Chapitre II COUP DE FOUDRE OU RETROUVAILLE

4690 Mots
Chose promise, chose dû(e). Marie Jeanne et ses parents habituellement sédentaires, allaient effectuer un long voyage sur Grand-Bassam à sixcent-six kilomètres de la ville de Man. Marie Jeanne avait élaboré un plan très détaillé du voyage car elle ne voulait absolument manquer le paysage pour rien au monde. Surtout pas la colline en forme d’éléphant qui renfermait l’un des mythes les plus beaux du terroir ivoirien. Ils allaient donc traverser des villes comme Duékoué, Daloa, Yamoussoukro et faire escale à Abidjan avant d’atteindre Grand-Bassam. Ce trajet amphigourique et chronophage n’était pas de tout repos et encore moins simple à effectuer. Mais les parents de Marie Jeanne étaient prêts à tout pour voir le sourire aux lèvres de leur fille, même s’il fallait se taper treize heures de route sans répit. C’est donc à neuf heures et trente et une minute, qu’ils prirent le chemin pour se rendre à Grand-Bassam. Pendant ce temps-là, dans la ville de Bingerville, Isaac Koffi tentait d’établir une connexion téléphonique avec son père dans une cabine de la place. Connexion qu’il finit par établir tant bien que mal ! -      Allô ! Allô ! Père m’entends-tu ?  -      Oui mon petit Isaac je te reçois à présent, comment vas-tu ? - Je me porte bien père merci et chez vous ?  -      Ça va ici, tout le monde va bien… Tes frères sont là, ils te saluent… Vous êtes en vacance non ?  -      Oui père c’est justement pour ça que je vous appelle  -      Ah ! D’accord en tout cas, mes félicitations déjà… Continue sur cette lancée… Tu as très bien travaillé cette année, je suis fier de toi… Faut faire tu vas réussir oh! Toute la famille compte sur toi … Il faut bien te concentrer et avoir de bonnes fréquentations… Surtout la prière, il faut beaucoup prier -      Merci père. Je voulais aussi t’informer que je viendrai à Bassam ces temps-ci avec deux amis pour nous délasser un peu.  -      D’accord mon petit… Tu sais, c’est chez toi oh … donc tu peux venir comme bon te semble… Toi et tes amis, vous êtes les bienvenus !   -      D’accord Papa, je salue maman Nicole, portez-vous bien ! -      D’accord mon petit merci et porte toi bien pareillement ! Isaac était lui aussi très heureux d’annoncer cette bonne nouvelle à ses deux meilleurs amis, Grégoire et Cheick. Ensemble, ils font le point de leur fond commun, ce qu’ils avaient pu mettre de côté pour un bon petit séjour à Grand-Bassam. Bien évidemment, ce n’était pas grande chose. Juste de quoi payer le transport et prendre deux ou trois bons plats occidentaux comme du bon hamburger avec des frites et de la boisson gazeuse dans un bon et chic restaurant de la place. Comme ils n’avaient pas les moyens de se payer un hôtel pour leur durée de trois jours, ils dormiront au domicile d’Isaac, au quartier France. Comme quoi, même en ayant de maigres moyens, on pouvait aussi se faire plaisir en étant rationnel et sans chercher à vivre au-dessus des moyens que l’on possédait.      Douze heures plus tard, Marie Jeanne et ses parents arrivèrent à Abidjan. Elle fut surprise de voir une ville aussi belle, grande, peuplée et agitée. Il y avait du bruit partout, le trafic était dense, même à pareille heure car il était environ vingt et une heure. Son père avait remarqué que sa fille si cultivée était complètement dépaysée. Quoi de plus normal si depuis son enfance, elle résidait à l’intérieur du pays et que malgré l’extrême fortune que possédaient ses parents, elle n’avait jamais quitté Man. Comme il se faisait tard, ils firent escale à Cocody, selon leur programme pour se rendre le lendemain dans l’après-midi à GrandBassam. Quant à Isaac et ses amis, leur départ pour Grand-Bassam était prévu pour les deux jours à venir car parents et tuteurs étaient d’avis pour cette excursion amicale. Cette sortie avait pour but de les divertir mais aussi de resserrer les liens d’amitié entre ces jeunes garçons pour qu’ils soient encore plus solides que jamais. Isaac devenait nostalgique à l’idée de revoir ces vagues de plus de deux mètres s’écraser les unes après les autres sur les plages au sable fin, de patauger dans cette eau salée, de monter à cheval et galoper sur le sable du bonheur, quand il s’assoupit soudainement. Pendant son sommeil, il fut plongé dans un endroit mystérieux, sombre et vide avant de se voir déranger par une voix qui l’interpellait.  -      Isaac ! Isaac ! Pars à la recherche de ma bien-aimée, aime-la comme jamais tu n’as jamais aimé car à travers toi je la retrouverai et je l’aimerai à nouveau. Isaac ! Pars à sa recherche ! Pars ! Je te conduirai vers elle ! Retrouve-la !   Isaac se réveilla brusquement, le cœur battant la chamade et se rendit compte que ce n’était qu’un rêve, juste un cauchemar et rien de plus. Mais le rêve que l’on considère peu, s’avère être le moyen le plus efficace de prédiction des évènements. Nous n’en sommes pas conscients car peu d’entre nous sommes capables de les comprendre et de les interpréter. Pouvoir faire cela, était tributaire d’un don divin. Don qu’on ne pouvait enseigner dans les écoles ou universités.   Abidjan, été, mille-neuf-cent-quatre-vingt-dix-huit. Période des grandes vacances.   Le jour se lève, les oiseaux des fleurs poussent de petits cris agréables pour l’ouïe de Marie Jeanne. Une mélodie tellement douce et plaisante, qu’elle pourrait rester flanquer sur son lit à les écouter toute la journée. Son cerveau prit un peu de temps à redémarrer pour qu’elle s’aperçoive qu’elle n’était pas chez elle à Man mais plutôt dans un hôtel à Abidjan et que depuis la veille, elle n’avait pas vu ses parents. Elle se leva brusquement, sortit de sa chambre d’hôtel, se précipita vers l’accueil pour savoir dans quelle chambre ses parents étaient logés. Chambre quinze, lui répondit la réceptionniste avant d’ajouter que ses parents étaient sortis pour faire des courses et que son petit déjeuner lui sera gracieusement servi dans moins de cinq minutes.   Quelques minutes plus tard, après s’être préparée et copieusement gavée de nourriture, Marie Jeanne commençait à s’ennuyer. La télévision ne lui disait plus rien. Ses parents n’étaient toujours pas arrivés, ils avaient quand même mis du temps car il allait bientôt être midi et ils n’étaient toujours pas revenus de leur fameuse viatique de ce matin pour se rendre à Grand-Bassam. Quand soudain retentit le klaxon d’une Alfa Romeo 156 de mille-neuf-cent-quatre-vingt-dix-huit. Un klaxon que Marie Jeanne pouvait reconnaitre parmi tant d’autres… Et quoi de plus normal, cette voiture aux caractéristiques particulières appartenait à son père. Ce fameux monsieur, Dian Kokaleu Nestor, épris de voitures de luxe et d’autres gadgets de marque. Toujours à la pointe de la technologie et de la mode ! Marie Jeanne quant à elle, gigotait dans tous les sens. Une euphorie s’empara d’elle, à la simple idée qu’elle allait enfin voir la mer pour de vrai ! Ce vaste étendu d’eau salée qui avait des propriétés attirantes. Une véritable merveille de dame nature ! A travers la mer, on pouvait se rendre compte de l’étendue des pouvoirs grandioses que possédait le créateur de toute chose ! Une eau si vaste avoisinant l’infini dont on apercevait que le début mais jamais la fin comme le créateur de toute chose lui-même ! Une eau très agitée et plus profonde que dixmille puits qui foisonnait d’espèces saugrenues mais aussi effroyables les unes que les autres ! Et c’est ce qui attirait le plus Marie Jeanne, le mystère ! Elle ne perdit plus aucune minute, elle prit son sac de voyage et fila en direction de son père. -      Papaaa !  -      Dans mes bras ! -      Alors la mer c’est pour aujourd’hui ou pour demain ? Où est maman ?  -      Malheureusement, elle a un travail à faire avec ses étudiants. Elle nous rejoindra plus tard. Si tu es prête on y va - Je suis prête !  -      Très bien, attend moi dans la voiture juste le temps que je règle l’addition et on y va.  