement sérieux. « Eh bien, si tu insistes, je suppose que je ne peux refuser ton amitié. » Il la fixa, amusé, puis ajouta avec un ton plus bas : « On dirait qu’Atlas a mis la main sur une perle. Belle et brillante d’esprit. Le veinard. » Meredith écarquilla les yeux. « Euh… Atlas ? Pas Monsieur Martini ? » Albert haussa les épaules. « Oui, Atlas. Je suis l’un de ses rares amis. Et quand je dis “rares”, je veux dire deux, tout au plus. » Un léger sourire nostalgique flotta sur son visage. Il reprit d’un ton plus grave : « En toute amitié, laisse-moi te donner un conseil. Ne tombe pas amoureuse de lui. Il n’a pas de cœur. Ou alors, il faut que tu sois prête à lui en offrir un. » Les joues de Meredith s’empourprèrent. « Et s’il tombait amoureux de moi ? » lança-t-elle, faussement ingénue. Le silence s’installa. Puis Albert éclata d’un rire incontrôlable, presque nerveux. « L’amour ? Atlas ? Laisse-moi rire. Comme je l’ai dit, ce type-là… il est vide de sentiments. Et… ne le prends pas mal, mais tu n’es pas vraiment son style. » Un sourire énigmatique se dessina sur les lèvres de Meredith. Peut-être que les nombreux romans de romance d'entreprise qu'elle dévorait lui montaient à la tête, mais elle répondit, la voix légère : « Tu veux parier ? » Albert haussa les sourcils, surpris. Puis il pinça les lèvres, réfléchit une seconde, et hocha la tête avec un sourire narquois. « Pourquoi pas. Ça pourrait être amusant de voir le tout-puissant Atlas fondre pour une femme. Si tu réussis, bien sûr. Sinon, je t’emmène en boîte, histoire de noyer ton chagrin dans la danse. » « Et si je gagne ? » demanda-t-elle, les yeux pétillants. Albert haussa de nouveau les sourcils, pris au jeu. « Alors je t’emmène en boîte quand même. Mais cette fois, pour fêter ton triomphe. » Meredith tendit la main, un sourire en coin. « Marché conclu. » Albert la saisit, son regard planté dans le sien. « Que la partie commence. »
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