Chapitre I LA PERMUTATION SPIRITUELLE
Croyez-vous en l’amour ? Pensez-vous qu’un amour pourrait aller bien au-delà des frontières de la mort ? Un simple au revoir dans le monde des vivants pourrait-il devenir éternel et traverser le temps ?
Nous sommes le trente Mai mille-neuf-cent-quatre-vingt-quinze dans la région du Tonpki. Le soleil se lève sur les terres de la ville de Man. Ses cascades, montagnes et terres irriguées sont baignées d’un soleil doux comme la soie. C’était une journée presqu’ordinaire car un évènement assez particulier voire surnaturel venait de s’y dérouler. Isaac Koffi, fils de Franck Koffi sortit d’un réveil insolite. Il se rendit compte à son réveil qu’il n’était pas chez lui. Il se réveilla ce jour-là, dans une pièce huppée. Une chambre féminine. De la cuisine se dégageait une odeur assez succulente et sucrée. L’odeur de ces repas, ces petits déjeuners réservés à une certaine classe sociale : les cossus. Il vit un miroir et s’empressa de se diriger vers celui-ci. Surpris fut-il de constater qu’il n’avait pas seulement usurpé une chambre mais aussi un corps. Il était dans la peau d’une fille. Affolé, il poussa un cri abrupt avant de sombrer dans une véritable léthargie. Heureusement pour lui, il eut le temps de mémoriser le visage du corps qu’il avait usurpé. Les parents de la jeune fille, Marie Jeanne, se précipitaient pour la réanimer en la secouant dans tous les sens. Il fallait se dépêcher afin qu’elle soit conduite à temps aux urgences. Vous posezvous la question de savoir où se trouvait donc l’âme de Marie Jeanne au moment des faits ? Et bien vous l’aurez certainement deviné. Marie Jeanne se réveilla elle aussi dans le corps d’Isaac à des kilomètres et des kilomètres de Man, plus précisément dans la ville de Grand-Bassam. Ville touristique classée au patrimoine de l’Unesco, cimetière des projets coloniaux. Des sites touristiques, la ville en regorgeait. De vielles structures et infrastructures des temps victorieux des fils des terres glaciales sur la race n***e pendant des siècles et des siècles, elle en était jonchée. Ses plages au sable fin luxuriant étaient semblable à de la poussière d’or. Une ville touristique remplie d’histoires et de légendes fières du peuple N’Zima et leurs sept grandes familles. Une ville comme on en trouve nulle ne part ailleurs sauf en Tanzanie où subsiste son homonyme de nom mais pas de grandeur. Grand-Bassam, la terre de l’Abissa. Elle fut première capitale de la terre des ivoires en mille-huitcents-quatre-vingt-treize. C’était une ville extraordinaire et riche en culture.
Plus sereine qu’Isaac, Marie Jeanne ne s’affole pas. Faisant preuve d’un sang-froid légendaire et surtout hors du commun des mortels, elle reprit son souffle et respira profondément. Pour elle, Ce n’était qu’un cauchemar. Pas la peine de s’atterrer, elle finira bien par sortir de cette hallucination. Elle ouvre à nouveau les yeux, mais rien n’avait changé d’un pouce. La panique commençait à gagner du terrain. Elle sortit brusquement de cette chambre moins endimanchée que la sienne. Au salon, ce n’était pas ses parents mais des étrangers.
- Isaac ! Dépêche-toi de te préparer tu dois te rendre au cours de Monsieur Latruffe. Pas de répit pour les inconscients dans ton genre.
- D’accord père ! répondit-elle.
Avant de se hâter en direction de la douche. Lieu qu’elle ne connaissait guère puisqu’elle n’était pas réellement chez elle.
- Père où se trouve la douche s’il te plait ?
- Ma parole Isaac tu deviens fou ? Depuis combien de temps vis-tu dans cette maison pour ne pas savoir que la douche est externe au plan de cette pièce ? Dépêche-toi d’aller puiser de l’eau au puits pour te doucher avant que je ne te battes copieusement !
Tout était à présent clair pour elle. Elle était dans la peau d’un autre.
Dans la peau d’un certain Isaac. Nous venons d’assister à une permutation des âmes. Mais cette translation était-elle hasardeuse ? Pour une certaine classe de personne, le hasard n’existe pas. Rien dans ce monde ne se faisait de manière fortuite. Il y avait bien une raison, une logique qui déterminerait cette inversion de s**e. Elle aurait pu se réveiller dans la peau d’une personne Lambda, mais pourquoi s’est-elle levée dans celle d’Isaac ?