Marie Jeanne s’installa confortablement dans la voiture en attendant son père. Elle se demandait de quel côté du véhicule devait-elle s’asseoir pour ne rien manquer du paysage qui allait s’offrir à elle, quand son père arriva soudainement et démarra le véhicule.   La ligne Abidjan Grand-Bassam ne faisait que quarante-deux kilomètres pour environ une heure et trente minutes de route. Ils quittèrent la commune de Cocody pour la cité administrative du Plateau. Ah ! Cette belle cité qui détenait toutes les caractéristiques des villes des fils des terres glaciales ! Bondée d’immeubles et de tours impressionnantes, elle était. En plus de cela, l’ombre qu’offraient les arbres, ajoutait une touche d’originalité à la beauté de cette commune. On pouvait voir les étoiles briller dans les yeux de Marie Jeanne, tellement fascinée et séduite par cette cité moderne qui ne demandait qu’à être admirée à sa juste valeur. Au sortir de cette cité, il y avait le pont Félix Houphouët-Boigny. C’était un pont long de trois-cent-soixante-douze mètres qui se hissait au-dessus de la lagune Ebrié reliant Abidjan nord et Abidjan sud. Et après l’avoir traversé (le pont), se dressait fièrement devant nous la commune de Treichville. L’ancienne propriété de Treich-Laplène nous accueillait les bras grands ouverts. Les rues et avenues de cette commune d’Abidjan étaient très structurées et nombrées, contrairement aux autres communes de la capitale à l’époque. A l’achèvement de cette commune, s’apercevait Marcory et ses différentes zones industrielles. Marie Jeanne venait de voir pour la première fois une usine de torréfaction de café de la compagnie NESTLE. Elle était subjuguée par une bonne odeur de café grillé qui s’échappait de l’usine par le biais de son adjuvant le plus fidèle : le vent. Cette escapade était vraiment agréable, à croire que sortir un peu de Man était une bonne décision peut être même la meilleure décision qu’elle eut pris de toute sa vie. En quarante-six minutes, son père et elle n’avait parcouru que le quart du chemin car Grand-Bassam était encore loin. Il fallait encore traverser de grandes villes comme Port-Bouet et Gonzagueville, chose qu’ils firent en moins de trente minutes car le trafic était à présent dégagé. N’ayant plus de véhicules à l’horizon, Dian Kokaleu Nestor pouvait appuyer sur le champignon pour atteindre les quatre-vingt-dix kilomètres à l’heure. Mais à l’entrée de Gonzagueville, il se mit à ralentir afin de permettre à Marie Jeanne d’admirer l’Aéroport d’Abidjan- Félix Houphouët-Boigny. Encore estomaquée, fut-elle de voir de ses propres yeux cet aéroport mythique et ultramoderne de Côte d’Ivoire qu’elle ne connaissait que de nom. La stature des avions était assez impressionnante, surtout le bruit assourdissant que pouvaient émettre ces engins volants. Mais à part ça, il n’y avait plus grande chose d’extraordinaire à admirer tout au long du trajet. Juste une grande étendue d’eau bleue sur laquelle naviguait deux, trois bateaux, puis des cocotiers qui défilaient les uns après les autres sur des kilomètres et des kilomètres de bitume. Mais elle n’était pas déçue du voyage, bien au contraire, il avait tenu ses promesses.   Quelques minutes plus tard, Ils arrivèrent à Grand-Bassam. Marie Jeanne était en liesse. A un rond-point, elle aperçue une grande statue composée d’un groupe de femmes dont les expressions des visages incarnaient la révolte. Pour elle, c’était indubitablement un mémorial qui éternisait la victoire des femmes de Bassam sur les fils des terres glaciales : La fameuse et célèbre marche des femmes sur le pont de la victoire pour la libération de leurs époux. Et elle n’avait pas tort ! Elle conclut donc par intuition que le tout petit pont qu’elle et son père s’apprêtaient à franchir à bord de leur véhicule était sans doute le fameux pont de la victoire. Elle prit donc quelques clichés de ce pont très rapidement, histoire d’immortaliser ce moment que l’on pouvait qualifier de magique. Elle reflétait l’éthos du bon touriste car elle avait un bon coup d’œil, pouvait produire une bonne analyse des paysages et était dotée d’une main habile pour les capturer grâce à son appareil photo numérique de marque Casio Qv10.                                                                                                