Je crois, mon ami, que le plus dangereux malheur qui puisse frapper une créature jeune et passionnément éprise de sincérité, c’est d’avoir à souffrir de l’injustice. Cette injustice, que l’on subit naturellement, comme une représaille inévitable, quand on a l’habitude de la commettre soi-même, atteint l’âme jeune et qui aurait horreur de faire le mal, au vif et au fond de son être intime. Et si l’injustice dont cette âme est meurtrie a pour complice la société tout entière, c’est une épreuve redoutable et qui peut modifier la conduite de toute la vie. Ce peu de mots contient l’histoire abrégée du drame moral qui se joua en moi, – drame mystérieux dont le monde a connu et condamné le dénouement. Le début de cette crise étrange date du lendemain de ce jour où j’acquis la conviction de l’infa