Quelques instants plus tard, les choses se mirent en ordre par le biais d’une transe de part et d’autre. A leur réveil dans leurs chairs respectives, chacun d’eux essayait d’expliquer à ses parents ce qui s’était passé et surtout ce qu’il avait vécu mais avec assez de difficulté car les souvenirs s’effaçaient peu à peu, balayant avec eux toute cohérence des propos. Ce phénomène était si étrange et inhabituel, qu’on ne pouvait en donner les raisons, ni même l’interpréter. Par faute de compétence, on conclura des deux côtés que c’était un songe afin que la vie puisse suivre son cours. Depuis cet incident, tout était à présent rentrer dans l’ordre.
Deux ans plus tard, Isaac était à présent en classe de troisième et avait un examen à passer : Le Brevet d’études du premier cycle, en siglaison
BEPC. Pourtant son quotidien n’était pas si paisible. Orphelin de mère, dès l’âge de huit ans, il vit avec son père, sa marâtre et ses demi-frères au quartier France dans la commune de Grand-Bassam juste derrière le marché de Palaiseau. Si j’emploie le terme de marâtre, c’est parce que cette dernière dénommée Nicole ne lui facilitait pas son quotidien. En effet, en plus d’être l’idiot de la maison, il assurait également la fonction de gouvernante. Une forme de maltraitance subtile et bien dissimulée. Il fallait juste qu’un objet ou que de l’argent s’égarait dans la maison, pour qu’il devienne le bouc émissaire sur qui sera déversé le blâme, même étant innocent. Il était persiflé au quotidien par ses jeunes frères. Mais malheur à lui si jamais il lui venait l’idée de les corriger, même de toucher à une seule mèche de leurs cheveux, il allait le payer très cher. Il suffisait d’une seule plainte de sa part ou de leurs parts pour qu’il reçoive deux bonnes claques. Il était devenu dans cette maison un punching-ball ! A force d’essuyer, persiflages, critiques et coups au quotidien on a tendance à se révolter, à s’endurcir et à fuguer. Mais surpris sommes-nous de constater que ce garçon avait un cœur grand comme la main de Dieu. Un cœur en or qui recevait tous les péchés du monde pour les épurer. L’amour de son père pour la chère et tendre Nicole, offusquait l’amour d’un père pour son fils. Une vie assez difficile certes mais comment apprécier le bonheur si l’on n’a pas fait l’expérience du malheur ? Une vie sans difficulté, sans défi à relever serait fade à mon goût. Les personnes qui nous haïssent et nous rient au nez sont dans bien des cas, la plus grande source de motivation vers le chemin de la réussite. Le seul fait de s’imaginer la tête qu’ils feront lorsqu’on passera du statut de zéro à héros, peut nous donner l’énergie nécessaire pour décorner un bœuf à main nu. Malgré tous les embarras familiaux, Isaac gardait toujours le sourire.
La vie à l’école n’était également pas de tout repos. Surtout lorsqu’on fréquentait le collège moderne de Grand-Bassam. Dans cet établissement à l’époque, il fallait allier concentration et distraction vu qu’il est situé en bordure de mer. Plage égale tentation, baignade et délassement ! Il n’était donc pas rare de voir certains collégiens déserter les cours pour une bonne baignade en mer ou une bonne escapade sur les plages. Car celles-ci étaient jonchées de maquis, restaurants ou toute autre attraction à touristes. Et je ne parle même pas du nombre de décès tragiques qu’on recensait chaque année dans les établissements à proximité des plages comme celui-ci, c’était quand même dangereux ! Mais lorsque nous sommes motivés et prêts à s’affranchir du joug qu’est la souffrance, on fait fi de toute distraction pour se concentrer sur le chemin de la réussite. Après une année assez difficile entre soucis personnels et études, Isaac Koffi fini par acquérir le BEPC et l’orientation en seconde littéraire. Le jeune collégien blâmé par tous, était devenu lycéen. N’ayant aucun lycée de renom aux environs, son père décida qu’il aille poursuivre ses études chez son meilleur ami dans la ville de Bingerville, deuxième capitale de la Côte d’ivoire après Grand-Bassam durant l’an mille-neuf-cent. Venez voir une ville très belle avec des établissements de renom et ce même dans toute la sous-région. Venez voir le nombre d’élèves qu’il pouvait y avoir sur les trottoirs aux heures de midi, c’était très impressionnant ! De la nourriture coulait à flot à chaque