Dix minutes plus tard, ils étaient au quartier France. Et comme son nom l’indique, c’était dans ce quartier que les colons s’étaient installés. Ils en ont fait leur quartier général, leur base, leur France en miniature, le centre de la colonisation Bassamoise, le cœur de la souffrance des peuples aux alentours. Raison pour laquelle ce quartier de Grand-Bassam était riche en culture et en histoire. Il était d’ailleurs apprécié des touristes à causes des ruines datant de l’ère coloniale dont il regorgeait mais aussi pour ses monuments et infrastructures à coloration coloniale et religieux. De véritables legs de colonisation qu’on ne pouvait trouver qu’au quartier France ! Toutefois, ce quartier n’était pas aimé des touristes uniquement pour son passé mais aussi pour son présent et même pour son futur. En effet, il était bondé d’hôtels de renommé qui n’avaient absolument rien à envier à l’hôtel Ivoire d’Abidjan Cocody. Car ils étaient non seulement somptueux, mais également situés en bordure de mer, offrant ainsi à leur clientèle un accès aux plages et des couchés de soleils magnifiques entre ciel orangé et bleu de mer. C’est bien beau tout ça, mais ça coûtait assez cher. Ce plaisir était donc réservé à ceux qui disposaient de moyens pécuniaires importants. Mais pour les moins nantis, il y avait des maquis et restaurants sur les plages qui étaient adaptés à toutes les bourses. Marie Jeanne et son père séjournaient dans l’un des hôtels les plus classes, luxueux et surtout l’un des plus chers de la pace. Après s’être installée en chambre, elle se dirigea directement vers la mer. Le désir ardent qu’elle éprouvait pour ce chef-d’œuvre du grand créateur était presqu’indescriptible voire même incompréhensible et pouvait s’apparenter à de l’amour ! La plage était inondée de monde qui grouillait un peu partout. Toutes les classes d’âge et races humaines s’y étaient donné rendez-vous : les vieillards, les adultes, les jeunes, les adolescents et enfants ; Les noirs, les blancs et les jaunes se confondaient également. Un mélange profond, un brassage culturel et racial qui semblait montrer qu’au fond, nous sommes tous pareils ! Que nous partageons les mêmes centres d’intérêt ! Et que la diversité était même la source de notre beauté collective. La différence de chaque individu, c’est en cela que reposait l’esthétique de la divine providence. Seuls, les esprits forts pouvaient s’en apercevoir. L’union fait la force et la solidarité nous rend plus fort. Peu importe notre statut social, on aura toujours besoin de l’aide ou de l’apport des autres dans notre vie. C’est pour cette raison que même l’adjectif et nom commun « Seul » prend dans bien des cas un « S » à la fin. Pour dire que la vie était ainsi faite par le créateur lui-même. En effet, il s’était arrangé pour établir un lien de complémentarité entre les hommes. Il fallait que le plus petit lave le linge, afin que le plus grand vienne le faire sécher.     Marie Jeanne était un peu dubitative à l’idée de se jeter dans cette eau si vaste, si agitée, si impressionnante voire même si effrayante. Elle s’approcha de manière timide et fut rafraichi par la vague fugitive qui partait et revenait à chaque fois pour lui caresser les pieds. C’était si agréable une telle douceur, qu’elle fut enivrée jusqu’à ce qu’une vague plus imposante s’écrase sur elle. Surprise, elle n’eut pas le temps de fuir et était trempée jusqu’aux os. C’est à ce moment-là qu’elle sut que la mer était salée. Et s’écria :  -      Mais c’est salé !  -      A quoi t’attendais-tu donc ? C’est ta première fois de voir la mer ? Répondit un jeune homme  -      Effectivement ! Mais pourquoi cette eau est-elle aussi salée ?  -      On m’a dit un jour qu’un grand marchand d’épice et de sel voyageait avec ses marchandises dans un grand navire. Mais ce navire a chaviré, renversant toute la grande quantité de sel et d’épices qu’il possédait dans la mer. Au fil du temps et avec les vagues, l’eau est devenue homogène et salée.    -      C’est un mythe jeune homme ! Affirma le père de Marie Jeanne.  La véritable explication est d’ordre scientifique. Le chlorure de sodium dont dispose la mer émane en réalité des rivières qui s’y déversent. En effet, les rivières sont salées. Le sel des rivières ne se perçoit pas par le goût car il est en faible densité. Mais une fois que plusieurs écoulements de rivière se retrouvaient unifiés dans la même mer, leur concentration en sel devenait plus importante. Raison pour laquelle la mer est salée.  C’est après cette leçon de science que Dian Kokaleu Nestor invita sa fille à rentrer car le soleil allait bientôt se coucher.      Le soleil ayant troqué son manteau lumineux pour celui de la nuit sombre, Marie Jeanne allait passer sa première nuit à Grand-Bassam. Après avoir pris un repas copieux et assister à une séance cinématographique à la belle étoile, il était à présent temps pour elle de s’allonger dans les bras de Morphée. C’est dans ce sommeil profond et de qualité, qu’un étrange personnage semblable à une reine lui affirma ceci :  -      Mademoiselle ! ô que vous êtes belle !  -      Merci, c’est gentil ! Qui êtes-vous ? Rétorqua Marie Jeanne. - Je suis toi - Pardon !  -      Je suis toi et je vis en toi !  -      Vous êtes une reine ? -      Comme toi !  -      Mais moi je ne suis pas une reine, je suis juste une fille qui répond au nom de Marie  -      Oh si tu l’es ! Et en toi, je vis. Mon bien-aimé a traversé bien des siècles pour me retrouver. Il sera bientôt là ! Offre-lui un accueil chaleureux, nous l’aimons tu sais !  -      Moi je ne suis amoureuse de personne mais de qui parlez-vous ? Revenez s’il vous plait ! Non attendez ! Ne partez pas expliquezmoi !  Apres avoir proféré ces paroles, la fille aux traits de reine s’éloigna. Marie Jeanne tenta de la rattraper pour avoir plus d’informations, mais elle n’arrivait pas à la rejoindre malgré que la jeune dame marchait et qu’elle Marie Jeanne courait de toutes ses forces avant de se faire arrêter par des gardes royaux qui lui interdisaient d’aller plus loin. C’est à ce moment qu’elle sortit de son sommeil, toute apeurée. « Que se passe-t-il ? » se demandait Marie Jeanne il y a trois années de cela, elle s’était réveillée dans le corps d’un jeune homme. Et aujourd’hui, on lui annonce l’arrivée de son soi-disant amour. Ces deux phénomènes étaient-ils liés ? Elle ouvrit les fenêtres et admira la mer. Sous ce ciel lunaire, elle se posait mille et une questions : Qu’est-ce que l’avenir pouvait bien lui réserver ? Pourquoi tant de mystères ? Et surtout pourquoi elle ? Des questions dont les réponses brillaient par leur absence. Ne sachant plus quoi faire, elle se mit à prier dans l’espérance d’une suite favorable de la part de Dieu. Car elle Marie Jeanne, croyait au destin.       Deux jours étaient passés mais Marie Jeanne n’était toujours pas dégoûté d’admirer la mer. Elle prit une carte d’Afrique, histoire de se géo- localiser et s’aperçut que ce qui se dressait là sous ses yeux ébahis, ce qu’elle appelait la mer était en réalité l’océan Atlantique. Ce qui semblait l’attirer encore plus, c’était le fait de voir les espèces marines. Son objectif tout au long de ce séjour, était de voir au moins une tortue de mer et une pieuvre vivante. Elle rêvait de voir également une méduse et se demandait si cette espèce générait réellement du courant électrique ou si ce n’était qu’un mythe de ce célèbre animé intitulé « BOB L’EPONGE CARRE ». Mais pour ça, il fallait s’adresser aux spécialistes des plages : les pêcheurs. Et leurs zones de pêche étaient bien loin des plages hôtelières de luxe. Elle marchait sur la plage et bien évidemment sous la haute surveillance de son père, quand elle vit une petite espèce de crabe presque transparent. Elle voulut le capturer mais ce dernier s’échappa très rapidement dans un trou. Déçu fut elle, mais un jeune homme