#Liam
Mes yeux se baladent sur la ville par la baie vitrée, je sirote mon verre de rhum en contemplant toute la beauté de cette ville tellement moderne. Je me sens…je ne saurais dire comment je me sens, c’est incroyable comment les émotions peuvent jouer sur notre morale, faisant de nous des esclaves plein d’amertume. Je souris, un sourire méprisant sans doute.
Je me tourne et me dirige vers mon bureau, je prends place sur mon siège en fixant mon ordinateur éteint, je finis mon verre d’un trait. Sans invitation la porte de mon bureau s’ouvre.
-Charles, on ne t’a jamais appris à frapper avant d’entrer ?
Il me toise du regard en s’avançant vers moi, puis il prend place sur le siège en face de moi.
-Et toi on ne t’a jamais appris à répondre au téléphone ?
Je soupire lourdement en versant encore du rhum dans mon verre.
-tu es à combien de verre là ?
Je hausse des épaules d’une manière fastidieuse. Puis je plonge mon regard fatigué dans celui de mon ami qui semble se soucier vraiment de mon état.
-cinq, six, dix peut-être.
-Merde Liam ! Mais qu’est-ce qui t’arrives, et c’est quoi ce document que j’ai reçu, depuis quand tu convoite The New-York Times ?
-Ah, tu l’as reçu, donc tu peux me rédiger un contrat.
-c’est encore Lena ? Tu penses encore à elle, merde Liam ! Tu ne crois pas qu’il est temps de tourner la page ? De passer à autre chose ?
Je souris cette fois-ci, puis je bois mon verre d’un trait, avant que je puisse attraper une nouvelle fois la bouteille, Charles s’en saisi.
-Assez ! Tu veux te saouler ou quoi ?
-non je n’ai pas pensé à elle aujourd’hui, non…
Il soupire en me lançant un regard compatissant.
-non je n’ai pas pensé à elle, je l’ai vu…Dis-je plus à moi-même.
Charles écarquille les yeux en affichant un air incompréhensible.
-comment ça ?
-Lucy, hein…Lucy, comme si ça allait changer quelque chose, comme si…ouais, comme si ça allait changer quelque chose.
-Quoi ? Tu dis n’importe quoi Liam, qui est Lucy ? Tu sais quoi ? Je te raccompagne chez toi !
-NON ! Je n’ai pas envie de rentrer ! Criais-je catégoriquement.
-d’accord…d’accord, calme-toi. Et si tu me disais qui est cette Lucy ?
Je souris, je ne sais pas pourquoi, mais je souris. Ses cheveux sont encore aussi blond, aussi dorée, la preuve qu’elle ne les a jamais coloré, sa peau, son odeur, et ses yeux de biche, rien n’à changer. Lucy n’a rien changé, ça reste, et ça restera toujours Lena. Quand mes yeux ont aperçus les siens, j’ai cru mourir, mourir dans un désir sans fin. Mon sexe menaçait de trouer la toile de mon pantalon, alors que ma tête ne résonnait plus correctement, je ne sais toujours pas comment j’ai fait pour me concentrer sur l’interview. J’avais envie d’elle, j’ai envie d’elle. Et pourtant je ressens une colère incontrôlable et inévitable, j’ai envie de tout détruire, de tout casser.
-Bon dieu Liam ! Tu me fais peur !
-Elle était là Charles ! Elle était là ! Assise sur la même chaise que toi ! Elle me prend vraiment pour un con n’est-ce pas ? Oui, elle me prend pour un con.
Charles me lance des regards perplexes et incompréhensibles.
-Lena ? Ou Lucy ? Demanda-t-il subitement d’un ton hésitant.
-Non, c’est toi qui me prends pour un con. Concluais-je.
-là ? Oui ! Là, je te prends vraiment pour le premier des cons !
Je souris au lieu de me mettre en colère.
-Lucy Jonson, une journalise qui a débarquée ici. C’était Lena, elle a changé de nom.
-ah…maintenant je comprends mieux. Tu lui a parlé ?
-Non t’y comprends rien ! Criais-je en quittant ma place pour me mettre en face de la baie vitrée.
-Même moi je en comprends rien, je me sens vraiment comme un con lorsque je me sens impuissant à comprendre, impuissant à agir…
-ah tu sais, je ne vois pas où se trouve ton impuissance à agir, tu t’apprête à acheter l’entreprise où elle bosse ! Puisque je te connais assez bien, quel est ton plan ? Parce que oui tu as déjà organisé un plan A, un plan B, un plan C, jusqu’au Z !
Je ressens une haine, une haine forte envers elle. Des plans ? Oh oui j’en ai, toutes ces années à me morfondre, toutes ses langues années, une envie d’une vengeance inassouvie embrase mon corps, j’ai envie qu’elle ressente ce que j’ai dû ressentir toutes ces années.
-quoique réfléchis bien avant de faire une connerie, ce que j’ai appris de mon métier, c’est qu’on ne change pas de nom à tort et à traves, il y’a souvent une raison, et surement pas une bonne.
Je le regarde intensément, ce qu’il dit est sensé, et j’ai déjà songé à ça. Elle a changé de nom, de ville, n’a laissé aucune trace derrière elle. Il y’a surement une raison. Mais je n’ai rien vu venir à cette époque. Pourquoi ? Pourquoi s’est-elle enfuie comme une voleuse ? Pourquoi ne m’a-t-elle pas recontacté ? Pourquoi elle a fait ça ? Pour quelle raison me faire vivre l’enfer sur terre ?
J’ai bien l’intention de le découvrir, de n’importe quelle manière, je le découvrirais.