point de rue. Que de bons plats ! On avait pour habitude d’être très épaté des résultats positifs et largement audessus de la moyenne que nous offraient les jeunes apprenants de cette ville durant les examens et concours nationaux. Il y avait à Bingerville, tout type de talent possible voire même au-delà de votre imagination ! Et quoi de plus normal, avec tous ces établissements qu’elle possédait en son sein, on ne pouvait que s’y attendre ! Mais le plus impressionnant pour moi dans cette ville, c’était de voir le palais du gouverneur français Louis Gustave Binger servir d’administration pour une école primaire : l’Orphelinat de garçon de Bingerville. Un établissement réservé aux orphelins mais qui admettait aussi des élèves qui n’étaient pas orphelins. Cet établissement n’était pas mixte, il était strictement réservé à la gent masculine et il était très rare d’y voir des filles à part bien entendu les institutrices, elles-mêmes en minorité. Ce qui captivait véritablement mon attention dans cet établissement, c’était l’état psychologique des orphelins. Leurs éducateurs n’étaient pas très sévères et ils avaient droit à plusieurs distractions dont ne disposaient même pas les autres enfants. En plus de cela, ils n’étaient pas esseulés, car chaque fin de semaine, ils recevaient la visite de grandes personnalités qui venaient leur faire des dons. Il recevait même entre-autre la visite de quelques membres de leurs familles. La nourriture aux cantines n’était pas si mal non plus. Mais pourquoi étaient-ils toujours en proie à la tristesse et à la désolation ? Ils n’avaient plus leurs parents certes mais le monde ne leur crachait pas à la figure non plus. Peut-être étaient-ils las de porter l’uniforme des orphelins ! Ce que je sais, c’est que leur ambition la plus grande était de s’évader de cet orphelinat. Ils n’avaient que cette idée en tête. Peu importe le lieu d’exile ou le moyen d’évasion dont ils useront, le plus important pour eux, c’était de se faire la malle. Et ils affectionnaient un endroit bien précis, le jardin botanique de Bingerville. Ce lieu était pour eux une bonne cachette provisoire. Mais pour y accéder, il fallait traverser une clôture assez haute qui demanderait des capacités athlétiques élevées. Aux cours d’éducations physiques et sportives, ils s’essayaient afin de voir s’ils étaient capables de traverser cette clôture, cette entrave à leur bonheur, leur liberté chérie. Le bien le plus précieux pour un homme c’est sa liberté. Pour l’acquérir, il serait capable de tout faire. Les hommes l’ont compris raison pour laquelle ils ont inventés la prison… Je me souviens qu’à l’époque, un jeune orphelin avait réussi à traverser la clôture et s’évader dans le jardin botanique. Il était devenu un héros aux yeux de tous les orphelins et même une légende car il était le premier et le dernier à avoir franchi le mur. Mais son exploit fut de courte durée car il a été retrouvé par les services de police puis ramené à l’orphelinat. Depuis cet incident, la taille de la clôture fut haussée transformant ainsi ce rêve fou de liberté en une utopie véritable. Heureusement qu’Isaac n’était ni dans cet orphelinat, ni à Bingerville pour cette raison, mais plutôt pour décrocher son baccalauréat au bout de trois années de dur labeur et de cognition au Lycée Garçon de Bingerville. Son père, voyant un avenir radieux pour son fils, décide d’être à ses petits soins pour qu’il ne manque de rien. Il veut être l’un des facteurs de réussite de son fils. Mais cet instinct paternel bienveillant n’enchantait pas du tout Nicole qui se sentait elle et ses enfants légitimes mis en second plan. Elle était jalouse et n’arrivait plus à supporter l’affection de Franck Koffi pour son propre fils. Les reproches et réprimandes s’en suivirent :
- Tu dépenses inutilement pour ton incapable de fils. Le mois passé tu lui avais remis la somme de vingt-cinq-mille francs. Et aujourd’hui tu pars faire des emplettes pour lui. Son tuteur ne lui donne-t-il pas à manger ? Ou bien c’est toi qui va nourrir toute leur famille et nous laisser crever de faim ici à cause de ton incapable-là.
- Nicole, fais attention à ce que tu dis ! Mon fils n’est pas un incapable et aucun de mes autres enfants d’ailleurs. Je suis son père, et c’est normal que je prenne en charge ses frais de scolarités et de vie.
