La tombe de marbre blanc

3521 Words
La tombe de marbre blancLa lumière du jour donne aux lieux un aspect si fascinant et fantastique que ça en est très troublant. Le ciel est encore bleu, mais pourtant derrière les îlots les énormes nuages gris et menaçants qui s’avancent vers moi n’ont rien de rassurant. Le soleil matinal n’arrivera pas à les faire fuir avant de longues heures. Assise sur le sable doux et tiède de la Trinite, j’observe les eaux turquoise de Wanouk qui déposent ses vaguelettes sur la plage. Les oiseaux sifflent et le vent doux et léger semble vouloir me donner un semblant de réconfort. Pourtant il n’y a rien à y faire. Même, Loupo qui gambade derrière moi pour vérifier que personne ne nous dérange, semble aussi déconcerté par mon manque d’optimiste que moi. Je n’ai même pas envie de méditer, j’ai besoin de remettre de l’ordre dans mes esprits. Depuis plusieurs jours, il y a beaucoup trop de choses qui se mettent en place. C’est frustrant et c’est l’une des premières fois où je me sens si en retard sur mon ennemi. Qu’est-ce que Mathias peut bien chercher ? Je ressens un frisson sur ma nuque glaciale à cette simple idée. Pourquoi moi-même ai-je tant changé de route. Je garde toujours ce même objectif, détruire et combattre le mal, les ténèbres, Sombro et Mathias. C’est l’étoile à décrocher, mais pourtant je sais mieux que personne que je pars dans une direction où il vaut vraiment mieux marcher sur des œufs. Mais je sais que je n’ai pas le choix. Depuis que Peter a décidé de prendre son envol, je me sens plus menacé par ma partie noire. Tout peut me faire basculer et je le sais. Alors il faut que j’apprenne à contrôler mes dons et pour ça j’ai besoin d’un maître et seul un ténébreux peut le faire. Un ténébreux qui a une dette envers moi ! Car ce qui est certain c’est que Tom, mon oncle, qui nous entraîne ne m’aidera pas à manipuler ce côté-là et encore moins mes amis. Le plus pessimiste à cette idée sera sans doute Cédric, car jamais il n’acceptera l’idée que je tente de contrôler ce côté « incontrôlable ». Il faut pourtant que je tente la chose ! « Cédric t’avait pourtant demandé de lui promettre de ne jamais retenter le coup! » marmonne Chanax. « Il me l’a demandé c’est vrai, mais je n’ai pas eu le temps de lui promettre, car Tom a débarqué avant pour me ramener à l’hôtel, tu te souviens? » « Ouais, mais je ne pense pas que lui voit les choses de la même manière » « Mais tu sais très bien que je dois apprendre à me contrô-ler sinon je serais toujours à la traîne et je pourrais basculer d’un moment à l’autre. Comment faire si je ne réussis pas à me contrôler? Je risque plus gros à rester sans rien faire quand tentant de m’entraîner. » « Oui tu as sens doute raison, mais la simple idée que tu puisses contrôler les pouvoirs de mon frère aussi bien que les miens me rend mal à l’aise et franchement en colère. Mais je dois bien admettre que je sais très bien que nous sommes faibles face aux ténèbres. » Il a raison et c’est pour ça que j’ai décidé de retrouver William Volmard, il est certes répugnant, mais je lui ai sauvé la vie. Il me doit une dette alors autant s’en servir. Après tout, même si je ne lui fais pas confiance, j’espère qu’il aura au moins le bon sens de payer son dû. Mais j’ai peut-être cru un peu trop aux bonnes grâces de cet abruti. Je l’ai retrouvé en Alaska et j’ai pas pu y rester bien longtemps, car Cédric m’a glacé le sang un peu plus en m’informant que Mathias avait réussi à voler bien plus qu’une simple babiole pour arriver à ses fins. Jamais j’aurais pu imaginer qu’il prenne ça et pourtant… Mes amis n’ont rien pu éviter, malgré le rêve que j’ai fait, ils sont arrivés trop tard. Mathias a envoyé un tout nouveau sbire sur Wanouk, quelqu’un que la nature connaissait et j’ignore encore qui c’est. Et puis est-ce que je le connais ? Après tout, Wanouk a quand même pas mal d’habitués et je ne les côtoie pas tous. Je ne me suis pas joint à eux pour bloquer les tentatives de ce monstre. Je devais canaliser ma rage encore assez haute pour ne pas basculer et risquer de se confronter à Mathias était trop suicidaire pour moi. Volmard était donc le seul à pouvoir m’aider. C’était peut-être stupide, mais je n’avais pas le choix. C’est le seul que je voyais capable de le faire sans poser de questions