présent lui aussi sur la plage avait remarqué qu’elle portait une attention assez particulière pour ces petites bestioles qu’elle tenait tant à capturer, on ne sait pourquoi ? Plus que cette espèce de crabe n’était pas comestible ou devrais-je plutôt dire n’étaient pas consommé par les habitants de ces régions marines. Etant un expert, il saisit une de ces bestioles très rapidement et la lui offrit. Ce jeune homme en question, c’était Isaac Koffi et quand son regard et celui de Marie Jeanne se croisèrent, une onde de choc électrique les traversa simultanément, allant jusqu’à leurs cerveaux pour stimuler la région de la mémoire et des souvenirs apparaissaient. Des souvenirs d’ordre amoureux qui laissaient voir de part et d’autre les images d’un roi et d’une reine s’amourachant sous un arbre près d’un marigot. Mais aussi d’autres scènes où c’est deux personnages amoureux jouaient et s’éclataient de bonheur, de joie et surtout d’amour. Des souvenirs qui dataient d’une ère très reculée de celle actuelle. Ils avaient des souvenirs de personnes autres qu’eux-mêmes. Et après ce moment intense de flash-back, Isaac reconnut ce visage sous ses yeux. Oui ! C’était bien ce visage qu’il avait vu il y a trois ans de cela dans le miroir de cette chambre avant qu’il ne plonge dans le coma. Cette fille ! C’était dans sa chair qu’il s’était réveillé ce fameux matin.  -      Est-ce toi dont on m’a annoncé la venue ? Demanda Marie Jeanne - Toi ! Je t’ai déjà vu ! Je me suis une fois réveillé dans ton corps - Tu es Isaac ?  -      Comment connais-tu mon prénom ?  Tracassé par cette scène assez déplaisante, Dian Kokaleu Nestor se dépêcha de rappeler sa fille à l’ordre.  -      Marie Jeanne ! Ne t’ai-je pas dis de ne point parler aux inconnus ? Reviens, on rentre ! Marie Jeanne accourra immédiatement vers son père. Isaac quant à lui, frustré et bouleversé, prit la fuite en direction de ses amis pour leur expliquer ce qui se passait. Eh oui ! Comme prévu, les deux jours qui ont suivi l’arrivée de Marie Jeanne, Isaac, Grégoire et Cheick avaient quitté Bingerville pour Grand-Bassam. Ils séjournaient chez les parents d’Isaac juste derrière le marché de Palaiseau. Après avoir pris un bon déjeuner, ils partaient se baigner avant qu’Isaac ne décide d’aider Marie Jeanne à capturer ce minuscule crabe.                                                              Une fois près de son père, Marie Jeanne déclara à ce dernier qu’elle n’avait pas rêvé la dernière fois et qu’elle n’était pas frappée par une maladie inconnue. Ce fameux jour, elle s’était bel et bien levée dans le corps d’un jeune homme. Et que ce jeune homme en question, était celui à qui elle adressait la parole il y a quelques minutes. Ce jeune homme se souvenait lui aussi de ce fait étrange. A croire qu’ils avaient échangé leurs corps ce fameux jour. Isaac de son côté, racontait la même chose à ses amis. Ces derniers étaient catégoriques, il fallait tout faire pour qu’il puisse revoir cette fille afin de tirer les choses au clair. Même si cela n’allait pas être une tâche aisée car l’attitude de son père montrait bien qu’il serait un obstacle véritable à cette nouvelle rencontre. On se demandait même s’il allait laisser sa fille sortir à nouveau.  -      Je t’ai déjà dit d’oublier ce fameux jour. Tu t’es réveillée dans son corps et alors. Ce genre de phénomène paranormal est monnaie courante dans ce monde. N’en fais pas non plus tout un plat ! Oublie et passons à autre chose.  -      D’accord père. Répondit Marie Jeanne.       Le lendemain, Isaac tournait aux alentours des plages, espérant revoir Marie Jeanne. Cette jeune fille mystérieuse. Il avait été tracassé toute la nuit en rêve par un certain roi qui exprimait clairement son mécontentement l’accusant d’avoir échoué à sa mission, d’avoir laissé partir la fille qu’il avait tant poursuivie et ce durant des siècles.                  