Chapitre 32 – {… Mère… je t’en supplie, rends-leur la vie.} Le murmure du Voile fendit l’air comme une prière hurlée dans un tombeau. Le son vibra si profondément que même Jörmungandr, dont la conscience s’étendait par-delà le temps, demeura figée. L’être qui parlait n’était plus le même. Le Voile du Néant, jadis bête orgueilleuse réduite à des râles et des cris, avait trouvé des mots, une pensée, une âme. Était-ce la peur qui l’avait rendu lucide, ou l’érosion des siècles ? Nul ne le savait. Les trois yeux du serpent s’entrouvrirent lentement. Sa curiosité, lourde et antique, se posa sur les deux cadavres et sur cette minuscule ombre qui tremblait à leurs pieds. {{{Pourquoi ?}}} demanda-t-elle enfin, d’une voix qui grondait sous la terre. {Parce que… c’est à cause de lui que je