ou du moins sans me faire aucun reproche sur mon côté noir. Car un ténébreux comme William n’ira pas répéter à mes amis, à mon oncle ou même à mon double ce que j’entreprends dans leur dos. Et le fait qu’ils le croient tous mort est pour une fois un mensonge utile pour mes projets. Pourtant la nouvelle que Cédric m’a annoncée m’a donnée mal à la tête et la peur est montée d’un cran. Je me suis retournée vers Will qui continuait de rire des propos que je lui ai annoncés. – Tu veux que je te forme ? Eh bien Winchester tu as de l’humour ! Mais je ne lui ai pas répondu et je n’ai pas suivi son rire non plus. Ses yeux noirs sont glaciaux et ses cheveux pétrole qui lui tombent dans son dos en une cascade grasse lui donne un air plus jeune. Pourtant j’imagine qu’il doit approcher de la trentaine, mais je ne le crains pas pour autant. Il est certes peut-être agile, assez rapide, mais il est également assez con pour se faire tuer par Mathias. Car si je n’avais pas été là, c’est ce qui se serait passé. Mathias a tué son frère et heureusement pour Will, j’ai réussi à le sortir de ses griffes justes à temps. Sa reconnaissance n’a pas été celle dont j’espérais, mais quoi qu’il en soit aujourd’hui c’est le seul que je crois assez doué dans ses caractères sombres pour m’aider à faire ce que je souhaite. Car ce qui est certain c’est que William Volmard a été imposant dans ce qu’il entreprenait pour avoir réussi à mettre sous sa coupe pas mal de monde sous la menace d’une mort certaine. – Tu te fous de moi n’est-ce pas ? reprend-il d’une voix glaciale avec un sourire narquois. Je lui réponds d’une voix certaine et forte de conviction : – Non ! Absolument pas. William perd son sourire et me fixant il me lance sans me lâcher du regard : – Winchester, je n’ai rien à t’apprendre sur ton côté noir, d’après ce qu’on m’a dit tes prouesses sont assez… comment dire… meurtrières ! J’avale de travers, mais réponds : – Je veux contrôler cette partie afin qu’elle reste enfouie au fond de moi à ma demande. Au jour d’aujourd’hui je ne contrôle pas cela. Ma colère peut la faire ressurgir et cela me porte défaut. Je veux apprendre à me servir de mes capacités noires mais à ma demande. Je veux tout comprendre et contrôler. Et seul un ténébreux peut m’expliquer les bases et ses savoirs. – Et pourquoi j’accepterais ? Le blizzard me saisit de nouveau comme une pluie de poignard sur ma peau, mais je réplique : – Parce que même si tu es un ténébreux, je me disais que tu aurais un certain code d’honneur. Je t’ai sauvé la vie ! Tu me dois cette faveur ! Will me regarde et lance : – Les ténébreux sont plus complexes que ça et tu le sais n’est-ce pas ? Je ne réponds pas, il commence déjà à m’agacer et on m’attend. – Je n’ai pas le temps, je dois partir alors il me faut ta réponse ! – Je ne te la donnerais pas maintenant Winchester ! Car je n’ai pas encore choisi ce que j’allais faire, car quoiqu’il en soit ça en est pas moins intéressant dans les deux cas. Soit, je t’aide à contrôler tes pouvoirs noirs soit je te laisse dans le pétrin et qu’importe mon choix, le final reviendra au même point. Tu auras les ténèbres en toi, reste à savoir si tu seras capable ou non de te contrôler ! De toute évidence je l’amuse. Je sais pertinemment que je n’aurais pas de réponse alors je claque des doigts et place les paumes de mes mains vers le sol. Les lianes finissent par percer la glace et me saisissent les chevilles. La neige me brûle la peau, mais je continue de fixer l’homme que j’ai devant moi. Mais je n’avais pas prévu que William Volmard réagirait de la même manière. Je comprends ses intentions bien trop tard, mais jamais je ne me serais doutée qu’il aurait eu l’idée saugrenue de réagir de la même manière. La dernière fois que j’ai quitté Will, c’était exactement dans le même contexte. La nature m’a pratiquement fait disparaître. J’ai le torse et les mains sous la glace. Il s’agenouille devant moi avec toujours ce regard perçant et ce sourire ironique. Il claque des doigts et devant mon regard horrifié apparaît soudain un petit canif noir. Ça, c’est pas bon signe ! – Jolie Winchester, ta présence me ravit. Laisse-moi penser à cette possibilité de toi et moi dans de folle étreinte sombre et quand j’aurais décidé que faire, je viendrais te trouver ! Le canif est très