- Tu appelles même qui fils ? Ce bon à rien, il ne t’a jamais rien apporté de bon sauf des problèmes. D’ailleurs, je ne sais même par quel miracle il a eu cet examen alors que je ne lui accordais aucun temps pour les études, je suis sûre qu’il a triché à cet examen. Une parole de trop, une vérité qu’elle prononça de manière inconsciente. Une vérité qui ouvra les yeux de Franck Koffi et qui le plongea dans une colère sombre, sa première colère à l’endroit de sa bien-aimée Nicole
- Nicole que racontes-tu ? Tu faisais exprès de l’accabler de toutes tes tâches ménagères juste pour qu’il n’ait pas le temps d’étudier ?
Toute découverte et dos face au mur, Nicole n’eut d’autre choix que d’assumer ses actes de façon arrogante, mais honteuse en réalité. Elle affirma :
- Oui monsieur, je confirme ! Tu vois donc que ton fils est un tricheur… - Il n’est pas un tricheur et il ne le sera jamais. D’ailleurs il est même plus intelligent que ces idiots que tu m’as faits. Paul aura bientôt quinze ans, mais il est toujours au CE2. Et c’est mon fils, mon digne héritier, celui qui nous sortira de la galère, c’est lui que tu traites tricheur ?
- Ton fils sera un parfait ingrat. Tu n’auras jamais rien de lui, moi d’ailleurs et encore moins mes enfants ! J’ai semé la haine dans son cœur au fil de toutes ses années et tu m’as bien aidé à le faire ! Je suis convaincu qu’il te déteste ! Pour l’instant comme il n’a guère le choix, il joue juste le jeu. Attends qu’il réussisse et tu me donneras raison.
- Jamais ! Ton plan a échoué. Mon fils a bon cœur ! Il est le portrait craché de sa défunte mère ! Dorénavant, je me battrai même jusqu’à la mort pour qu’il ne manque de rien et qu’il réussisse.
- N’oublie pas mes enfants Franck ! Nos enfants ce sont eux tes vrais et dignes héritiers, ceux pour qui tu devrais te battre jusqu’à la mort !
Enervé, contrarié et étonné par la méchanceté de celle qu’il avait épousée, Franck préféra sortir de la pièce avant de commettre un délit. Car les paroles de Nicole étaient certes méchantes, mais véridiques. Durant toutes ces années, il n’appréciait pas son propre sang parce qu’il était manipulé par une femme aux intentions machiavéliques. Isaac quant à lui, se sentait plutôt bien dans sa nouvelle demeure. Il y faisait bon vivre ! Il s’entendait bien avec le fils de son tuteur qui voyait en lui un grand frère exemplaire. Ses relations avec la femme de son tuteur étaient aussi excellentes. Elle le considérait même comme son propre fils. Tout au long de mon expérience, j’ai pu constater que le meilleur moyen de vivre de manière paisible dans un foyer d’accueil, c’était d’avoir de bons rapports avec la maîtresse de maison. Plus elle vous regardait comme son propre fils ou sa propre fille, mieux les choses se dérouleraient pour vous ! Dans le cas contraire, vous ne ferez pas long feu dans cette famille. Et si jamais cette famille d’accueil est votre unique option, alors vous serez dans de beaux draps ! La gent féminine est extrémiste. En effet, quand une femme est bien, elle l’est de tout son être. Mais quand elle est malveillante, elle l’est jusqu’au plus profond du terme. Comme le dirai Daouda le sentimental dans une de ses chansons : « Les femmes sont diaboliques malgré leur beauté angélique ». C’est l’un des êtres au monde dont la prononciation de son nom ne correspond pas à sa graphie. On prononce [fam] mais on écrit « femme ». Tout ceci montre l’ambivalence aigüe de cet être que Dieu nous a lui-même légué si on s’appuie sur le livre de la Genèse.
Un an plus tard. C’est avec brio qu’Isaac termina la classe de seconde au Lycée Garçon de Bingerville. Il était d’une polyvalence déconcertante. Ce qui lui permit d’être premier de classe et l’un des majors de sa promotion avec une moyenne très élevée. Son tuteur était fier de lui car il était consciencieux, travailleur et surtout honnête. Pour célébrer cette réussite, Isaac et ses amis décident de se rendre à Grand-Bassam pour profiter d’une distraction bien méritée après une longue année d’étude intense.
