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342 Mots
3Lucas s’avança vers ses hôtes, comme un automate. Ceux-ci le scrutèrent, le jaugèrent, semblaient soupeser dans leur esprit tout le profit qu’ils pourraient tirer de la situation, si périlleuse fût-elle, et tous les inconvénients aussi qu’elle présentait. Mais, quand le vin est tiré, comme on dit… Et là, l’occasion était trop belle, elle n’était pas près de se représenter. – Alors, mon garçon, comment t’appelles-tu ? lui demanda la femme d’un ton doucereux. Lucas ne répondait pas, figé comme un mannequin dans cet espace inconnu. – Alors, il faut te le dire comment ? reprit-elle, déjà beaucoup moins aimable. Tu sais que sans nous, tu serais déjà crevé de froid à l’heure qu’il est ? Alors, tu ne dis pas merci ? Lucas s’obstina dans son silence, ce qui exaspéra davantage la femme, qui ne pouvait supporter qu’on lui résiste. Surtout un gamin de son âge. – Bon. Eh bien, écoute ! Si tu veux qu’on te foute la paix, tu vas l’avoir. Mais nous, avant, on aimerait bien savoir comment tu t’appelles et d’où tu viens. Lucas baissa les yeux. Le dos voûté et les épaules rentrées, il cherchait à se faire le plus petit possible. Il aurait voulu simplement demander la permission d’évoluer comme ce chat au milieu de la cuisine, que personne n’inquiétait, et qui n’attirait l’attention de personne non plus. Mais lui, c’était tout autre chose ; il l’attirait, l’attention, et d’une manière particulière. Pour la première fois depuis le début de cette aventure, il eut envie de rentrer chez lui. La femme semblait mener le bal. L’homme restait de marbre, avec une expression inerte sur le visage. Elle rendit enfin sa sentence : – Écoute-moi bien. Tant que t’auras pas craché le morceau, tu ne mangeras rien, tu resteras enfermé là-haut, tu ne verras personne ; tes parents, faut même pas y penser. Tu comprends, personne sait que tu es ici. Alors, que tu y restes quelques jours de plus ou de moins, ça ne fait pas de différence. Personne ne viendra te chercher, tu comprends ça, gamin ? T’as intérêt à tout nous dire rapidement. Sinon… Sa voix se chargea d’une menace discrète, laissée à l’appréciation de qui voudrait bien comprendre. – Allez dégage maintenant, finit par lâcher l’homme. On t’a assez vu. Tu remontes là-haut et tu te fais discret. On viendra te voir demain matin.
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