En plus de cela, Isaac ne faisait que penser à la question que lui avait posée Marie Jeanne : « Est-ce toi dont on m’a annoncé la venue ? ». Qui pouvait s’avoir qu’il venait à Grand-Bassam ? Qui était cet individu qu’il avait en commun avec cette demoiselle pour qu’il lui divulgue des informations à son sujet ? Qui lui avait dit son nom par exemple ? Qui était cette fille ? Et surtout pourquoi se sentait-il autant attiré par elle ? Elle était ravissante, à la peau douce et reflétait l’opulence mais il ne l’a connaissait pas réellement ou assez pour tomber amoureux d’elle. Seraitce par hasard un coup de foudre pour cette charmante demoiselle aux seins mûrs saveur mangue, à la taille majestueuse, à la peau sombre éclatante semblable au chocolat huilé des maîtres suisses et aux courbes dignes de femmes africaines ? Pourquoi dès qu’il l’eût vu, ses pensées furent pleines de souvenirs qui n’étaient pas les siens ? Cette fille avaitelle aussi vu les mêmes choses que lui ? Ces interrogations le rongeaient. Il fallait absolument qu’il revoie cette fille afin de résoudre ce mystère. Mais ses efforts étaient vains car après maintes promenades sur les plages huppées du quartier France, cette fille mystérieuse, il ne l’avait plus jamais revu et ce jusqu’à la fin de son séjour à Grand-Bassam. La déception l’avait envahi. Ses amis essayaient de lui remonter le moral comme ils pouvaient mais il n’y avait rien à faire, il était toujours en proie à la mélancolie. De retour à Bingerville, il prit la ferme résolution de l’oublier, d’oublier ce jour maudit, d’oublier cette histoire énigmatique, de passer à autre chose et surtout de se concentrer sur son réel objectif : ses études. Une décision facile à prendre mais dure à appliquer. Il était en vérité frappé par un chagrin d’amour. Oui ! Il était amoureux de cette fille farfelue. Le chagrin d’amour, parce qu’il ravive des angoisses est toujours difficile à vivre. Pour des scientifiques et sexologues, le deuil de l’être aimé serait limité à une période d’environ six mois mais pour notre cas, je pense qu’il semblait durer toute une éternité. Marie Jeanne de son côté n’était pas sentimentalement intacte non plus. Elle était elle aussi très affectée car elle était éprise du jeune Isaac. Et depuis son retour à Man, elle ne faisait que penser à lui. Son sommeil était également troublé par cette reine mystérieuse qui lui en voulait sérieusement. Car elle n’avait pas fait ce qu’elle lui avait demandé. Trop veule, elle ne put défier et même avec subtilité l’autorité de son père malgré que ce dernier cédait au moindre de ses caprices.                                                                                                      Un effort surhumain fut donc réalisé des deux côtés afin de mener une existence paisible. Tout était rentré dans l’ordre et la vie pouvait suivre son cours.          Les jours passaient, défilaient, le temps quant à lui, véritable médecin atypique soignait les blessures à sa manière, avec ses propres méthodes de guérison certes lentes mais plus efficaces que celle des hommes. Il avait cette capacité à soigner même des douleurs métaphysiques. Guéri de ses peines de cœur, Isaac pouvait à présent se focaliser sur ses études. Le fruit d’un travail effectué avec effort et grandeur d’âme c’était le succès. Et ce succès le suivait dans toutes les classes qu’il fréquentait. C’était un élève brillant avec une capacité de compréhension, de rétention et de cognition nettement élevée. Et cette année-là, en l’an deux-mille, il allait quitter le niveau d’étude secondaire pour celui du supérieur à une seule condition : celle d’obtenir le Baccalauréat. Il ne se rendait quasiment plus à Grand-Bassam lors des grandes vacances de peur de se retrouver nez à nez avec Marie Jeanne car pour lui, elle vivait dans cette ville. Et Lorsqu’il y mettait les pieds, il ne fourrait pas le bout de son nez hors des quatre murs de sa maison. Lui, personnage extraverti, avec la folie des grandeurs, le plus grand des baladeurs était devenu casanier les rares jours où il foulait le sol Bassamois.        
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