rapide, mais l’entaille que sent, brûler mon cou exactement au même endroit que celle qu’il m’a faite quelques mois plus tôt, fait grimper ma colère un peu plus. Et avant de disparaître sous la glace mes yeux rouges me permettent de lui brûler la main qui tient l’arme. Les flammes lui brûlent la peau et je vois Will grimacer de douleur en lâchant son arme sur la glace qui disparaît aussitôt. « Espèce de sale c... » « J’aurais dû me méfier! marmonné-je. » « Tout cela pour rien! » Je serre les poings et je réplique : « Je trouverais une solution! » Je suis déposée sur un sol que je reconnais facilement. Ou du moins c’est plutôt la température que je reconnais. Le froid glacial de l’Alaska a disparu pour laisser place à une température bien plus chaude et lourde. L’humidité est beaucoup plus conséquente. Ma peau reprend une chaleur douce, mais pourtant ma nuque continue de me brûler. Je sais pourquoi, toutes mes rancœurs et cette douleur d’avoir perdu Peter n’ont pas encore eu le temps de s’apaiser et curieusement, je suis persuadée qu’elles ne disparaîtront pas comme ça. Garder une telle pression sur ma nuque indéfiniment ne m’enchante pas. La lune est pleine et sa lumière éclaire le ciel et ses étoiles ainsi que les alentours. J’ai atterri dans un bosquet d’arbre. Je suis en bordure de la forêt, près du cimetière de Wanouk. La nature m’a déposé exactement là où on a besoin de moi. Le petit cimetière est légèrement en retrait de la ville sur une colline un peu plus haut. Il est entouré par un muret de vieille pierre. On y entre par un portail de fer forgé blanc. Les hautes herbes m’arrivent jusqu’aux genoux. Je mets mes sens en éveil en me massant le cou et en sentant le sang couler sur mes doigts. L’odeur âcre du liquide chaud et poisseux attise mes sens sombres, mais je passe au-dessus. – Quel con ! craché-je plus pour moi-même qu’autre chose. Je n’ai pas le temps de m’attarder plus, car mes sens m’apprennent plusieurs choses. Mes oreilles me confirment que mes amis sont présents, du moins deux d’entre eux. Clarisse et Adrien sont tous deux près de l’entrée du cimetière au côté de Tom. Les autres restent introuvables pour mes sens. Mais mon odorat repère plusieurs autres points fâcheux. L’odeur du sang est beaucoup trop importante pour que ça vienne que de ma blessure. Mes oreilles elles, captent les paroles de Clarisse qui ne sont pas du tout rassurante. – Respire ! Ça va aller ! Je me mets aussitôt à courir. Les battements de cœur d’Adrien sont de plus en plus faibles et ceux de mon amie s’accélèrent me confirmant sa panique. J’agrippe le haut du mur et m’y hisse avant de sauter de l’autre côté. J’atterris au côté d’une tombe blanche et je zigzague avec agilité aux travers les autres jusqu’à ce que j’aperçoive les deux silhouettes de mes amis. Ils ne sont pas loin de la sépulture de Hugo, mais Adrien est assis au sol, le dos contre une stèle voisine. Il est de toute évidence blessé et Clarisse est accroupie devant lui les mains posées sur sa cuisse droite. Ma vision d’élue capte les détails qui se passent à plusieurs mètres devant moi. Les mains de mon amie sont couvertes de sang, tous comme celle de Tom à ses côtés. J’accélère la cadence et me concentre sur les trois silhouettes devant moi en faisant abstraction du paysage morbide. Ma priorité c’est eux. Je saute au dessus d’une stèle et atterris à droite de Clarisse. – Judith ? marmonne-t-elle surprise de me voir. La panique transparaît dans sa voix et de toute évidence elle a du mal à fournir l’énergie à son double et ne sait pas vraiment comment si prendre pour stopper l’hémorragie d’Adrien. – Tu vas bien ? lance mon oncle dont je sens le regard insistant. Sa voix à lui montre un net soulagement, de toute évidence il est autant inquiet par ma situation que par celle de l’élu masculin de l’eau. Je ne lui réponds pas posant ma main gauche sur le torse de mon ami et ma main droite sur sa plaie au travers celle de Clarisse. Tom retire les siennes me laissant libre court. Je sens le sang de mon ami se répandre très rapidement sur mes doigts et curieusement l’envie de faire souffrir que plus me submerge. Il me faut quelques secondes pour reprendre un certain contrôle sur mes envies. Je ferme les yeux et me concentre sur les battements de son cœur. L’énergie de la nature