Croyez-vous que la vie que je menais depuis plusieurs années fût dans mes goûts. Me montrer toujours en public, être regardée comme une bête curieuse, m’entendre dire que je suis belle, sans que cela me mène à rien, ce n’est pas bien amusant à la longue. Ma mère le voulait. Que de fois nous sommes allées au bal sans avoir dîné ! Que de fois nous avons engagé nos objets les plus nécessaires pour m’acheter une toilette ! Que de dettes, que d’ennuis, que de scènes avec des créanciers sur qui cette beauté qui devait m’attirer des millions n’exerçait pas le moindre empire ! Serge devait avoir une immense fortune, en l’épousant je voyais cesser toutes nos peines. Je ne l’aimais pas d’amour, mais c’était un bon garçon et j’avais de l’amitié pour lui. À force de m’entendre dire par ma mère que je