Man, mille-neuf-cent-quatre-vingt-dix-huit. Dian Marie Jeanne, fille de Dian kokaleu Nestor directeur général d’une entreprise d’exportation de riz. Fille de Tossaleu Géneviève enseignante chercheuse à l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan Cocody. Marie jeanne, fille née dans l’opulence, cuillère d’or à la bouche, jamais en quête d’obole. Fille à papa qui n’a jamais manqué de rien. Tout ce qu’elle désirait, elle l’obtenait. Ses parents cédaient au moindre de ses caprices, même les plus onéreux. Un jour, après avoir lu un manuel touristique à caractère apologique sur les plus belles destinations de Côte d’Ivoire, elle fut subjuguée par la beauté de la ville de Grand-Bassam qui était complètement l’antonyme de Man, la ville au dix-huit montagnes. Elle voulait absolument y aller. Le lendemain, elle fit une doléance à son père afin que ce dernier cède à sa lubie. Chose qu’il accepta mais à une seule condition : que ce soit une excursion familiale. Condition qu’elle accepta volontiers. Le programme fut établi, ils iront à Grand-Bassam pour un séjour d’une semaine pendant cette période de vacance. Elle fut comblée de joie et ne pouvait s’empêcher de faire saliver ses amies d’envie. Qui n’aimerait pas être à sa place ? Naître d’une famille huppée était une aubaine car on pouvait jouir des bienfaits de la vie. On dit que l’argent ne fait pas le bonheur certes, mais son absence encore moins. Nombreux sont ceux, qui sont prêts à tout sacrifier pour vivre dans l’opulence. Vendre leur âme au diable, faire des déstabilisations politiques, des sacrifices humains allant bien plus loin, sacrifiant leurs parties intimes et au pire des cas, ce sont leurs propres enfants qu’ils sacrifient. Tous les moyens sont bons pour se faire de l’oseille. Quoi de plus normal si la société elle-même s’est perdue dans l’abîme le plus profond. La mendicité a pris le dessus. Il suffit qu’un individu ait de l’argent pour qu’il ait un respect démesuré. Même le droit d’aînesse se tait quand l’argent parle. La clé de ce monde, c’est l’argent. Peu importe sa source de provenance. Mais il serait encore préférable que la source d’émanation de l’argent que l’on possède soit saine, car je ne vous parle même pas des retombés catastrophiques qui en découleraient si jamais elle ne l’était pas. Quand on vend son âme, quand on fait des sacrifices humains, quand on appartient à des confréries noires, quand notre argent est sale, quand on fait des braquages ou encore des cambriolages, quand notre argent est sombre de provenance, le prix à payer, c’est la mort. Vous me direz que de toutes les manières on finira tous par mourir un jour. On mourra tous certes, cependant, comment sommes-nous morts ? C’est l’une des questions à se poser. Mais la question la plus fondamentale, c’est où ira notre âme après la mort ? Je ne vous demande pas forcément de croire au paradis ou encore à l’enfer comme moi, mais une chose est certaine, c’est qu’il y aura une vie après la mort. Il serait donc préférable de faire acte de contrition, que d’attrition. Ces deux mots riment certes, ont le même sens, mais une nuance très pertinente. En faisant acte de contrition, on a un regret vif et sincère des péchés que nous avons commis. Mais en attrition, on ne regrette rien, on demande juste pardon pour ne pas être victime de la sentence divine qui menace les pécheurs de notre genre. Et plus votre source d’argent est propre, mieux vous en profiterez sans conditions négatives. Tandis que l’argent sale est toujours conditionné et votre espérance de vie réduite. Vous mènerez une existence en proie à la menace de la mort à tout moment. Voici les dangers liés à la quête déraisonnée de l’argent comptant. Les parents de Marie Jeanne étaient fortunés, et de la meilleure des manières : par le travail, le dur labeur. C’est ce genre de richesse qui ouvre les voies du respect propre et du bonheur véritable. Toutefois, ils n’étaient pas des saints car ils étaient très introvertis, irascibles et pouvaient faire preuve d’une sévérité avoisinant parfois la méchanceté à l’endroit de leurs employés qui n’étaient d’ailleurs pas connus pour être les employés les mieux traités du coin. Malgré tout le travail qu’ils abattaient, toute l’énergie qu’ils dépensaient au quotidien pour que cette industrie de production de riz soit au meilleur de sa forme économique, leurs salaires n’étaient pas conformes aux efforts surhumains qu’ils fournissaient. On dit que l’ouvrier mérite son salaire. Celui qui ne travaille pas ne devrait rien avoir. Mais celui qui fait des efforts, qui mortifie son corps et son âme pour votre bien-être en travaillant dur pour vous, à celuilà, il faudrait lui attribuer un salaire digne de son labeur, digne de son mérite.