passe dans tout mon corps. Ça fait bien longtemps que je n’ai pas utilisé mes dons pour soigner. La dernière fois c’était pour Cédric et ce n’était pas le même genre de blessure. Ce n’est pas non plus la même gravité de blessure. L’artère est touchée et la cuisse d’Adrien saigne abondamment. Je chauffe la blessure de mon ami grâce à ma chaleur et me rappelle les conseils de Perfide : « Imagine la plaie et ce que tu veux voir ! » J’entends des bruits d’ails se rapprocher de moi et vu l’envergure des battements, je comprends qu’il s’agit de gros oiseaux. Les élus du vent sont de retour et je sens le mouvement qui m’indique qu’ils reprennent tous deux leur forme humaine. Derrière eux des pattes puissantes font leur entrée et je ressens l’odeur douce de Cédric se rapprocher dans mon dos. Il se rapproche à son tour de mon ami, mais je n’ai pas besoin de son aide, j’ai terminé, la plaie est refermée. Je relève les yeux vers Adrien, il est faible et sa peau est blafarde, mais il ne souffre plus. Je murmure à Clarisse qui m’observe toujours autant paniquée. – Il a perdu beaucoup de sang et il a besoin de repos. Tu devrais l’emmener sur l’îlot de Claronx. Elle me sourit en me donnant un doux regard bleu turquoise. Et ses paumes appellent la nature. Je regarde les deux âmes de l’eau disparaître sous terre et c’est à ce moment-là que je vois la pire scène d’horreur de la journée. J’ai l’habitude de voir cette pierre tombale. J’y suis venue plus d’une fois pour y déposer des fleurs. La stèle est faite d’une pierre blanche et le prénom et le nom « Hugo Vaillant » sont gravés en lettre d’or. Mais là où la sépulture devrait être, il n’y a plus qu’un amas de gravats. La tombe a été ouverte et fêlée en plein milieu. Les deux morceaux de marbres se sont affalés au centre en plein dans le caveau. Je reste quelques minutes comme ceci à fixer l’endroit alors que je sens la main de mon oncle se poser sur mon épaule et j’entends les voix surprise et méfiante de tous m’interpeller. C’est vrai qu’à part Cédric aucun d’eux n’a eu de nouvelles et su où j’étais passée pendant plus d’une semaine. Mais je ne peux leur fournir d’explication, mon cœur bat bien trop fort. Je ne suis même pas sûr de bien comprendre ce que chacun me demande. Non ce que je sais en revanche c’est que la tombe de mon ami a été pillée. Je me lève en essuyant mes mains pleine de sang sur mon tee-shirt et me rapproche à pas méfiant vers la tombe. « C’est pas possible ! » marmonne Chanax. J’inspire une bonne bouffée d’air frais priant je ne sais quel Dieu pour qu’au fond du caveau j’aperçoive un cercueil de bois. Mais ce ne fut pas le cas. Les gravats ont chuté dans le fond, mais il n’y a rien d’autre. Aucune trace de bois et encore moins de corps. Il y a juste un trou où le marbre donne l’impression de s’y glisser. Je serre les poings sentant mon cœur se déchirer. Comment ai-je pu laisser Mathias voler le corps de mon ami ? J’aurais dû revenir sur Wanouk dès que j’ai eu cette vision. « Non ! Tu sais très bien que tu n’aurais pas pu combattre sans risquer de sombrer. L’attraction aurait été trop forte ! » « Mais j’ai inutilement perdu du temps en voulant retrouver Will ! Et tout ça pour rien finalement ! » « C’est un ténébreux Judith même s’il est de notre côté il reste noir! » Ma nuque se crispe encore plus et j’aperçois Cédric se placer à ma droite. Il me dévisage avec douceur et me dit : – Nous ne savions pas où chercher et puis Aïco a repéré un ténébreux se dirigeant vers le cimetière, mais nous sommes arrivés trop tard. Ils étaient deux et le premier nous a aussitôt attaqué et blessé Adrien. L’autre en a profité pour détruire la tombe et emmener le corps de Hugo. Nous n’avons pas pu empêcher qu’il s’évapore et nous avons poursuivi le second, mais il nous a échappé. Il était très rapide ! Voilà qui résume bien ce qui s’est passé. Deux ténébreux tout justes initiés ont échappé à cinq élus qui ont réussi à combattre Mathias ou Lucas. Je comprends à ce moment-là que Cédric est inquiet à mon sujet, car sinon il aurait sans doute été plus concentré et ce jeune ténébreux ne lui aurait pas échappé. Tom se place sur ma gauche et à son tour il repose cette question : – Djoud’, tu vas bien ? Je ne peux pas répondre à cette question parce que quand j’aurais donné ma réponse, mon oncle risque de poser des dizaines d’autres questions auxquels les autres réponses ne lui conviendront pas. Je tends les mains devant moi sous la surprise de tous. Ma bague se met à luire et à vibrer. La lumière qu’elle dégage est éclatante au clair de lune. Je ferme les yeux de nouveau et me concentre. Je sens immédiatement la pression s’écouler dans tous mes muscles. Puis mes doigts se crispent et se mettent en mouvement. J’entends les craquements du marbre et les souffles impressionner de mes amis. Quand je rouvre les yeux, je suis assez satisfaite de ce que j’ai fait. Les racines ont percé le béton du caveau et elles ont poussé vers le sommet le marbre permettant ainsi à la tombe de retrouver un aspect lisse et d’une tombe normale. Seule une énorme fissure au centre de la tombe paraît suspecte, mais cela permettra, je l’espère, à ce que personne se pose des questions. « Simon va se poser des questions il va falloir le lui expliquer. » « Et qu’est-ce que tu veux que je lui dise? Surtout la veille de Noël ! » – Judith ? répète Tom. Je me retourne enfin vers mon oncle et il fronce les sourcils en marmonnant : – Tu as une mine affreuse ! Qu’est-ce qui se passe ? Je lui redonne son sourire et lui marmonne : – C’est compliqué… – Qu’est-ce qui s’est passé ? Je suis épuisée et je lui marmonne : – J’ai besoin de me reposer et puis je crois que ce soir il va y avoir du boulot pour la mise en place du réveillon non ? – Euh oui c’est exact, mais il faut aussi qu’on retrouve… – Non ! coupé-je. Il est inutile d’espérer retrouver Hugo et tu vas devoir parler à Simon. Il va falloir tout lui dire, mais c’est à toi de décider quand tu souhaites lui parler. Je me sens mal ici et je sais que je dois remettre de l’ordre dans mes idées. Ici avec l’adrénaline qui me brûle encore le corps je ne parviens pas à comprendre ce qui m’a échappé. Je me retourne donc et dépasse mes amis et mon oncle même si je sens leur frustration et avant qu’un seul n’ouvre la bouche je m’immobilise et croise leurs regards incompréhensibles, je marmonne : – Je suis désolée ! Je sais que j’aurais dû donner des explications, mais je ne pouvais pas et je ne peux même pas dire si je pourrais un jour. C’est si simple et compliqué à la fois que je ne sais même pas si vous comprendriez, mais je n’ai pas la force de tout expliquer maintenant. J’ai besoin de reprendre des forces et comprendre ce que j’ai loupé, mais pour ça j’ai besoin que vous soyez patient et compréhensif. J’en demande beaucoup je sais, mais je vous demande juste de me donner encore… un peu plus… Margaux fait un pas en avant et me fixant droit dans les yeux elle me demande : – Qu’est-ce qu’il t’a fait ? Je fronce les sourcils et elle continue : – Cédric nous a un peu expliqué la situation et j’ai du mal à croire que tu sois dans un tel état à cause d’un garçon. Je reste silencieuse. Je perçois le mal être de Cédric et j’entends Margaux continuer : – Je sais que tu en étais amoureuse, mais qu’est-ce qu’il a pu te faire Djoud’ ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Je la fixe quelques longues minutes puis je marmonne : – J’ai juste besoin de réfléchir… c’est tout ce que je sais. Je me détourne d’eux en entendant la voix de Tom m’appeler, mais je ne peux plus rester dans ce cimetière. Cependant avant de partir je me concentre mentalement sur Cédric et lance : « Je ne quitte pas l’île ! Je te remercie… » Cédric est resté silencieux et j’ai trouvé refuge sur la Trinite. Le jour s’est finalement levé et la matinée s’est déroulée ainsi que l’après-midi sans que mon esprit retrouve une stabilité. « Pourquoi Mathias a-t-il volé le corps de Hugo ? » demandé-je à Chanax. « Rappelle-toi de ce que Perfide a dit, il pensait qu’une fois que les trois descendants purs seraient réunis alors Mathias aurait assez d’énergie pour ramener Sombro ! » « Oui, mais on en a déduit qu’il ne pourrait pas faire cela puisque Hugo est mort! Son corps n’a plus de pouvoir noir, il ne peut pas être utile! » « Mais il a forcément besoin de son corps pour quelque chose et on sait que son premier plan est de ramener son maître alors ce serait l’une des premières idées logiques. » Je suis frustrée, je n’aime pas rester dans l’ignorance. « Qu’est-ce qu’il peut bien tramer? »
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